Ce pourrait être le tournant de cette fin de saison : grâce à un complet retournement de situation, les Red Devils s'imposent à Goodison Park et profitent du match nul de Chelsea contre Bolton pour prendre le large.


L'écart était de trois points avant la rencontre, cinq points à son terme. Mais il aurait très bien pu être nul, comme il l'était notamment à la mi-temps des matchs d'ouverture de cette 36e journée de Premier League, Chelsea menant sur sa pelouse pendant que Man U se cherchait encore à Everton.

Mais les Reds de Sir Alex Ferguson n'en finissent plus de nous faire vibrer en cette fin de saison, avec des matchs plus fous les uns que les autres. Menés 2-0 à l'heure de jeu suite à des buts signés Alan Stubbs et Manuel Fernandes, certains pensaient d'ores et déjà que United ne pourrait jamais parvenir à revenir dans le match.

Never say never. Ne jamais dire jamais. Ceux et celles qui ont été derrière Manchester United au fil des années savent qu'il ne faut jamais douter, même lorsque la situation peut paraître très compromise. Et une fois encore, les Mancuniens restent fidèles à cet adage en allant chercher la victoire au bout du suspense. Quand beaucoup ne l'attendaient plus.

Toujours pénalisé par les blessures de Ferdinand, Vidic, Neville, Silvestre et Park, Sir Alex Ferguson pouvait toutefois compter sur le retour du Français Louis Saha, qu'il décida d'inclure dans son groupe parmi les remplaçants.

En défense, point sensible de l'équipe depuis les absences des quatre premiers cités, on retrouvait la défense qui avait été alignée contre le Milan AC quatre jours plus tôt. De gauche à droite, Evra, Heinze, Brown et O'Shea étaient titulaires devant les buts gardés par Edwin van der Sar.

Fergie choisit de composer sans le fraîchement nommé Joueur de la Saison, à savoir Cristiano Ronaldo, qui semblait physiquement un peu juste lors des derniers matchs. Le vétéran Ole Solskjaer fut choisi pour prendre le poste du Portugais. Paul Scholes et Michael Carrick au centre, Ryan Giggs à gauche complétaient le quatuor du milieu de terrain.

Enfin en attaque, Alan Smith, sur le banc face aux Rossoneri que Man United retrouvera ce mercredi à 20h45 pour la demi-finale retour à San Siro, était aligné avec Wayne Rooney, en grande forme actuellement. Le jeune Anglais a en effet marqué sept buts pour le seul mois d'avril, soit un but par match!

La première occasion de but de la partie fut à mettre au crédit des hommes de David Moyes, à la 2e minute de jeu. Les Toffees furent à deux doigts de prendre l'avantage lorsque sur un corner tiré côté droit par Mikel Arteta, le coup de tête de David Lescott vint s'écraser sur le dessus de la barre transversale...

Un peu de répit pour les Red Devils, qui ont certainement senti des frissons leur remonter le long du dos après cette première chaude alerte.

Mais ils n'eurent pas autant de chance dix minutes plus tard, malheureusement. Suite à une faute de Patrice Evra sur Arteta, Alan Stubbs se chargea de tirer le coup franc qui en résultait. La tentative en force de l'ancien joueur du Celtic Glasgow fut déviée par le pied de Michael Carrick, et Edwin van der Sar dut s'incliner (0-1, 12').

Les Toffees, en face d'un public évidemment acquis à leur cause et qui ne demandait pas mieux qu'une victoire en la mémoire de la légende anglaise Alan Ball, décédée cette semaine à l'âge de 61 ans et ancien pensionnaire de Goodison Park, se sentirent pousser des ailes. Encore en lutte pour une place en Coupe de l'UEFA, les Blues de Liverpool, ne jouaient pas cette fin de saison pour du beurre, comme on dit.

Puisqu'on parle d'anciens joueurs d'Everton, Wayne Rooney fut le premier à se montrer un tant soit peu dangereux côté mancunien. A la réception d'une superbe passe de Paul Scholes après un peu moins de 20 minutes de jeu, il se défit du marquage dont il faisait l'objet avant de tester Iain Turner, troisième gardien des Toffees en l'absence de Tim Howard et Richard Wright, au premier poteau. Mais l'Ecossais se détendit bien sur sa droite pour claquer en corner.

Son coéquipier en attaque, Alan Smith, eut une occasion encore plus belle quelques instants après. Après un une-deux avec Ryan Giggs qui était venu faire un tour côté droit, il se présenta en position idéale face à Turner mais croisa trop son tir qui passa hors cadre.

Man U continuait de pousser pour inscrire le but égalisateur avant le repos. Scholes, encore à l'origine d'une action, envoya un long ballon à destination de Ryan Giggs sur le côté gauche. Sans contrôle, le Gallois tenta une passe en reprise de volée dans la surface qui força Wayne Rooney à se jeter, mais l'Anglais ne parvint pas à dévier le cuir vers le but.

Everton avait été bien dominés en cette première période, mais les Blues avaient réussi à convertir en but leur seule réelle occasion des 45 premières minutes. De leur côté, des Red Devils dominateurs n'avaient pourtant que peu mis en danger directement Iain Turner : un seul tir cadré en trois quarts d'heure. Maigre bilan.

Au retour des vestiaires, les Mancuniens attaquèrent donc de plus belle, obtenant d'entrée deux corners côté gauche puis tentant deux frappes à mi-distance signées Rooney puis Scholes, sur lesquelles l'arrière-garde des locaux dut s'employer pour conserver leur (maigre) avantage.

Un avantage qui fut doublé peu après néanmoins. A la récupération d'un service d'Arteta, le jeune (21 ans) milieu de terrain portugais Manuel Fernandes, prêté par le Benfica Lisbonne, s'écarta légèrement de Wes Brown avant de décocher un missile qui alla nettoyer la lucarne de van der Sar à l'entrée de la surface (0-2, 49').

A peine cinq minutes de jeu en seconde période, et voilà United avec deux buts de retard. 40 minutes pour revenir au score et, pourquoi pas, l'emporter : mission difficile, mais pas mission impossible. Pas quand on joue à Manchester United.

A la 56e minute, Sir Alex Ferguson décida de faire un premier changement. Pas celui le plus attendu certes : Ronaldo était encore assis sur le banc pour assister à l'entrée en jeu de Kieran Richardson, chargé de faire mieux qu'un Patrice Evra assez transparent, aussi bien défensivement qu'offensivement.

Les Reds trouvèrent enfin la faille à l'heure de jeu, ou plutôt, leurs adversaires leur montrèrent où la trouver. Elle résidait cette fois dans l'inexpérience de leur jeune portier Iain Turner, qui sur un corner de Ryan Giggs qu'aurait probablement capté facilement un Howard ou un Wright, relâcha le ballon dans les pieds de John O'Shea. A l'affût, l'Irlandais se contenta de pousser le ballon dans le but vide (1-2, 60').

Un but simple, voire de raccroc selon les versions, mais un but qui n'a pas de prix. Ô combien important il allait être. Comme à Anfield quelques semaines auparavant, Sheasy était au bon endroit au bon moment.

Ce n'est pas donné à tout le monde. Il y a également des joueurs qui sont au mauvais endroit au mauvais moment, comme l'ancien de Manchester United Phil Neville six minutes plus tard. Sur un nouveau corner, tiré cette fois par Michael Carrick, Cristiano Ronaldo, qui venait d'entrer en jeu, s'éleva plus haut que la défense d'Everton pour reprendre de la tête. Après un cafouillage à quelques centimètres de la ligne, le plus jeune des Neville, sur la ligne, détourna dans ses propres filets (2-2, 66').

(A l'attention de M. Mourinho : ce n'est pas parce que le frère du capitaine de Manchester United Gary Neville a marqué contre son camp en faveur de son ancien club qu'il faudra l'accuser de tricherie dans la presse ces prochains jours. Merci de votre compréhension.)

Mauvaise opération pour les Toffees qui se retrouvaient contraints à repartir à l'attaque alors qu'ils pensaient certainement avoir fait le plus dur en première période. Souvenirs, souvenirs : lors de la 18e journée, Everton, qui menait 2-1 face à Chelsea, s'était finalement incliné 3-2 dans les dernières secondes de la partie. Les Reds allaient-ils leur jouer ce même tour? Réponse : oui.

Le salut allait venir de l'incontournable Wayne Rooney, devant ses anciens fans. Déjà buteur sur la même pelouse la saison passée, le White Pelé contrôla un centre détourné de John O'Shea avant de crocheter Hibbert et de tromper Turner du plat du pied (3-2, 78').

Quel revirement de situation! Menés 2-0 20 minutes plus tôt, Manchester United venait de marquer trois buts - et pas n'importe où : à Goodison Park, chez un prétendant à l'Europe. La grande classe, une réaction de champions.

Champions, un statut dont se rapprochent de plus en plus les Mancuniens. Le match venait de se terminer à Chelsea : Bolton, également en course pour une place en Coupe de l'UEFA, venait de donner du fil à retordre aux champions en titre en les forçant à concéder le match nul à Stamford Bridge (2-2). En cas de victoire de Man U, l'écart passerait de trois à cinq points, à seulement trois matchs de la fin de la saison!

Et les Red Devils ne faillirent pas à leur devoir, ajoutant même un quatrième but dans la dernière minute des arrêts de jeu. Le jeune Chris Eagles, talent tout droit sorti de la réserve, idéalement servi dans l'intervalle par Wayne Rooney, mit fin aux rêves de victoire des Blues (ceux de Liverpool bien entendu) en ne laissant aucune chance à Turner d'une frappe enroulée du droit (4-2, 90' +2).

Superbe après-midi pour les Mancuniens, qui sont plus près du trophée qu'ils ne l'ont sans doute jamais été cette saison. Trois matchs à jouer, neuf points à prendre pour Chelsea et United qui a cinq points d'avance : pour triompher, les Blues (ceux de Chelsea cette fois) n'ont plus leur destin entre leurs mains. Pour échouer, les Red Devils devraient concéder deux défaites sur les trois derniers matchs. On n'ose même pas y penser. Et Sir Alex l'a bien compris : il suffisait de le voir sauter dans les bras de Ronaldo et Carrick au coup de sifflet final!

Everton : Turner - Hibbert, Yobo, Stubbs, Lescott - Arteta, Neville, Carsley (Van der Meyde 83), Fernandes - Osman (McFadden 72), Vaughan (Beattie 71).

United : Van der Sar - O'Shea, Brown, Heinze, Evra (Richardson 56) - Solskjaer (Eagles 86), Scholes, Carrick, Giggs - Rooney, Smith (Ronaldo 63).

Buts : Stubbs (12'), Fernandes (49') pour Everton; O'Shea (60'), P. Neville c.s.c (66'), Rooney (78'), Eagles (90' +2) pour United.

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