Le préparateur physique de l'équipe première, Tony Strudwick, s'est assis le temps d'une interview avec Nick Coppack de ManUtd.com


Tony, quel a été le programme de reprise à Carrignton avant que l'équipe s'en aille pour les Etats-Unis ?

Nous avons une structure ici, où les deux premiers jours sont plutôt de l'observation et du test, de manière à établir où en sont les joueurs et quelles sont leur faiblesses. Il a des observations plus fonctionnelles, ainsi que médicales, avec le Dr Steve McNally. Nous avons besoin de connaitre l'état de forme des joueurs et quelles sont leurs priorités de façon à ce qu'ils soient au point pour le premier match de la saison en août. Une chose à noter est que nous reprenons très tôt cette année. Les années précédentes, nous avions un peu plus de temps. Mais le premier match [contre le New England Revolution] est arrivé vite, et donc la priorité était de replonger les joueurs dans la dynamique du jeu tout en intégrant le conditionnement nécessaire. La plupart du conditionnement est effectué en environnement de jeu. La pré-saison classique en montagne avec les courses et marches n'est pas au programme. Tout est basé sur le travail en environnement footballistique.

Les matchs amicaux ne sont pas si important que ça pour les fans, mais pour vous, c'est une tout autre histoire n'est ce pas ?

Je pense que notre façon d'aborder les matchs de pré-saison est dictée par la volonté d'être en condition optimale pour notre match face à West Brom. C'est la raison pour laquelle les joueurs auront eu un temps de jeu conséquent et seront parfaitement préparés. Ce que vous avez vu à Boston, c’était quelques joueurs disputant 45 minutes. Mais avec certaines absences, trois des joueurs présents ont du disputer l'intégralité de la rencontre. Nous devons identifier les joueurs capables de jouer 90 minutes de retour de vacances. Avant le premier match face à Wes Brom, nous allons nous concentrer sur le temps de jeu de chacun en tournée, et nous allons construire graduellement, en donnant l'opportunité à ceux qui le doivent, de jouer plus.

Quand espérez-vous voir les joueurs atteindre leur forme maximale ?

Idéalement, nous devons être au top dès la première journée face à West Brom. De manière plus réaliste, certains joueurs n'atteindront pas leur pic avant fin septembre, que vous le croyez ou non. C'est juste la façon dont certains organismes réagissent et c'est au manager de gérer son effectif et de l'ajuster en prenant en compte ces éléments. Typiquement, certains des anciens joueurs reprennent vite la forme à cause de l'habitude que l'organisme a prise. En intersaison, ils ne perdent pas énormément de forme, donc reviennent plus vite. Ils ont moins de marge à combler. Rappelez vous Paul Scholes l'année dernière - il a commencé brillamment avec le match de Community Shield la première journée face à Newcastle où il a été l'homme du match. Donc, vous voyez chaque joueur est un cas à part et réagit différemment. Nous nous devons donc d'identifier les besoins de chacun et c'est à ce niveau que nous personnalisons. Si on revient 10, 15 ans en arrière, la préparation se faisait de manière globale. Actuellement cette préparation est personnalisée. Même quand nous faisons de la musculation, nous avons certes une structure générique en place mais autour, nous avons des programmes propres à chacun. C'est la raison pour laquelle nous avons un tel staff. Vous ne pouvez avoir une attention pour le moindre détail uniquement avec deux ou trois membres.

Est ce la différence entre United et les clubs des divisions inférieures ?

Oui je pense. Je dirais que ce sont les petits détails et les ressources. Le manager a vraiment été judicieux en développant ce département et c'est entièrement soutenu par David Gill, qui a une vision sur le long terme - ne pas bâtir uniquement pour aujourd’hui mais pour le futur. Il y a un plan sur le long terme et un nouveau complexe, une extension de Carrington. Donc, du point de vue de la science sportive, ce que fait ce club est vraiment fantastique. De toute façon, c'est ce que nous devons faire dans le football moderne ou bien nous serons tout simplement dépassés. La pré-saison est une période importante pour nous, que ce soit pour l'équipe de force ou l'équipe de science sportive, mais il faut voir ce programme comme une continuité sur l'année. Ce n'est pas comme si on faisait une préparation physique et laissions les joueurs tomber au cour de la saison. Il y a un véritable suivi, mais j’admets que la pré-saison est la période la plus intéressante me concernant. Il n'y a pas l'intensité liée aux résultats - on ne se concentre que sur le physique et c'est la priorité de notre département. Nous apprécions cette responsabilité, c'est un challenge pour nous et nous y prenons du plaisir.

Vous avez pas mal de technologies à votre disposition. Que mesurez-vous exactement ?

Nous pouvons surveiller à peu près tout : les temps de sommeil, les courses, les sprints, les piques d'effort… A Carrington, nous avons la capacité de faire des analyses sanguines, de salive et d'un point vue scientifique, nous sommes capables de faire énormément de choses. Les décisions importantes que nous devons prendre maintenant concernent les données et les critères d'excellence que nous nous fixons. En gros, nous avons adopté la technologie de fréquence cardiaque ainsi que le GPS. Nous pensons que nous maitrisons ces technologies assez bien, et les ordinateurs que nous avons à Carrington sont exploités du mieux possible. Nous avons également un système qui nous indique où sont les joueurs dans la journée en terme de bien être.

Est-ce que les joueurs sont intéressé par l'aspect scientifique ?

Les athlètes sont généralement intéressés par la comparaison de leurs performances par rapport à celles des autres mais aussi par rapport à eux-mêmes. Ils sont donc intéressés par ce que nous faisons et nous nous efforçons de les encourager dans cette direction. La vision à long terme est importante. Quand les joueurs viendront le matin, nous feront un scan rapide et identifierons les risques ainsi que leur état de santé. Les performances seront étudiées également. Ils passent un test sur l'Ipad pour nous dire comment ils se sentent ensuite, nous faisons des tests salivaires et sanguins. C'est la partie où le Dr Steve McNally a joué un grand rôle et cela a changé le rythme journalier de nos footballeurs. Il y a maintenant beaucoup plus de monitoring et de préparation, plus de musculation que par le passé, et c'est dans cette direction que le jeu évolue. Nous nous devons d'être au top à ce niveau. Les joueurs ont des attentes maintenant quand ils viennent à United. Quand des joueurs sortent de grands clubs avec de bonnes installations, ils s'attendent au moins au même niveau à United. Nous espérons que nous délivrons le meilleur service possible car ce sont de grands joueurs et ils le méritent. Nous nous devons de fournir ce qu’il y a de mieux.

Des petites marges peuvent avoir un gros impact dans le football. Est-ce-ce aussi simple que de dire « si nous pouvons augmenter la détente verticale d'un joueur d'un centimètre, cela peut faire la différence qu'un but soit marqué ou non ?

Absolument, et le processus de modernisation à été mis en pratique avec Javier Hernandez l'année dernière. Il y a un processus d'observation et de recrutement tout simplement incroyable concernant ce transfert, et bien sur, beaucoup de monitoring quand il est arrivé. Il est arrivé et nous avons cerné les points sur lesquels nous devions travailler. Nous avons effectué un gros travail pour permettre au joueur d'évoluer en Premier League. Vous devez garder à l'esprit que le championnat anglais est différent de ce que à quoi beaucoup joueurs sont habitués. C'est une ligue vraiment à part, très exigeante physiquement, et nous devons faire tout notre possible pour aider les joueurs à donner le meilleur d'eux mêmes le samedi après midi.

Le travail effectué avec Javier semble indiquer que les techniques fonctionnent…

Gary Walker, responsable du département conditionnement et force, a fait un immense travail avec Javier l'année dernière et Gary a des priorités cette année avec les nouvelles recrues. Ces joueurs sont les priorités pour l'équipe de science sportive. Il y a le nouveau gardien bien sur et il aura beaucoup de travail avec l'entraineur des gardiens Eric Steele. Nous devons faire en sorte que l’athlète soit en adéquation avec les requis spécifiques à son poste, et c’est ce dont l'équipe de science sportive se préoccupe.

Pour les joueurs, le point négatif avec toutes ces innovations est qu'ils ne peuvent plus se cacher durant la pré-saison !

Non, effectivement, ils ne peuvent pas se cacher. Mais nous sommes vraiment bien lotis avec les joueurs que nous avons. De manière globale, ils travaillent dur et n'auraient de toute façon pas atteint ce niveau sans faire preuve de professionnalisme. Je dois dire que tout le monde a fait preuve de grande concentration depuis le retour du break. D'une certaine manière, cette pré-saison se passe de manière plus paisible que l'année dernière après la Coupe du Monde. Nous n'avions pas les joueurs ayant participés à celle-ci et de plus, deux autres étaient blessés - Mchael Owen, Rio Ferdinand, Michael Carrick… Cette année, tout semble être sur de bons rails.

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