Interview : Gary Neville (1ère partie)

Gary Neville a accordé une interview à MUTV pour parler de sa décision de prendre sa retraite, et de revenir sur quelques-uns des meilleurs moments de sa carrière. Dans cette première partie (l'interview étant divisée en trois parties), il revient sur sa décision de mettre un terme à sa carrière...


Tu as pris beaucoup de gens par surprise. Peux-tu nous raconter le fil des évènements qui t'ont conduit à faire cette annonce?

Je ne l'ai pas décidé le jour-même ; ce genre de chose ne vient pas comme ça. Ça a été une suite d'évènements durant ces derniers mois, et j'ai discuté avec le manager ces dernières semaines. Vous ne faîtes pas une annonce comme ça si vite. Je suis parti une semaine et je suis revenu à la même conclusion : j'avais le sentiment que c'était la bonne chose à faire et que mon temps était fini. Quand c'est le moment, c'est le moment.

Tu aurais pu jouer jusqu'à la fin de la saison. Pourquoi s'arrêter à mi-saison ?

Parfois, vous vous fiez à votre instinct, je suis quelqu'un comme ça. Je me suis dit que c'était bien. J'en ai parlé avec le manager, je resterais jusqu'à la fin de la saison, mais pas avec la même capacité que j'ai eu ces 19 ou 20 dernières années. Je travaillerais peut-être avec les jeunes joueurs, mais ça sera jusqu'à la fin de la saison. J'ai joué mon dernier match contre West Brom et assez vite après, j'en suis arrivé à la conclusion que je ne me sentais pas bien et que c'était fini pour moi. Je ne voulais pas traîner ça pendant 4 mois. Dans mon esprit, ce n'était simplement pas bien pour moi. Je me suis dit que le manager, le club et tous ceux qui ont fait tant pour moi penseraient la même chose. Ils l'ont accepté et m'ont soutenu dans ma décision.

Donc, tu as pris ta décision après le match contre West Brom le 1er janvier ?

Ce n'était pas après le match, c'était pendant! (rires) Non, je l'ai prise environ 1 mois avant ce match. Vous n'abandonnez pas juste après un mauvais match - j'en ai assez eu pendant 20 ans pour savoir que ça ne peut pas arriver! Au début de la saison, quand j'ai eu toutes ces petites blessures, la mentalité qu'on a au club est de revenir et repartir de plus belle. Mais j'avais le sentiment que je ne pouvais pas repartir. Le temps était venu pour moi. Il y a aussi le fait d'être utile à l'équipe. Ces deux dernières saisons, j'ai joué 25 ou 30 matchs chaque saison je crois. Il y avait des matchs, ou des périodes, où je sentais que j'apportais quelque chose à l'équipe. Une fois que vous avez perdu ça, vous avez à l'esprit que ce n'est pas bien. Vous ne voulez pas n'être qu'un passager.

Tu aurais peut-être préféré partir à la fin de la saison en soulevant un trophée : est-ce que c'est une façon discrète de s'en aller ?

Je ne crois pas. Vous pouvez écrire des scénarios dans votre esprit, mais la réalité c'est que la vie ne se passe pas comme ça. Dans un monde parfait, bien sûr, je serais parti en soulevant le trophée de champion à la fin de la saison. Mais ce n'est pas la réalité. Ce n'est pas la vraie vie. Des choses arrivent dans la vie à des moments où vous auriez voulu qu'elles n'arrivent pas. Mais je ne peux pas regarder en arrière et croire qu'il y a une mauvaise manière de s'en aller. Après tout ce qu'il s'est passé, c'est comme ça.

Avec qui avez-vous parlé de cette décision ?

Personne. J'ai pris cette décision moi-même. J'ai parlé à mes parents, à ma femme, mais ma décision était prise. Ils n'allaient pas essayer de me faire changer d'avis. Ils me connaissent bien, ils connaissent ma manière de voir les choses et la façon dont j'ai été dans ce club pendant 20 ans. Quand ce feu ne brûle plus avec la même intensité, vous savez qu'il se passe quelque chose. Les blessures que vous contractez vous découragent, alors ils apprennent comment vous fonctionnez. Ce n'était pas une question de leur demander leur avis, c'était plus une question de le leur dire, simplement. Me connaissant, ils l'acceptent. Ils sont peut-être déçus pour moi, c'est le genre de choses dont vous ne voulez pas voir la fin pour votre fils ou votre mari, mais c'est la vie.

Qu'est-ce que le manager avait à dire ?

Ça s'est bien passé. Au début, il m'a dit d'y réfléchir, ce n'est pas une décision à prendre à la légère. Il m'a vraiment beaucoup soutenu, il a été génial avec moi. C'est juste arrivé. De meilleurs joueurs que moi sont partis, de plus grands joueurs alors, ce n'est pas la fin du monde. C'est un gros évènement pour moi, évidemment, mais le plus important c'est que l'équipe continue à bien jouer. Nous avons 5 points d'avance et on espère continuer et gagner le titre.

Avez-vous parlé avec vos coéquipiers ?

J'en ai parlé à Paul (Scholes) et Ryan (Giggs). Ils ont dû l'apprendre quelques semaines plus tôt. On a joué ensemble pendant 25 ans. Je connais Scholesy depuis mes 12 ans, Ryan depuis mes 14. Alors je leur en ai parlé. On a tout vécu ensemble. Cependant, ils sont dans des moments complètement différents : ils sont des joueurs absolument incroyables et font encore des performances superbes. Ils sont toujours parmi les meilleurs de la Premier League et encore plus de United. J'espère pouvoir encore les regarder jouer pendant les prochaines années.

Tu es allé au club pendant 20 ans, pour t'entraîner et jouer. Comment tu vis le fait de ne plus avoir à faire ça soudain ? C'est un changement de vie...

En effet, mais ce n'est pas venu soudainement pour moi. Avec ce qui s'est passé ces dernières années, vous vous faîtes à l'idée que votre fin de carrière est proche. Ça aurait pu arriver à la fin de la saison dernière. Le club ne m'a contacté que quelques semaines avant la fin de la saison et j'étais assez décontracté. Je pensais vraiment que je jouais mes 2 ou 3 derniers mois au club. A ce moment-là, je m'étais préparé à la retraite. Le club m'a appelé et David (Gill) et le manager m'ont demandé de continuer encore un an. Vous ne pouvez pas dire non. Je me suis dit "Tu es Gary Neville, et tu joues pour Manchester United, c'est ton métier". J'ai supporté le club toute ma vie et personne à ma place n'aurait pu dire non. Pendant les vacances, je me suis entraîné pendant 4 semaines pour me préparer à une autre saison difficile, et je me suis fait une élongation au mollet le premier jour de la pré-saison, j'ai été indisponible un mois. Je suis revenu à ce que je pensais être une forme raisonnable en m'entraînant, mais sans jouer. Puis, ma cheville a explosé en octobre, une blessure que j'avais déjà eu il y a 4 ans. Ma cheville ne m'avait pas causé trop de soucis, mais c'est à ce moment-là que vous dîtes "Trop c'est trop". Vous en arrivez là.

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