Report : Barcelone 2-0 United

Manchester United passe au travers de sa deuxième finale de Ligue des Champions d'affilée et permet à Barcelone d'emporter une victoire logique et méritée.


La saison aura été belle et aura permis à United d'offrir tant d'espoirs de victoire face au grand Barça. Les deux équipes étaient en route vers l'Histoire, United pouvant remporter une deuxième Champions League d'affilée, le Barça pouvant réaliser un fabuleux triplé digne du notre de 99. Finalement ce seront les catalans qui mériteront de figurer dans les livres d'histoire du football.

Pourtant tout avait bien commencé avec 10 premières minutes de folie produites par les Red Devils. Sir Alex Ferguson avait aligné la même équipe qu'à l'Emirates Stadium, à la différence de Ryan Giggs titularisé à la place du pauvre Darren Fletcher, malheureusement et injustement suspendu. Et même si c'était la meilleure équipe possible, l'absence de l'Ecossais allait cruellement se faire sentir dans le duel tactique du milieu.

C'était la finale rêvée par tous les fans de football et il faut bien reconnaitre qu'elle aura été décevante tant United s'est désorganisé et s'est fait parfois balader par un Barça digne de sa saison. Après l'ouverture du score d'Eto'o, il n'y a plus eu de match et United n'a étonnamment plus eu sa traditionnelle capacité de réaction, permettant à Barcelone d'accélérer et de finalement plier le match par Messi, qui file tout droit vers le Ballon d'Or.

Dès la première minute, Anderson bénéficia d'un coup franc à 25 mètres du but de Valdes. Ronaldo s'en chargea et sa frappe fut relachée par Valdes, le ballon revenant dans les pieds de Park Ji-Sung qui parvint à le reprendre, mais Gérard Piqué, l'ancien mancunien, arriva à tacler in extremis et à sauver les siens. Une première énorme occasion dès les premières secondes du match, de quoi rassurer les fans de United et les mettre en confiance.

United s'imposait dans ce match comme on pouvait l'espérer vu le jeu proposé cette saison et à la 7ème minute, Ronaldo sollicita encore Valdes d'une frappe de loin. Quelques secondes après, il contrôla de la poitrine dans la surface mais tira à côté.

Barcelone était dominé, ses fans muets. Mais ce n'était que le calme avant la tempête. Sur sa première vraie action, les catalans marquèrent et tuèrent United dans l'oeuf. Iniesta récupéra une mauvaise relance et perça dans l'axe, menacé par aucun joueur et donna à Eto'o sur la droite (Messi jouait dans l'axe, comme Ronaldo pour nous). Le Camerounais pénétra dans la surface et mit Nemanja Vidic dans le vent d'une feinte, s'ouvrant le chemin du but. Edwin Van der Sar eut la main trop molle sur la frappe de l'extérieur du n°9 barcelonais, qui marquait son deuxième but en deux finales de cette compétition après son égalisation contre Arsenal en 2006.

United était complètement groggy mais les fans étaient confiants, habitués à tant de retournements de situation. Mais il n'y eut pas de réponse, ce but mit en confiance Barcelone qui n'a pas besoin de ça pour bien jouer et Xavi et Iniesta prirent le jeu à leur compte, rendant le match impossible à United. De manière incompréhensible, Rooney, Park, Anderson manquaient toutes leurs interventions (contrôles, passes, duels...), Giggs devint invisible et le jeu de Carrick prévisible. Et surtout, la défense de United, son point fort cette saison, montrait d'inquiétants signes de fébrilité. Seul Ronaldo se démenait, seul devant, et montrait son talent de gagnant, sachant qu'il était certainement en train de perdre son Ballon d'Or sur ce match.

Sir Alex remplaça Anderson dès la mi-temps pour Carlos Tevez, si souvent le sauveur des Red Devils, mais finalement l'Argentin se mit au diapason de ses coéquipiers et n'eut aucun poids sur la rencontre. Au contraire, ce fut le moment que Barcelone choisit pour appuyer sur l'accélérateur. Henry se défit de Ferdinand sur la gauche de la surface et tira, obligeant Van der Sar à l'arrêt. A la 52ème minute, Xavi insista avec un coup franc sur le poteau consécutif à une faute de Park sur Iniesta, un des hommes du match (avec Piqué).

United tenta de se reprendre, galvanisé par ces deux échecs catalans, sentant que le vent tournait peut-être. Rooney, qui se déporta sur la droite après une première période sur la gauche, réussit un bon centre que ni Ronaldo, ni Park ne purent reprendre. Un autre centre de Rooney fut dévié par Piqué et sur le corner suivant, Vidic parvint à placer sa tête mais c'était au dessus.

Sir Alex tenta le tout pour le tout à l'heure de jeu, sortant Park pour Berbatov, mais là n'était pas le problème. Peu importe le nombre d'attaquants de qualité qu'on peut avoir devant si c'est le milieu qui est à la peine et ne peut ni récupérer le ballon, ni distiller de bonnes passes. Et à vingt minutes de la fin, Messi plia le match pour de bon. Xavi déposa un centre parfait de la droite pour l'Argentin, pourtant pas le plus grand joueur sur le terrain, qui, laissé libre de tout marquage par un Rio Ferdinand trop laxiste, put tranquillement ajuster de la tête un Van der Sar impuissant.

Le match était fini et tout le monde le savait. La preuve avec Berbatov qui, pourtant idéalement placé, reprit sans conviction une tête largement au dessus. Il était clair que United n'était pas dans un bon jour et ne pouvait rien faire pour revenir dans un match rendu compliqué par un adversaire plus fort. Van der Sar évita même l'humiliation deux fois devant Puyol, d'abord sur une tête du capitaine catalan sur un coup franc puis par une sortie devant le défenseur lancé dans la surface.

On peut juste relever et rendre hommage à l'attitude des fans de United dans le stade (et très certainement dans tous les pubs du monde) qui répondirent fièrement aux "Olééé" narquois des catalans par des "We'll never die" rageurs et enflammés. Il est bon de voir que les fans n'ont pas la mémoire courte et n'oublient pas la belle saison réalisée par les joueurs, le troisième titre de champion d'Angleterre glané (égalant Liverpool au passage, c'est certainement ça le plus important cette saison) et cette deuxième finale européenne consécutive. Il faut savoir perdre avec dignité et classe, surtout quand l'adversaire est le plus fort et mérite sa victoire. Cela donne plus de goût aux victoires et ne rend nos joueurs que plus humains. Gageons qu'ils sauront se remobiliser et utiliser cette déception comme moteur pour d'autres titres futurs, dès la saison prochaine.


Compositions :
Manchester United :
Van der Sar, O'Shea, Ferdinand, Vidic, Evra, Carrick, Anderson (Tevez, 46), Giggs (Scholes, 74), Park (Berbatov, 62), Rooney, Ronaldo
Sur le banc : Kuszczak, Rafael, Evans, Nani
Avertis : Vidic, Ronaldo, Scholes

Barcelone : Valdes, Puyol, Piqué, Touré, Sylvinho, Busquets, Xavi, Iniesta (Pedrito, 90), Messi, Eto'o, Henry (Keita, 71)
Sur le banc : Pinto, Caceres, Gudjohnsen, Bojan, Muniesa
Averti : Piqué

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