Club Bruges KV : confrontations primordiales

  Ce mardi 18 août 2015, Manchester United fera son retour sur la scène européenne après une année de purgatoire, conséquence des résultats sportifs désastreux de la saison 2013/2014 sous le règne de David Moyes. Cette double confrontation face aux belges du Club Bruges KV revêt une importance capitale à plus d’un titre. De là à dire qu’il s’agit de deux matchs cruciaux pour le futur de Manchester United, il y a un pas...qu’il est permis de franchir.

 

LE RISQUE EXISTE-T-IL ?

Clairement, ce tirage au sort n’est pas le pire pour MU qui aurait pu avoir à faire face à la solidité d’une Lazio ou la jeunesse euphorique de Monaco. Dans ce contexte, et vu les enjeux de cette double confrontation, tomber sur le Club Bruges KV est un moindre mal.

Rappelons tout de même que le FC Bruges en 2003/2004 élimine le Borussia Dortmund au tirs au but au terme de deux rencontres très serrées. Cette même année, Chelsea passe l’obstacle Zilina (5-0 sur l’ensemble des deux confrontations).

En tour préliminaire, lors de la saison 2004/2005, Anderlecht élimine Benfica. Les autres grands (Réal, MU, Inter, PSV, …) se qualifieront sans trembler.

Le FC Bruges accède à la phase de poule de ligue des champions saison 2005/2006 en éliminant les norvégiens de Valerenga.

Lors de la saison 2010/2011, le FC Séville se fait sortir par les modestes portugais de Braga.

Peu de surprises lors de ces phases de barrages, les grands se sont toujours qualifiés et il n’y a jamais eu "d’accident industriel". Si MU ne passe pas ce tour, on oubliera vite que les conditions de tirage au sort ont changé. Sportivement, historiquement et si on compare la qualité des équipes, MU doit passer. Reste maintenant l’incertitude du sport.

 

REDORER LE BLASON "UNITED"

Le départ de sir Alex Ferguson - entraîneur emblématique du club -, une saison 2013/2014 où le club termine à la 7ème  place de son championnat sous les ordres de son successeur, une année sans Ligue des Champions et une saison mitigée malgré l’arrivée du célèbre Louis Van Gaal aux commandes, auront suffit à changer l’image du club. "Absence de stratégie sportive, recrutement hasardeux, club du passé, manque d’ambition…" : critiquer MU est devenu un véritable défouloir pour les amateurs de football pressés de voir leurs clubs favoris prendre la place laissée vacante.

Pourtant depuis 10 ans, Manchester United en Ligue des Champions c’est :

  • Saison 2004/2005 : 1/8ème de finale (éliminé par le Milan AC)
  • Saison 2005/2006 : Éliminé en phase de poule
  • Saison 2006/2007 : 1/2 finaliste (éliminé par le Milan AC)
  • Saison 2007/2008 : Vainqueur
  • Saison 2008/2009 : Finaliste (Battu par le Barça)
  • Saison 2009/2010 : 1/4 de finale (éliminé par le Bayern)
  • Saison 2010/2011 : Finaliste (Battu par le Barça)
  • Saison 2011/2012 : Éliminé en phase de poule
  • Saison 2012/2013 : 1/8ème de finale (éliminé par le Réal)
  • Saison 2013/2014 : 1/4 de finale (éliminé par le Bayern)

Sur les 10 dernières participations, United a gagné 1 fois le trophée, joué 2 finales, 1 demi-finale et 2 quarts de finale. On a vu pire.

Mais pour un joueur, Manchester United n’est plus le gage de stabilité (titre, présence régulière en C1) qu’il était autrefois, du temps du règne de Ferguson. C’est aujourd’hui un pari un peu plus risqué, d’autant plus que Louis Van Gaal n’est pas réputé pour être un homme très pondéré, et que certaines équipes n’hésitent plus à surpayer des joueurs (City, PSG).

Franchir le cap "piégeux" des matchs de barrage permettrait au moins à Manchester United de figurer à nouveau parmi les meilleures équipes européennes. Revenir en Ligue des Champions donnerait à United le pouvoir de retrouver son rang aux côtés du Barça, du Réal et autres Bayern... Une façon de s’étalonner et de remettre le cours de l’histoire à l’endroit. Il est tellement plus facile de se proclamer plus grand club en Europe que MU quand ce dernier n’a pas participé à la précédente édition.

 

VALIDER LA STRATÉGIE DU CLUB

Le départ de Sir Alex Ferguson associé à la mise en retrait de David Gill aura décapité la tête pensante de Manchester United. Ed Woodward, nommé pour prendre la place laissée vacante par Gill, a du faire face à plusieurs chantiers.

Au niveau administratif :

Le club s’est réorganisé (départ de Michael Bolingbroke, l’un des grands artisans du contrat ADIDAS) et les efforts ont surtout été dirigés vers le développement commercial. L’absence de revenus générés par la Ligue des Champions a obligé le club à rechercher et à compenser cette perte. Le modèle économique de Unied est également basé sur une participation régulière à la Ligue des Champions. Le club peut-il faire face à deux saisons consécutives loin de la scène européenne ?

Au niveau sportif :

une bonne partie du staff de l’ère Ferguson a quitté le navire, du kiné à René Meulensteen qui était un élément prépondérant dans la préparation de l’équipe. Bien des choses ont été modifiées au niveau du centre d’entraînement. Ces changements, maintenant bien en place, doivent être validés sur le terrain par un retour du club en Ligue des Champions. C’est également l’examen de passage pour un board qui a choisi Louis Van Gaal comme l’entraîneur capable de ramener le succès à Old Trafford.

 

LE DÉFI DE LOUIS VAN GAAL

Louis Van Gaal suscite de plus en plus d’interrogations chez les supporters et les experts. Il a dilapidé une partie du crédit qui lui était accordé à son arrivée. La quatrième place conquise la saison passée et l’irrégularité de l’équipe ont déçu les habitués des travées de Stretford End. Clairement, il a assuré le minimum syndical qui lui était imposé, mention "juste passable", se contentant en fin de saison d’un schéma tactique assez simpliste basé sur le physique de Fellaini.

La déception de la saison passée est à mettre en rapport avec les investissements effectués sur les Blind, Rojo, Di Maria… Il avait le "matériel" à sa disposition pour faire bien mieux.

Ses choix tactiques laissent également penser qu’un an après son arrivée, il n’a toujours pas trouvé la bonne formule. De l’utilisation de certains joueurs à des postes où ils n’exploitent pas toutes leurs qualités (Mata, Memphis, Januzaj…) à un schéma tactique hésitant, MU manque de certitudes à l’aube de ce barrage décisif.

Son management est également pointé du doigt. Le départ de Di Maria, qui illustre une certaine approximation dans la gestion sportive, est certainement dû en partie à ses rapports avec le boss. D’autres cas sont là pour illustrer les rapports conflictuels que Louis Van Gaal entretient régulièrement avec une partie de son vestiaire (Valdes, Chicharito, Van Persie, Rafael…).

Débarrassé des joueurs "héritiers" de Ferguson tels que Van Persie, Rafael, Nani, Anderson, Cleverley…, il a eu les coudées franches pour dessiner un effectif à la mesure de ses besoins. Peu lui pardonneraient un échec à ce stade de la compétition. N’hésitons pas à le dire, jamais il n’a eu autant de libertés. Si MU butait sur l’obstacle belge,  la crédibilité de Van Gaal en souffrirait. De là à imaginer qu’il soit débarqué ?

 

L’ESPOIR DES SUPPORTERS

Les joueurs et les entraîneurs ne sont que de passage. Reste le club et ses supporters. Les supporters de Manchester United resteront quoiqu’il arrive. Une défaite engendrerait probablement une baisse des revenus issus du merchandising généré par quelques supporters d’opportunité.

Le risque pour les supporters tendrait à la souffrance. La souffrance de ne pas être invité à la fête.

Une année supplémentaire sans entendre les haut-parleurs d’Old Trafford cracher la célèbre musique de la Ligue des Champions, à se contenter d’un match par semaine serait difficilement vécu par les supporters.

Bien des clubs ont connu des hauts et des bas. Le Barça n’a pas toujours été conquérant en Ligue des Champions. Il a du attendre 1992 et le coup-franc de Koeman face à la Sampdoria pour remporter la compétition pour la première fois. Il remportera la seconde en 2006, quatorze ans après. Entre deux, ce sont les errances des années Robson, Van Gaal, Serra Ferrer. Le Réal a attendu douze ans avant de conquérir sa décima, de même pour le Bayern. Le point commun de ces clubs est d’avoir toujours eu une certaine constance au niveau européen, en étant chaque année qualifiés en Ligue des Champions.

Pour les supporters, cette qualification est un point de basculement. Être l’égal des grands, ou devenir le nouveau Liverpool, irrégulièrement présent en C1.

 

CONCLUSION

Les enjeux de cette double confrontation sont donc multiples : sportifs, organisationnel, managérial et économique. La qualification validerait les changements opérés par le club depuis le double départ Gill/Ferguson et chasserait les doutes liés à cette nouvelle ère. Faisons un peu de prospective :

MU passe l’obstacle belge et se retrouve grand parmi les grands. Il suffirait de peu pour que la phase de transition soit terminée. Un bon parcours en Europe et un podium en championnat redonnerait au club ses lettres de noblesse. "Manchester United is back" crieraient en cœur ses plus fervents supporters. Toutes les fondations seraient posées pour l’après Van Gaal qui devrait quitter le club en 2017.

A contrario, imaginez MU à l’aube d’accéder à la plus prestigieuse des compétitions de clubs. Quel serait l’aura du club après cet échec et ces deux années consécutives sans Ligue des Champions ? Comment attirer des joueurs ? Le modèle économique de MU y survivrait-il ? Cela donnerait des arguments faciles aux détracteurs du club et, pour faire simple, MU se verrait confronté à la plus grave crise de ses 30 dernières années. A n’en pas douter, ces deux matchs sont parmi les plus cruciaux de l’après Ferguson.

 

 

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