La route vers les étoiles [2]

L'année 2007 touche à sa fin, et après un début de saison très compliqué, voilà United revenu au sommet de la hiérarchie nationale et qualifié pour les huitièmes de finale de la Champions League. Le plus dur reste à venir à présent.


Et les Red Devils ne finiront pas l'année de la meilleure des façons. Une défaite à West Ham, qui verra notamment Cristiano Ronaldo manquer un penalty, rétrograde à nouveau Sir Alex et les siens à la seconde place. Heureusement, la route à parcourir est encore longue, et les Mancuniens réagiront de la meilleure des manières, notamment en étrillant Newcastle United à Old Trafford sur un score de tennis, 6 buts à 0! Le premier hat-trick de la carrière de notre numéro 7 vient illuminer ce qui sera la plus large victoire de MU cette saison.

United est à nouveau devant. Contrairement à la saison 2006-2007 où l'équipe avait dominé de bout en bout, se classant en tête durant la quasi-totalité de la saison, la lutte promet d'être chaude. Cela se confirmera au début du mois de février, un mois marqué par l'hommage aux victimes du crash de Munich survenu 50 ans plus tôt. Si Carlos Tevez parviendra à sauver le point du match nul sur le terrain de Tottenham à la 94e minute, rien ne pourra en revanche sauver la face lors du derby de la commémoration. Battus 2-1 au Théâtre des Rêves qui portait bien mal son nom pour le coup, les Mancuniens ne se montrèrent pas à la hauteur de l'événement. Et laissèrent du coup Arsenal reprendre les commandes.

Espoirs, désillusion...

Mais depuis la fin de l'année 2007, United a également participé à deux autres compétitions, à savoir les deux coupes nationales. On va vite passer sur la Carling Cup, qui fait figure de consolante et dans laquelle Fergie a laissé figurer son équipe réserve face à la modeste formation de Coventry City... qui s'imposera à Old Trafford face à nos jeunes pousses pourtant si prometteuses! En FA Cup, le tirage au sort toujours si clément nous opposa à Aston Villa puis Tottenham qui ne nous firent néanmoins pas d'ombre, défaits respectivement 2-0 et 3-1.

Parmi les joueurs, le staff, les supporters, les souvenirs de la fantastique année 1999 revinrent alors de plus belle. Saison après saison, le triplé revient à grands pas dans nos esprits, et cette année n'est en rien différente, alors que United reste en jeu dans les trois compétitions les plus importantes. Mais deux obstacles de taille sont à écarter pour réaliser cet exploit : l'Olympique Lyonnais, comme nous le disions précédemment, en Coupe d'Europe, et les Gunners en FA Cup. Rien n'est joué, et après les deux dernières prestations décevantes en Premier League, on aborde ces matchs prudamment côté mancunien.

Et pourtant... Les Wenger Babes (un pitoyable surnom donné par les journalistes français qui ont sans doute pensé pouvoir comparer la formation londonienne à la formidable génération 56-68 emmenée par Matt Busby) ne firent pas un pli face aux assauts des Reds. Improbable héros du jour, l'Ecossais Darren Fletcher si peu utilisé par le Gaffer jusque ici inscrivit un doublé dans notre fantastique victoire 4-0. 4-0, face aux leaders du championnat : exceptionnel! Et la route se libère un peu plus jusqu'à la finale.

Plus de doute à présent dans nos esprits : Lyon ne fera pas un pli! Le match aller à Gerland, auquel plusieurs Manchesterdeviliens et Manchesterdeviliennes eurent la chance d'assister depuis l'enceinte lyonnaise, nous donnera pourtant bien des frissons, et là encore c'est Carlos Tevez qui sauva les nôtres en égalisant à 1-1 à quelques minutes de la fin. Heureusement le retour fut plus tranquille, Alain Perrin ayant décidé de venir pour jouer le 0-0, et Ronaldo nous qualifia pour les quarts.

Néanmoins, le rêve du triplé s'éteignit quelques jours après, et ce d'une façon assez étonnante. Ce match comptant pour les quarts de finale de la Cup contre Pompey, qui plus est à Old Trafford, ne devait pas poser tellement de problèmes. Et pourtant... La sortie d'Edwin van der Sar à la mi-temps ne laissait déjà rien présager de bon, même si on ne doutait pas de la qualité de Tomasz Kuszczak. Malheureusement, celui-ci se rendit coupable d'une sortie peu avisée dans les pieds de Milan Baros en deuxième période après avoir été totalement abandonné par sa défense : carton rouge, penalty pour les visiteurs à 10 minutes de la fin avec Rio dans les buts. Espoir de triplé, espoir envolé. A nous à présent de faire preuve de force morale pour l'emporter en championnat et en Europe.

It's money time!

United revient alors aux affaires courantes (le championnat) avec un déplacement à priori facile à Derby County, en passe de battre un record européen de médiocrité. Les choses ne se passeront pas aussi facilement que prévu et il faudra là encore que Cristiano Ronaldo nous sauve la mise pour prendre les 3 points en fin de seconde période. Au terme de la 30e journée, Manchester United revient en force et s'empare (encore!) de la pôle position. Cette fois, plus question de la lâcher! A ce moment de la saison, cela pourrait être fatal.

Et les Red Devils ne sont pas prêts de faillir si on en croit les trois matchs qui suivirent. Bolton, battu 2-0, mais surtout Liverpool, qui en a pris 3, et Aston Villa, défait 4-0 dans ce qui restera comme un des matchs les plus aboutis de cette campagne 2008, pourront certainement en témoigner. Avec de telles performances, les Red Devils s'acheminent doucement mais sûrement vers leur 17e couronne nationale. Et ce n'est plus Arsenal qui menace, mais les Blues de Chelsea et leur entraîneur israélien Avral Grant, discrets jusque là mais qui ont pris la mesure de la situation et foncent maintenant à toute vitesse sur nous.

La rencontre qui arrive face à Arsenal est donc déterminante. A Old Trafford, la victoire est obligatoire pour ne pas laisser Chelski s'approcher trop près. Les protégés de la presse française, euh pardon, d'Arsène Wenger ouvriront bien le score, mais après une main de Gallas dans la boîte, Ronaldo convertira le penalty de l'égalisation. C'est finalement Owen Hargreaves qui nous offre les trois points d'un très joli coup franc à 20 mètres. Plus que 4 matchs à jouer, Chelsea est à 5 points, tout va pour le mieux. Pour l'instant.

Car la fin de championnat s'annonce chaude. Il y a ce match à Stamford Bridge pour le compte de la 36e journée qui est dans toutes les têtes. Mais il y a d'abord cette rencontre à Blackburn que les Reds ne doivent absolument pas perdre sous peine de laisser à Chelsea la chance d'être maîtres de leur destin. Et ça s'annonce mal étant donné que les bleu et blanc ouvrent le score, mais notre homme providentiel Carlos Tevez, en égalisant en toute fin de match, nous offre un point inespéré et nous replace à 3 points de nos rivaux ru... londoniens. Et ce but, que l'on savait déjà importantissime, prouvera qu'il l'est encore plus lorsque Michael Ballack marquera les 2 buts de la victoire face à nous, permettant aux Blues de revenir à égalité de points.

Mais les protégés de Sir Alex Ferguson ayant eu la bonne idée de marquer un nombre conséquent de buts et de n'en encaisser que très peu jusque là, nous serions champions en cas de victoire lors des deux dernières journées. Bon évidemment, Avram Grant a bien essayé de la jouer à l'intox en mettant la pression sur nos derniers adversaires West Ham et Wigan pour bien les surmotiver...

En Ligue des Champions, retour à la case Roma après les quarts de finale de la saison précédente et les matchs de poule 2007-2008... Cette fois, c'est promis, ils prendront leur revanche! Ou pas. Ronaldo et Rooney à l'aller, puis Tevez au retour, forcèrent le passage en demi-finales. Le dernier carré nous verra hériter du FC Barcelone, que nous avons rencontré la dernière fois en... 1998-1999. Cette année-là, 3-3 à l'aller, 3-3 au retour, on connaît en plus le jeu séduisant de Man Utd et les individualités du Barça : ça va sérieusement donner.

Mais alors que l'on joue la 2e minute au Camp Nou dans le match aller, l'incroyable se produit. Cristiano Ronaldo hérite d'un penalty pour une main de Milito dans la boîte blaugrana. Si beau, si vite. Trop beau, trop vite peut-être. Le Portugais se loupe complètement et envoie son tir à côté. Le score final sera un piètre 0-0. Que se serait-il passé s'il avait marqué? Notre qualification serait-elle déjà sur les bons rails? Autant de questions qui passent dans nos esprits au moment d'aborder le retour à Old Trafford, qui s'est paré de ses plus beaux atours pour l'occasion, pour envoyer les siens à Moscou.

Et comme un symbole, c'est Paul Scholes, héros malheureux de l'épopée 1999 après avoir écopé en demi-finale d'un carton jaune synonyme de suspension pour le Big Event, qui nous envoie en Russie. The Theatre of Dreams explose littéralement. Bon d'accord, beaucoup diront que les Red Devils sont décevants au niveau européen par rapport à ce qu'ils montrent en Angleterre. Mais qu'importe les victoires à l'arrachée, les nuls vierges, il ne reste que trois matchs à jouer pour Manchester United pour se débarrasser de cette sangsue qu'est Chelsea. Car non contents de nous coller aux basques en Premier League, les Londoniens joueront aussi la finale de la Ligue des Champions.

Les routes du Paradis

Trois matchs, trois finales. Le premier, nous opposant à West Ham, sera remporté assez facilement, 4-1. Comme souvent, c'est Cristiano Ronaldo, auteur d'un doublé dans les 25 premières minutes, qui débloque la situation avant que Carlos Tevez, d'une frappe monstrueuse aux 30 mètres, ne vienne corser l'addition. Quand les Hammers reviennent à 3-1, on se dit que c'est anecdotique. Malheureusement, le jeune Nani pète les plombs et nous laisse à 10 avec près d'une heure à jouer! Cela ne changera en fait rien à la donne, étant donné que seul Carrick inscrira encore un but dans cette partie.

La dernière journée du championnat nous envoie à Wigan, fief de Steve Bruce qui nous a laissé tant de bons souvenirs. Les Latics ont décidé de jouer le coup à fond et il faut attendre la demi-heure de jeu pour que Ronaldo inscrive un but salvateur sur penalty, consécutif à une faute sur Rooney dans la surface. Mais les Reds ne semblent pas décidés -- ou pas capables -- de marquer ce second but qui les enverrait au ciel, alors qu'une égalisation de Wigan offrirait le titre aux Blues qui mènent devant Bolton. A 10 minutes de la fin, alors qu'il est en train d'égaliser le record d'apparitions de Sir Bobby Charlton, Ryan Giggs s'en chargera. Pour une fois cette saison, le peuple mancunien laissera au placard les critiques envers le niveau de jeu de son numéro 11 et le portera aux nues. United peut célébrer. Mais le 21 à Moscou, ce sera une autre paire de manches, nous promet Chelski.

Et cette finale de Coupe d'Europe, elle restera à tout jamais gravée dans nos coeurs. Parce que nous l'avons gagnée bien sûr, ça fait déjà une bonne raison. Mais aussi parce que nous sommes passés par toutes les émotions imaginables, celles qui font la magie d'un simple match de football.

La confiance, en voyant United dominer outrageusement son adversaire en première mi-temps. Le côté gauche Ronaldo - Evra était tout bonnement flamboyant. La joie, en admirant Wes Brown et Paul Scholes se jouer du côté gauche de la défense adverse d'un double une-deux avant que le centre du latéral ne trouve la tête parfaite de Ronaldo, laissant Cech sans réaction. La colère, avec ce but très chanceux des Blues : le tir d'Essien est dévié à plusieurs reprises, prend Van der Sar à contre-pied, et Lampard finit froidement. La peur, alors que les Londoniens prennent la seconde mi-temps à leur compte et trouvent les montants deux fois par Drogba et Lampard...

Il y eut aussi un peu de moqueries en admirant Drogba, qui nous a tant gavés à pleurer et plonger pendant 116 minutes (bien plus que ça en fait si on compte tous les autres matchs qu'il a joué depuis son arrivée à Londres), se rendre coupable d'une gifle sur Vidic et regagner le vestiaire, et l'appréhension des tirs aux buts. Tour à tour, se mélèrent le soulagement de voir les nôtres réussir et la déception de voir les autres les imiter. Jusqu'à la désillusion avec le tir stoppé de Ronaldo, désillusion qui dura jusqu'au moment où Terry s'élança et manqua la cible alors que tout semblait terminé et que nous commencions à nous faire à l'idée qu'il faudrait attendre encore un peu avant de soulever cette coupe par ses grandes oreilles!

La dernière sensation qui traversa nos coeurs est sans doute la plus magnifique, mais également la plus indescriptible de toutes. Joie? Rage? Fierté? Bonheur intense? Peut-être aussi un mélange de tout ça. Il n'empêche que lorsque Van der Sar arrêta le tir d'Anelka, offrant à ses supporters le titre suprême, ce sont des millions de cris de délivrance qui se sont élevés vers le ciel. A Moscou, à Manchester, en France, partout dans le monde, le retour à la maison de l'objet de nos convoitises est célébré comme il se doit. Ferdinand et Giggs, seul détenteur à présent du record d'apparitions au club avec 759 rencontres jouées, nous font enfin dire en le soulevant : ça y est, elle est à nous. Rendez-vous la saison prochaine pour ceux qui voudront nous l'arracher. Avec un petit avertissement quand même : il faudra vous battre jusqu'au bout. Manchester United will never die.

Retrouvez la suite dans les prochains jours!

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