Le journal argentin Olé est allé rencontrer Carlos Tevez à son arrivée au Japon. Il n'y vient pas en tant que titulaire. Tant mieux, il apprécie les choses encore plus après.


Carlos Tevez, iPod rivé aux oreilles, est détendu dans l'avion qui l'emmène au pays du soleil levant. United y vient pour y jouer et remporter le Mondial des Clubs, avec comme entrée en matière une demie finale jeudi contre le Gamba Osaka. Cette compétition tombe bien pour Carlos Tevez, en mal de temps de jeu dans l'équipe de Sir Alex Ferguson, c'est une opportunité pour se montrer et briller, d'autant plus que le Bulgare Dimitar Berbatov est forfait pour le match de demain.

Qui de mieux que Tevez, une sorte de porte bonheur vu son curriculum vitae rempli de titres dans tous les clubs où il est passé, pour remporter le titre de meilleur club au monde ?

Tu reviens dans la course, les quatre buts du match contre Blackburn ont eu de l'importance.
"On essaie toujours d'être bien et de marquer des buts. Mais quand je ne marquais pas de buts, ça n'était pas parce que je jouais mal. Au contraire je jouais bien, mais on ne me donnait pas d'opportunités."

Ca tombe bien que tu en aie maintenant, juste avant le Mondial des Clubs.
"Oui, je marque des buts avant le tournoi. Et c'est bien comme ça parce que nous arrivons au tournoi en tant que favoris et il faut qu'on réponde présent."

Quand tu étais à Boca, venir au Japon c'était un vrai évènement, comment ça se passe avec Manchester ?
"Non, c'est tranquille, ça ne se passe pas comme pour nous en Argentine. Pour moi c'est pareil qu'avec Boca. Je sais ce que signifie cette coupe pour un Argentin et je veux la gagner à nouveau."

Tu l'as dit, vous êtes un gros candidat. Comment se gère cette pression ?
"En vérité, dans l'équipe on était concentré que sur le match contre Tottenham contre qui on a fait match nul samedi. Ensuite on a voyagé dimanche, et on est arrivé ici il y a juste un jour. Je pense que maintenant seulement on commence à être vraiment concentré sur le tournoi."

Parmi tes coéquipiers, seuls les grands (Giggs, Neville, Scholes) savent ce que c'est que gagner ici. Les autres te demandent des conseils ?
"Ils ne me posent pas de questions ni sur le tournoi, ni sur comment jouer au Japon. Ils savent très bien ce que représente pour Manchester de gagner cette coupe. Ce qu'ils me demandent par contre ce sont des références sur tel ou tel joueur de Quito ou de Pachuca, ou comment peuvent penser les entraîneurs de ces équipes."

Tu sens qu'en plus de jouer avec le maillot de Manchester, tu auras celui du Boca dans un coin de ton coeur ?
"Ah ben à chaque fois que je joue j'ai le maillot de Boca en moi. Et je sens que cette fois-ci ça pourrait être spécial parce que quand j'avais gagné la Coupe Intercontinentale avec Boca contre Milan, c'était un des jours les plus heureux que j'ai vécu dans le football. Revenir jouer au Japon et le refaire avec un autre des meilleurs clubs du monde, ça me ramène des souvenirs et ça me rend aussi fier et content."

Ca ne te parait pas injuste qu'après avoir été champion avec le Boca, les Corinthians, Manchester, d'avoir été champion d'Europe, du Monde, olympique, tu doive encore te battre pour une place de titulaire ?
"C'est vrai qu'il y a quelque chose qui restera pour toujours, j'ai tout gagné. Ca fait partie de moi. Partout où j'ai été, j'ai toujours du me battre et j'ai fini par gagner des titres. Je crois que Dieu me met à l'épreuve, non pas tous les ans, mais tous les mois. Mais ensuite il me donne des satisfactions et des joies de gagner des championnats. L'unique club dans lequel je n'ai pas gagné de titres, c'est West Ham, même si en Angleterre on me dit que les avoir sauvés de la relégation, c'est comme avoir gagné un autre titre."

C'est comme ça qu'après tu profites deux fois plus de ce que tu réussis...
"Deux fois ou trois fois plus... Je ne peux pas expliquer ce que je ressens après avoir gagné un titre en ayant du me battre. Je préfère que ça se passe ainsi... Et c'est ce que je fais depuis que je suis tout petit : on me met des obstacles et je les surmonte. Et maintenant je ne vais pas m'en plaindre : je suis dans le meilleur club du monde et c'est assez logique que je doive me battre pour un poste."

Et que sais-tu de ton transfert ? Manchester doit se décider à mettre les 30 millions de dollars (22M€) de l'option. Comment tu le vis ?
"Je suis tranquille et de ce que j'en sais, le club aussi... Nous avons parlé et tout est assez avancé donc je crois que ça va bien se résoudre.

Tevez ne considère pas une carrière ni une vie en dehors de Manchester United. Il est bien dans l'équipe, au delà de sa situation par rapport à une place de titulaire, il est bien dans son quartier résidentiel de Prestbury et il est heureux de la vie que sa fille Florencia peut avoir en Angleterre.

Tes coéquipiers t'aiment bien non ?
"C'est parce que je pense toujours positif. Bien que je ne joue pas beaucoup, je continue de travailler pour l'équipe ou d'aider un coéquipier et ça se voit qu'ils valorisent ça. Je me sens respecté par mes coéquipiers et le staff technique."

Et est-ce qu'ils ne t'aiment pas plus depuis que grâce à toi ils ont pu rencontrer Maradona ? (Maradona est venu assister à un entraînement à Carrington le jour de l'anniversaire de Rio Ferdinand il y a quelques semaines)
"La vérité c'est que là on se rend compte de ce qu'est Diego, de ce qu'il représente. Quand il est venu, ils étaient tous fous. C'est comme ça, n'importe quel joueur du monde, de n'importe où qu'il soit, l'a comme idole."

Tu savais que tu serais titulaire pour son premier match comme sélectionneur de l'Argentine ?
"Dès le moment où j'ai su que j'étais dans la liste, je savais que c'était un privilège, que j'étais à un endroit où peu de gens peuvent accéder. Et ensuite il a été question d'en profiter de ce premier rendez-vous avec Diego, ce qui fut quelque chose d'assez historique et inexplicable."

Qu'est ce qui t'a surpris de Maradona ?
"Je l'ai trouvé très bien, très motivé. De le voir aussi bien, ça m'a rendu heureux en tant qu'homme. Et en tant que joueur ça donne une confiance énorme."

Et maintenant avec lui tout est meilleur : plus de médiatisation, plus de soutien populaire, plus de confusion...
"Oui, mais ça c'est bien parce que c'est lui qui se prend tout. C'est comme ça, les gens vont vers lui et pas vers les joueurs. Et ça nous devons le faire jouer en notre faveur. A nous ça nous enlève un peu de pression et c'est une bonne chose."

C'est si difficile de gérer cette sélection ?
"Ce n'est pas une équipe de merde, ce qu'il y a c'est que nous avons des joueurs qui sont des stars dans leurs clubs et ce sont les meilleurs du moment. Riquelme est le meilleur joueur d'Amérique du Sud, Messi est le meilleur joueur d'Europe... Nous avons de grands joueurs dans les meilleurs clubs du monde, quelque chose qu'on ne voyait pas avant. Ce n'est pas qu'on se bat ou que tout soit le bordel. Ce qu'il y a, c'est qu'on sait comment ça se passe quand on n'a pas ce qu'on veut... Nous sommes tranquilles. En tout cas je sais que quand je dois aller en sélection, je m'amuse beaucoup et je suis joyeux."

Les fêtes approchent. Quels voeux tu pourrais avoir envie de faire ?
"Au niveau personnel, que ma famille soit bien et en bonne santé... Au niveau footballistique, j'aimerais bien gagner une Coupe du Monde. Mais Dieu m'a déjà tellement donné que je ne peux pas lui demander autre chose..."

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