Bref résumé de la saga Ronaldo

Quand Cristiano Ronaldo était enfant, son père, jardinier dans un club amateur de Madère, lui dit qu'un jour il jouerait pour le Real Madrid.


Cette prophétie resta dans la mémoire de Ronaldo, l'obsédant et, cette semaine, se réalisant avec un contrat qui devrait être de 13M€ par saison, donc 78M€ sur six ans. Le contrat sera historique en lui-même, le plus lucratif de l'histoire du football.

Toutefois, c'est secondaire dans l'ambition de Ronaldo qui voulait non seulement réaliser le rêve de son père de porter le maillot blanc, mais aussi prouver qu'il était capable de conquérir le football espagnol aussi bien qu'il avait conquis le football anglais.

Une source proche du joueur a expliqué : "Il y a une grande différence entre Cristiano et les autres joueurs. Avec certains joueurs, il y en a qui changent d'avis tous les ans. Un jour je veux aller à Barcelone, un autre jour je veux aller à l'Inter et ainsi de suite. Mais avec Cristiano, il n'y a toujours eu que le Real Madrid."

"Leurs récentes difficultés sur le terrain ne comptent pas et il est resté vrai par rapport à ce qu'il a toujours voulu. Il a toujours voulu jouer au Real Madrid. Il ne parlait jamais d'un autre club. Il n'y a eu que deux clubs pour Cristiano : Manchester United et le Real Madrid."

"Manchester United est un club qui restera toujours dans le coeur de Cristiano. Il y a passé six bonnes années et il se sent maintenant prêt pour un nouveau challenge. Mais il n'a que 24 ans et il a encore un long avenir dans le football et il aimerait revenir à Manchester plus tard dans sa carrière. S'il quitte un jour le Real Madrid, il ne peut imaginer qu'un retour à Manchester United."


Pour qu'une telle chose arrive, il faudrait que Sir Alex Ferguson crée un précédent car il n'a jamais repris un grand joueur qui avait quitté Old Trafford. Mais l'Ecossais a toujours été un ardent défenseur de Ronaldo, que ce soit publiquement ou en privé, et cela soulève une intriguante possibilité pour l'international portugais si jamais les choses devraient mal se passer en Espagne (il faut bien envisager cette possibilité, les Galactiques ça a déjà planté une fois, le Real est actuellement très mal, le Barça est très loin au sommet, Ronaldo ne pourra pas faire une équipe à lui tout seul, etc...).

Ronaldo a failli signer deux fois au Real Madrid par le passé, à l'été 2006 et l'été dernier. Dans les deux occasions, il avait été dissuadé par la prudence de son agent adoré Jorge Mendes et les pouvoirs de persuasion de Sir Alex Ferguson. En termes de succès qu'il a connus ces deux dernières saisons au club (une Champions League, deux championnats et un Ballon d'Or), ces décisions furent clairement judicieuses.

La première fois qu'il fallit partir ce fut dans le chaos de l'après Coupe du Monde 2006. Il avait toute l'Angleterre à dos après avoir grandement contribué à l'élimination des Anglais, notamment en faisant expulser son coéquipier Wayne Rooney avant de marquer le tir au but décisif. Alors que le match était serré, Rooney piétina les roubignolles de Ricardo Carvalho, Ronaldo se précipita alors sur l'arbitre pour demander un carton rouge avant de cligner de l'oeil vers le banc une fois Rooney expulsé.

L'Angleterre avait trouvé son bouc émissaire et la réaction fut si violente que Ronaldo pensa à fuir, avec Madrid comme refuge idéal (ce fut la première fois qu'il exprima clairement dans une interview sa volonté de partir au Real). Mais Manchester United se rallia autour de lui et Ronaldo, ressentant cette sécurité, s'en sortit. "On pourrait croire qu'il s'en fiche" dit un proche ami, "mais croyez-moi, il avait trouvé ça très dur. Chaque stade dans lequel il allait lui faisait sentir qu'il était la personne la plus détestée du pays."

Vinrent donc deux saisons remarquables et Ronaldo fut à nouveau sur le point d'emménager au Bernabeu. En avril 2007, il signa une prolongation de contrat de cinq ans avec un salaire de 140000€ par semaine et produisait alors des performances brillantes. Il était inarrêtable lors de cette saison 2007-08, marquant 42 buts et permettant à United d'accomplir un beau doublé Premier League et Champions League.

Sur le vol de retour de Moscou, après avoir vaincu Chelsea au tirs aux buts, Ronaldo était étrangement silencieux et laconique. Il ruminait quelque chose et était étonnament sombre. Dans sa tête il était en train de quitter le club (malgré avoir dit juste après la fin de la finale devant des milliers de téléspectateurs "je reste") et dès le retour à Manchester il fit claires ses intentions de partir en Espagne.

Toujours une source au Portugal proche du joueur : "Là il a fait une grosse erreur. Il a été peut-être un peu naïf. Il a pensé qu'après cinq ans, il avait tout gagné, Manchester United le laisserait partir. Bien sûr c'était bien plus compliqué que ça."

Cette fois-là, si Ronaldo resta à Old Trafford ce fut surtout du à l'approche directe de Ferguson. L'Ecossais a une relation forte avec Ronaldo dont il admire ouvertement le courage et le professionnalisme. L'entraineur de United partit au Portugal et avec Mendes, parvint après une rencontre intense de quatre heures à persuader Ronaldo qu'il devrait rester encore au moins un an de plus à United.

Malgré des rumeurs d'un pré-contrat, aucun arrangement n'a jamais été fait pour lui permettre de partir cet été. Toutefois on a dit à Ronaldo que, s'il était toujours déterminé à partir dans les deux prochaines années et que si le Real Madrid faisait une offre qui satisfaisait United, alors il serait autorisé à partir. Et évidemment, c'est ce qui est arrivé. Les négociations entre les deux parties ont été amicales. Ronaldo ne veut pas couper les ponts avec United et il ne voulait pas tomber à nouveau dans ce qu'il sait être une mauvaise façon de se comporter l'été dernier.

Ce qui a aidé à faire passer l'accord ce fut les bonnes relations entre Florentino Perez et Manchester United. Le président du Real Madrid a gagné le respect de United quand il a signé David Beckham en 2003. Les relations s'étaient détériorées avec son successeur, Ramon Calderon, au point que Ferguson avait dit "ne même pas vouloir leur vendre un virus." En fait ce pauvre Calderon (en prise à des problèmes avec la justice de son pays) s'est beaucoup démené ces dernières 48h pour clamer haut et fort que Perez avait bénéficié d'un accord qu'il aurait passé avec Ronaldo. Mais le fait est que rien de cela est vrai et que Calderon n'a réussi à signer aucun des joueurs qu'il avait promis alors qu'en une semaine, Perez a ramené dans son escarcelle Kaka et Ronaldo.

Alors que les formalités se sont passées en douceur (deux heures seulement se sont passées entre la réception du fax officiel de Madrid et la réponse positive de United), les négociations ont duré quelques semaines. Quand il devint clair que Perez allait redevenir président de la maison blanche, United s'attendit à une approche. Ferguson aurait dit après la finale de la Ligue des Champions à Rome que le Real Madrid allait revenir à la charge pour Ronaldo.

Tout au long de la saison, Ronaldo a été d'accord pour se concentrer seulement sur le sportif avec United, évitant de parler de son avenir dans les médias. Mais il continuait d'en penser pas moins. Et dans les ruines de la défaite de Rome, il devint clair qu'il voulait un nouveau challenge. Bien sûr United ne voulait pas le vendre, mais vu la détermination de Ronaldo de partir et de jouer en blanc (et son ingratitude qui n'allait pas changer), un accord a été rapidement trouvé. Et un rêve d'enfant a été réalisé.

Il devrait profiter tant qu'il peut du calme avant la tempête. Car malgré l'envergure de United, les joueurs y sont plutôt protégés et leur vie privée est préservée. Le complexe de Carrington est une véritable forteresse, un microcosme en soi. Mais ce sera différent à Madrid. Ronaldo aura 300 journalistes qui le harcèleront en permanence, 24 heures sur 24. Il y aura 20 radios rien que dans la ville qui seront désespérées pour avoir quelque chose à dire sur chaque seconde de sa vie et il ne pourra pas bénéficier de la protection qu'il avait à United avec Sir Alex Ferguson. Au calme dans un relatif anonymat à Los Angeles (malgré des ébats nocturnes avec Paris Hilton), un joueur même le plus imaginatif ne peut pas imaginer la furia fébrile qui l'attend dans la capitale espagnole. Des questions seront posées, des accusations portées. Comme d'habitude, il répondra sur le terrain.

En attendant de voir si, au delà de son rêve, il réalisera un jour qu'il a commis une grave erreur ou non en quittant trop tôt le plus grand club du monde où il avait tout le monde à ses pieds et qui avait fait de lui le meilleur joueur du monde.

Sur le forum