Les joueurs sont trop protégés

Sir Alex, qui sait certainement de quoi il parle après 23 ans d'expérience à United, estime que les joueurs d'aujourd'hui sont trop protégés.


L'entraîneur de Manchester United a dirigé quelques uns des joueurs les plus durs du football anglais, comme Bryan Robson, Steve Bruce, Paul Ince et Roy Keane. Il a aussi connu quelques disputes célèbres avec Andrei Kanchelskis et Jaap Stam, qui les a vus quitter le pays en un rien de temps.

Mais il estime que gérer les superstars coucounées d'aujourd'hui est bien plus délicat.

"Les joueurs ont un caractère différent de nos jours", admet-il. "Ils sont plus fragiles qu'il y a 25 ans. Ils sont plus protégés par leurs agents ou par la presse. Ils sont moins enclins à admettre leurs responsabilités quand les choses vont mal. Il y a 30 ans, les joueurs avaient un certain honneur et une certaine responsabilité vis-à-vis de leurs performances."

"Ils étaient moins coucounés, ils pouvaient venir te voir et dire 'Ok, c'était ma faute, bla bla bla...' Et c'était bien. Mais aujourd'hui, ils sont très protégés. Ils sont plus fragiles que jamais. Et cela a beaucoup à voir avec les agents."


Vous vous en doutez, il n'y a pas d'agent de joueur sur la liste des cartes de Noël de Ferguson. La simple mention de ce nom provoque une grimace chez l'Écossais. Il illustre cet amour pour ces personnes avec une histoire arrivée récemment.

"On avait un jeune qui est parti avec les -21 ans anglais. Son agent nous a appelés le lendemain pour nous dire 'Il est temps qu'on négocie un nouveau contrat pour le garçon.' Dans son esprit, c'était comme une évidence de demander ça. Je lui ai répondu, 'Voyons comment il joue avec Manchester United d'abord.'"

"C'est ainsi que tourne le monde maintenant. Mais quand vous pensez qu'ils dirigent la majorité des transferts aujourd'hui... ce n'est pas bien."


Ferguson s'exprimait lors d'un dîner organisé par le League Managers' Association Hall of Fame 1000 Club, qui célèbre les 18 hommes à avoir dirigé plus de 1000 matchs de championnat ou de coupe, incluant Sir Matt Busby, Brian Clough, Alec Stock ou Sir Bobby Robson. Parmi les 14 survivants, 10 étaient présents à l'Hôtel Hilton de Londres. Il y avait Dave Bassett, Steve Coppell, Brian Horton, Lennie Lawrence, Harry Redknapp, Denis Smith, Jim Smith, Graham Turner et Neil Warnock, et évidemment Sir Alex Ferguson. Les quatre absents étaient Alan Buckley, Dario Gradi, Joe Royle et Graham Taylor.

En ce qui concerne la longévité et le succès, aucun de ceux-là ne s'approche néanmoins du 'Gaffer', dont le total de matchs sur le banc avec East Stirling, St Mirren, Aberdeen, la sélection écossaise et United s'élève à 1928, pour 1104 victoire, 468 nuls et 356 défaites, un pourcentage de victoires donc de 57,26%.

Ce dîner a été l'occasion d'une discussion entre le coach de Tottenham, Harry Redknapp, et le boss. Redknapp parlait du jour où Paulo Futre, de West Ham, lui a demandé le numéro 10 au lieu de son habituel numéro 16, parce qu'il croyait être de la même classe que Pelé et Maradona.

Ferguson a alors parlé de ses débuts à East Stirling, avec huit joueurs et aucun gardien à deux semaines du début de la saison. Il partit rapidement à l'aventure pour signer son premier joueur, George Adams, pour une somme de 100 livres sterling. "J'avais trop payé", ricane Ferguson avec un charme qui montre l'autre facette de la légende de 67 ans qui fût interdit de banc de touche la semaine dernière pour deux matchs et une amende de 20’000£ pour avoir déclaré que l'arbitre Alan Wiley était "inapte".

Les critiques qui suivirent, coulaient comme le vin rouge qu'il adore.

Il a déclaré à propos de la presse : "La presse d'aujourd'hui a un travail très difficile. Ils tentent de rivaliser avec Sky Television et internet. Certains sont dans une situation impossible.Ils ont des rédacteurs qui disent qu’ils ont le droit d'avoir une copie des journaux vendus. Ils sont sous une pression incroyable."

Sur les supporters, il a déclaré : "Il y a un livre appelé ‘United Unlimited’ et à l’intérieur il y a une photographie fantastique de Manchester United contre Leeds United dans les années soixante. Il y a chaos incroyable au milieu du terrain. Les joueurs se battent et s’insultent. Denis Law a beaucoup de monde autour sur lui. Jack Charlton est là. Dans le fond [de l’image], il n’y a beaucoup de mouvement de la part des fans. Voyez la culture des fans aujourd'hui. Ils sont sur la clôture, à crier et à brailler. C'est une époque différente. Vous pouvez comprendre pourquoi les présidents [de club] doivent rapidement réagir et de se débarrasser de leur manager."

Pour la course au titre, il a déclaré : "Mon expérience me dit que deux équipes se détacheront dans la dernière partie de la saison." Pas de noms, mais pas de doute non plus qu'il voulait dire Chelsea et United.

Sur sa pire signature : "Ralph Milne. J'ai seulement payé 170’000 £ mais je suis toujours blâmé pour cela." A tel point que Ferguson se souvient de celui qu'il a tenté d'oublier - Eric Djemba-Djemba. "Tellement bon, qu’ils l'ont nommé deux fois", sourit Ferguson, qui a révélé que son ancien milieu de terrain - Eric joue maintenant avec Odense BK - venait d'entrer dans le top quatre des joueurs de l'année au Danemark. Peut-être pas l'un des plus fragiles, après tout.

Gary Neville a appuyé les propos de Sir Alex Ferguson au sujet des footballeurs de l'ère moderne, en admettant que c’est une "bête noire" que de voir les joueurs être trop dépendants des agents. Il partage le point de vue de son boss et se demande pourquoi un joueur laisserait son agent gérer la plupart des aspects de sa vie.

"Je suis entièrement d'accord avec ses commentaires", a écrit Neville dans sa colonne du Sunday Times de Malte sur les propos de Ferguson. "C'est l’une de mes bêtes noires que de voir les joueurs qui ont des agents qui font tout pour eux."

"Ils ne savent pas comment gérer leur propre compte bancaire, ils ne savent pas comment ils dépensent leur argent et ils ne peuvent pas prendre leurs propres décisions. Pas tous les joueurs sont comme ça, mais certains sont totalement dépendants des agents et des conseillers. Un footballeur doit s'asseoir et négocier avec un club, même si son agent est assis à côté de lui. Il est dans le plus grand intérêt d'un joueur d’être là et de voir ce qui se passe."


Il a ajouté: "L'idée de permettre à quelqu'un de s'occuper de votre existence financière et professionnelle est quelque chose que je ne peux accepter. Certains agents font du bon boulot, mais il y en a d'autres qui étouffent et maternent les joueurs. Certains agents vont entrer dans la vie d'un joueur quand il a 20 ans, le laisser à l’âge de 34 ans et ne jamais vouloir rependre contact."

"Chaque joueur a besoin d'un conseiller à un moment donné. Mais un joueur n'a pas besoin de payer entre 5-15% de son salaire à un gars pour gérer son compte bancaire, lui acheter un nouveau frigo, ou demander rendez-vous avec le directeur général de son club pour une augmentation de salaire."

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