Dans la splendeur des années 60 le ‘Holy Trinity’ de United, les lanceurs de mode, les femmes et les esbroufes firent de George Best le fer de lance. Les plus anciens habitants avaient trouvé dans les coéquipiers de Bobby Charlton, l'incarnation des valeurs que devait représenter United. Mais pour les gars des gradins et les soldats footeux de la Red Army, qui remplissaient les gradins des matchs à l'extérieur avec leurs chansons et la frime qui va avec, Denis Law - 70 ans, le 24 février dernier - était le seul et l'unique.


Comme Eric Cantona, Roy Keane et Wayne Rooney depuis, il y avait quelque chose à propos des constations de Law, qui - d'après eux - représentait United. Ils voyaient en lui ce qu'ils voulaient être et, lui donnèrent en reconnaissance, une chanson à son effigie qui couronna le premier roi de Stretford End.

"Nous allons boire un verre, un verre pour le roi Denis", chantaient-ils sur l'air de "Lily the Pink" du groupe The Scaffold. Et pendant quatre ans le roi régna. Sa prestation en finale de la FA Cup de 1963 se classa parmi l'une des plus brillantes dans l'histoire de Wembley; son incroyable total de 46 buts en 42 matchs lors de la saison du titre de champion 1964/65 est un record du club qui tient toujours.

En tant que finisseur, Law n'a jamais eu d'égal que ce soit à United ou ailleurs. Sa finesse était telle une lame de rasoir, son habileté à décontenancer une défense était extraordinaire, ses réflexes étaient constamment mis à rude épreuve. Et puis il y avait son jeu de tête.

Il était peut-être léger, mais la façon dont il pouvait devancer ses adversaires, et se maintenir en l'air - restant là-haut très longtemps - après qu'ils soient déjà redescendu, pour placer sa tête, ses épaules - et même son torse - au dessus de la plupart des défenseurs était splendide.

Law était le premier joueur de United à être couronné joueur européen de l'année, en 1964. Mais un honneur similaire n'était pas près de lui être de nouveau attribué : malgré qu'il soit le meilleur attaquant du pays dans le milieu des années 1960, il n'a jamais obtenu le titre du meilleur joueur de l'année.

Il n'était jamais compris par le corps arbitral - les journalistes décriant souvent son approche de rugueuse - et il avait des relations tendues avec les arbitres qui ne le protégeaient que très rarement face aux défenseurs agressifs. Il se faisait alors justice lui-même, étant souvent expulsé pour ses représailles, pendant que les premiers coupables, eux, restaient sur la pelouse.

C'était le manque de protection qui amenait Law à se faire avertir.
Les blessures jouaient elles aussi un rôle à propos de ses absences. Il ne joua pas la finale de la Coupe d'Europe de 1968, regardant le match de l'hôpital après son opération du genou.
Ce fut une opération suite à laquelle il ne retrouva jamais pleinement toutes ses sensations. Quand Tommy Docherty le laissa partir à City en 1973, il n'était plus que l'ombre de lui-même, malgré cet éclair de génie qu'il marqua lors de son but tristement célèbre dans le derby contre United un an après.

Malgré le mythe, le but de Law ne relégua pas United - d'autres résultats y avaient contribué. Mais l'expression que Law affichait ce jour-ci - alors qu'il se trainait en direction du banc en demandant à être remplacé, tandis que ses anciens supporters de Stretford End chantait vaillamment son nom - était tel un désespoir prononcé.
Et, étant le seul homme à être représenté à Old Trafford, non seulement par deux surnoms mais par deux statues, ce fut la preuve que c'était un regard qui confirmait la relation à double sens. Pour la plupart des fans de United, il n'y aura jamais qu'un seul et unique "Lawman".

Joyeux anniversaire, Denis.

Sur le forum