Sir Alex plus fort que Sir Matt

Sir Alex Ferguson a confié sa surprise en apprenant qu'il battait aujourd'hui le record de longévité à la tête de Manchester United. Il dépasse ainsi le légendaire Sir Matt Busby.


Le Boss des Red Devils est effectivement en place depuis 24 ans, 1 mois et 14 jours. Un chiffre exceptionnel que l'intéressé lui-même admet n'avoir jamais pensé effleurer.

"Je suis étonné. Je dois reconnaître que c'est une chose à laquelle je n'ai jamais pensé. Je pensais que Sir Matt Busby était éternel, d'ailleurs il est toujours ancré dans nos mémoires. Il a commencé à la fin de la seconde guerre mondiale et est allé jusqu'à la victoire en Coupe d'Europe en 1968", a-t-il déclaré.

"Sa carrière semble être beaucoup plus longue que la mienne. Bien sûr, il y a une dimension émotionnelle plus importante en ce qui le concerne. Il a dû reconstruire l'équipe après Munich. Je n'ai pas eu affaire à ce genre de tragédie. C'est pourquoi on a l'impression qu'il a toujours été là, car le souvenir est toujours très présent."

Les similitudes entre les managers de légende sont évidentes : tous deux sont des personnes strictes en matière de discipline et ont la même soif de réussite. Ce sont également des Écossais, mais Sir Alex tient à souligner une différence majeure entre lui et son prestigieux mentor.

"Sir Matt était beaucoup plus calme que moi ", concède-t-il. "Nous avons des caractères et des personnalités différentes. Les Écossais ont toujours l'envie de bien faire, quoi qu'il arrive. Ils voyagent beaucoup et recherchent toujours la quintessence. Je suis venu ici avec un seul objectif : réussir."

"Le conseil le plus important qu'il m'ait donné ? Ne pas lire la presse. Je ne l'ai pas lue depuis."


Ce record est l'occasion pour Sir Alex de se tourner vers le passé afin de retracer sa carrière à ce jour.

"Liverpool était le club le plus fort d'Angleterre lorsque je suis arrivé dans les années 80. C'est ce qui m'a motivé. C'était mon défi."

"Les anciens joueurs ? J'ai toujours demandé à ce qu'ils restent dans le staff une fois leur carrière achevée. Nous avons introduit quelques ambassadeurs car je voulais garder tous nos grands joueurs autour du club."

"J'avais Sir Bobby Charlton auprès de moi et Sir Matt également. C'était les personnes les plus à même de comprendre la dimension historique de Manchester United. Les avoir avec moi m'a été très utile pour assimiler mon rôle de manager."

"Cette politique est assez rare. Mon modèle à ce niveau fut le Bayern Munich qui montrait l'exemple dans la manière de gérer un grand club. La direction du Bayern dénombre plusieurs anciens joueurs qui comprennent son système de fonctionnement et je voulais la même chose à Manchester United."


Mais Sir Alex ne s'arrête pas là et nous raconte pourquoi une telle histoire d'amour.

"C'est parce que nous avions la même conception des choses. Je leur avais expliqué mon désir de développer la filière de la jeunesse et nous nous sommes tout de suite compris."

Mais le Néo-Recordman ne souhaite pas se complaire dans la nostalgie.

"Ce n'est pas à moi de définir ma place dans l'histoire de Manchester United. Ce qui compte le plus pour moi à l'heure actuelle, c'est de bien préparer mes joueurs pour les matchs à venir."

Selon la croyance populaire, le manager des Red Devils a failli être licencié en 1990. Au club depuis presque quatre ans, Sir Alex n'avait en effet toujours rien gagné et il se trouvait en position inconfortable. Il se serait retrouvé sur un siège éjectable lors du match de FA Cup contre Nottingham Forest. Mais grâce à un but de Mark Robins, United se qualifia pour le prochain tour et finit par soulever le trophée à Wembley, le premier pour Fergie.

Un récit toutefois réfuté par Sir Bobby Charlton, membre du Conseil depuis l'arrivée de Ferguson.

"Ce sont les médias qui souhaitaient cela", déclare-t-il. "S'il avait été mis à la porte, cela aurait constitué une bonne histoire pour eux."

"Ils se focalisaient trop sur le passé. Si un Manager échouait, il devait s'en aller. Mais en coulisses, Sir Alex avait déjà réussi. Personne ne remettait en cause son avenir au club."


Aux yeux de Charlton il était primordial d'accorder assez de temps à Ferguson pour mettre en place son projet. Durant l'intervalle de 15 ans entre la fin du second mandat de Sir Busby et l'arrivée de Sir Alex, les Red Devils n'avaient pas gagné le moindre titre de champion et avaient employé quatre managers différents. Une hérésie. Un retour à la stabilité s'imposait.

"La moitié des problèmes vient du fait que les gens se débarrassaient trop vite de leurs managers", poursuit Sir Bobby Charlton. "Et nous ne souhaitions pas commettre à nouveau cette erreur nous-mêmes."

"Nous n'étions pas constamment derrière Sir Alex lorsque l'équipe s'inclinait. Et lui-même ne ressentait aucune pression, comme s'il savait que la victoire finirait par lui sourire."

"C'était évident que le succès lui tendait les bras, il était donc inutile de le critiquer. Même si nous avions perdu à Nottingham ce jour-là, Sir Alex n'aurait pas bougé de United."

"La suite était connue de tous, déjà à l'époque",
conclut la légende mancunienne.



Sur le forum