Il est parti de Manchester comme il y était arrivé : sans faire de bruit. Dans la plus grande discrétion. Pendant près de deux mois et demi passés du côté de Carrington, on n'aura entendu parler de lui que pour ses performances sur le terrain.


Trois buts "seulement", mais un même constat dans la bouche de tous les amoureux du football, c'est comme si Henke avait joué à United toute sa vie.

Un géant du côté de Glasgow après avoir porté les couleurs du Celtic pendant sept années, un grand à Barcelone, avec deux titres de champion d'Espagne et une victoire en finale de la Ligue des Champions contre Arsenal, grâce à deux passes décisives du Suédois. Et Larsson décide de retourner dans son pays natal, à Helsinborgs, le club qui l'avait révélé il y a presque 15 ans. Pour tenter d'aider son équipe à remporter un titre de champion qui lui échappe depuis 1999, cette année si faste pour les Red Devils.

Henrik va donc terminer sa carrière dans sa Scandinavie natale, loin de la pression que doivent supporter les grands joueurs des plus grandes équipes européennes. C'était sans compter sans Sir Alex Ferguson, qui le suit depuis... 1999. Et qui a décidé d'offrir à Larsson une dernière chance de briller encore. Le championnat suédois se déroule d'avril à octobre, et l'Ecossais, qui nous a habitués à des surprises de taille, n'a décidément pas fini de nous surprendre.

"Sir Alex Ferguson m'a appelé la nuit dernière et m'a parlé de Manchester United. On a parlé un peu des matchs et de comment ça se passe à la période de Noël. Ils ont déjà essayé de me signer avant. C'est génial de venir jouer dans un si grand club. Je ne débuterai certainement pas tous les matchs, mais je trouve ça très amusant de contribuer comme ça à un tel moment de ma carrière. Ma famille est d'accord avec ça en tout cas.

Ca nous a fait, à tous, l'effet d'une bombe. Si Henke n'est vraiment pas un joueur ordinaire, il est certainement le dernier que nous nous attendions à voir débarquer à Old Trafford. Et même si ce n'est que pour deux mois et demi, la perspective de le voir jouer sous un maillot rouge frappé de cet écusson mythique porté par tant de légendes ne laisse pas indifférent. Impossible.

Revenons donc une vingtaine années en arrière, Henrik a alors 17 ans. Après trois saisons passées au Högaborg BK, il rejoint Helsinborgs. Il n'y restera que 12 mois. Le jeune Larsson affole déjà les plus grands, mais c'est le Feyenoord Rotterdam qui rafle la mise et s'attache les services du Suédois de 1993 à 1997. 1993, ce sera également l'année de sa première sélection en équipe nationale suédoise, le 13 octobre contre la Finlande. Mais la Coupe du Monde 1994 se fera, en grande partie, sans lui. Il faut dire qu'à la pointe de la formation scandinave, on trouve Brolin et Andersson, deux grands gaillards qui ont déjà fait leurs preuves. Mais qu'importe, Henke trouve tout de même le chemin des filets contre la Bulgarie.

La Suède ne jouera pas à l'Euro 96, ni à la Coupe du Monde 1998 en France. Entre temps, Henrik a signé au Celtic Glasgow. Le légendaire Celtic Park aura d'ailleurs l'honneur de le voir écrire en lettres dorées les plus belles pages de sa carrière. En sept années, de 1997 à 2004, il sera sacré champion d'Ecosse à quatre reprises, et meilleur buteur de la Scottish Premier League cinq fois, dont quatre consécutives (de 2001 à 2004). A cela viendront s'ajouter deux Coupes d'Ecosse, et une finale de Coupe UEFA en 2003 (défaite 3-2 contre Porto).

315 matchs, 242 buts, et le Soulier d'Or en 2001. No comment.

A l'Euro 2000, Larsson inscrit un but contre l'Italie, mais ne peut empêcher l'élimination de son équipe au premier tour. Larsson a plus de réussite à la Coupe du Monde asiatique, marquant trois fois, idem à l'Euro 2004 après être revenu sur sa décision de quitter la sélection en 2003. Dont un magnifique contre la Bulgarie, une superbe tête plongeante sur un centre de près de 40 mètres.

La légende Henrik Larsson quittera le Celtic en juin 2004. Pour son dernier match sous le maillot rayé blanc et vert, alors que le Celtic est mené 1-0 par Dumfernline en finale de la Coupe d'Ecosse, Larsson égalise, puis donne l'avantage à son équipe. Le but de Stilian Petrov est anecdotique. Un des plus grands joueurs et le troisième meilleur buteur de l'histoire du Celtic s'en va. Pas un jour de deuil, mais presque.

Il passera les deux saisons suivantes au FC Barcelone, remportant deux Ligas et la Ligue des Champions après ces fameuses deux passes décisives en finale contre Arsenal. Et Henrik décide de se retirer dans son petit coin de paradis. Jusqu'à l'intervention d'une autre légende du football, un certain Sir Alexander Chapman Ferguson.

Sur le banc face à Newcastle le 1er janvier, Larsson est titularisé contre Aston Villa en FA Cup, et ouvre le score après seulement 53 minutes sous son nouveau maillot. L'intégration d'Henrik est étonnante. Toujours au bon endroit, impressionant de facilité, il est un modèle pour les joueurs mancuniens qui ne cessent de chanter ses louanges. Un autre but contre Watford en Premier League (4-0). Ferguson fait confiance à Larsson, et Larsson le lui rend bien. Même quand il ne marque pas, le Suédois est toujours dans le coup.

Henrik inscrira son dernier but à Old Trafford en Ligue des Champions, le même trophée qu'il tenait dans ses mains moins d'un an plus tôt. Un but de la tête contre Lille, une sortie à deux minutes de la fin du temps réglementaire, synonyme de standing ovation de la part des fidèles du Théâtre des Rêves. Quoi de mieux que terminer de cette façon? S'il n'aura pas marqué à Boro en Cup, ni contre... United lors du match opposant les Red Devils à Europe XI, Zlatan Ibrahimovic refusant même de lui laisser tirer un penalty qu'il mettra au final sur la barre, il aura tout de même eu droit à une belle sortie.

Les rumeurs quant à une prolongation de son prêt avait commencé à circuler. Mais Henke est un homme de parole. Il l'a promis à sa famille et à son club d'Helsinborg, il sera de retour à la mi-mars. Et Sir Alex a bien compris que rien ne sert d'insister. On ne peut donc que le regarder partir, avec quelques regrets, en particulier celui de ne pouvoir arrêter le cours du temps pour retenir ne serait-ce que quelques heures de plus un homme, un joueur en or.

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