Qu'a cette date du 29 mai de très spécial dans l'histoire de Manchester United? C'est tout simplement le 29 mai 1968, soit il y a exactement 40 ans, que nous soulevions notre premier titre européen.


Ce jour-là, les Busby Babes atomisaient le Benfica en finale de la Coupe d'Europe des Clubs Champions, 4 buts à 1 en prolongation, et remportaient donc le titre suprême dix ans après la catastrophe de Munich et deux ans après la victoire de l'Angleterre en Coupe du Monde. ManUtd.com nous fait revivre cette journée pas comme les autres.

Le matin du match, Matt Busby rassembla les joueurs une dernière fois, leur rappelant leurs responsabilités d'un point de vue tactique ainsi que la menace que représentait un Benfica qui disposait alors de deux joyaux sur le plan offensif : Eusebio et leur très grand attaquant Torres, 1m93, qui portait son nom à merveille puisque Torres signifie "tour" en portugais.

Ses joueurs avait apparemment bien écouté les dires de l'Ecossais : en première période, le seul instant dangereux pour le gardien mancunien Alex Stepney fut une frappe dans un angle fermé d'Eusebio qui fut déviée par la tête de l'Anglais avant de venir heurter la transversale. Mais offensivement, les Reds étaient inhabituellement inactifs. Seul John Aston parvenait à jouer à son vrai niveau, débordant constamment son adversaire direct Adolfo sur l'aile gauche.

George Best, quant à lui, était méconnaissable, la faute à son garde-chiourme Cruz qui ne faisait aucune différence entre le ballon et les chevilles de l'Irlandais. Comme s'il avait un contrat à remplir, contrat qu'il exécutait fort bien pour le moment.

A la mi-temps, alarmé par le manque de sang-froid dont faisait preuve United dans la possession de la balle, Busby demande une approche plus mesurée de la part de ses joueurs. L'effet fut presque instantané. Huit minutes après la reprise, Bobby Charlton reprit de la tête un centre de John Sadler qui ne laissa aucune chance à Henrique. Charlton accordera plus tard, ironiquement, la précision de ce coup de tête à son crâne chauve, qui l'aurait aidé à "catapulter" le ballon en pleine lucarne.

Ce but fut en tout cas l'antidote parfait aux nerfs usés des Mancuniens.
La prudence disparut soudainement dans le vent de Wembley et un United plus familier fit surface - audacieux, cavalier, irrésistible - du grand United, même sans Denis Law forcé de regarder depuis sa chambre d'hôpital après avoir été opéré du genou.

Best, Sadler, Brian Kidd eurent tous des occasions de plier le match. Mais à neuf minutes du terme de la partie, Otto Gloria remit les deux formations à égalité, en reprenant un ballon mal dégagé par la défense.

Dans les tout derniers instants du temps réglementaire, Benfica aurait à son tour pu vaincre, notamment grâce à Eusebio qui, avec le seul Stepney à battre, envoya sa frappe puissante droit dans les gants de celui-ci. Ce tir fut célèbre pour avoir dégonflé à lui seul le ballon, preuve de la puissance de frappe de la légende portugaise, mais cette tentative manquée sembla également porter un coup au moral des Lisboètes.

Dans les quatre premières minutes de la prolongation, United prit les devants, d'abord par l'intermédiaire de Best qui, à la réception d'une passe de Kidd, passa un petit pont à son défenseur attitré avant de terminer tranquillement le travail d'un tir dans le petit filet. Puis, 60 secondes plus tard, grâce à Brian Kidd qui célébra dignement son 19e anniversaire en scellant définitivement le sort de la partie. Son premier coup de tête fut stoppé par le gardien portugais, mais il fut le plus rapide à l'endroit du rebond et convertit cette occasion.

La tension s'évapora soudainement. Les supporters des Reds, forcément désireux de participer à leur manière à un tel événement, chantèrent comme jamais, faisant trembler les fondations de Wembley dans un "We shall not be moved" qui restera dans l'histoire. Le commentateur de la BBC, Kenneth Wolstenhome, appellera cela "un grand concert".

Avant la finale, il a été demandé à l'entraîneur de Benfica quelle qualité de l'équipe anglaise il redoutait le plus. "Ils vont tous de l'avant et reviennent tous défendre", a-t-il répondu. Son pire cauchemar était maintenant en train de se réaliser. Les Reds procédaient par vagues, avec un George Best à présent au sommet.

"George était dans une forme incroyable", observera plus tard Alex Stepney. A la fin, il était le seul joueur à courir encore comme un dingue. Tout le monde était mort, mais George était toujours en action."

Mais c'est Charlton, un des deux seuls survivants de Munich encore dans l'équipe (avec Bill Foulkes), qui complétera l'addition en inscrivant le quatrième but de Manchester United à la 99e minute, reprenant un centre de Kidd du pied droit dans le but.

Au coup de sifflet final, les joueurs ne tombèrent pas dans les bras les uns des autres comme on peut le voir d'habitude : comme un seul homme, ils coururent tous vers le banc de touche pour partager leur triomphe avec Matt Busby. Charlton alla plus loin en insistant sur le fait que c'était l'entraîneur qui devait aller chercher le trophée. Busby refusa, évidemment.

"Le moment où Bobby a soulevé la coupe m'a soulagé", a déclaré l'Ecossais. "Ca a un peu soulagé la douleur, la culpabilité [après le désastre aérien de Munich]. C'était une sorte de justification."

Le trophée européen remporté ce jour-là fut le premier des quatre qu'a soulevés Manchester United durant son histoire : il y a ensuite eu la Coupe des Coupes en 1991, la Ligue des Champions en 1999 et bien entendu celle de 2008, à Moscou.

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