Ryan Giggs, recordman des victoires en championnat avec neuf titres, nous parle du moment où il a su que United était champion et nous explique pourquoi cela a été le succès de toute une équipe.


Où étais-tu lorsque tu as su que United était champion?
J'étais chez un ami. Je n'aime pas regarder nos rivaux jouer. A chaque fois que j'ai regardé Chelsea chez moi cette saison, ils ont gagné. Mais, je suis allé chez mon ami voir Chelsea jouer à Newcastle et ils ont fait un nul, donc je me suis dis que je devrais aussi aller voir le match à Arsenal. Pendant le match contre Newcastle, j'ai fini par éteindre la télé parce-que j'étais sûr que Chelsea allait finir par marquer et gagner. Mais je suis resté tout le match contre Arsenal.

Quelle a été ta réaction au coup de sifflet final?
C'était super, ouais. J'étais avec tous mes potes et il y avait les fans aussi donc oui c'était vraiment super. Mais je ne pouvais pas attendre de voir mes coéquipiers et de fêter ça avec eux. Et puis après, tous les joueurs n'attendaient plus que le match face à West Ham pour fêter le titre avec les fans.

A quel point le match à Manchester City était dur, Sir Alex a dit que certains joueurs étaient vidés?
Oui, et j'étais l'un de ces joueurs! C'était très dur de revenir de cette défaite à Milan. On savait juste qu'on devait faire quelque chose à City pour plus ou moins gagner le championnat. Vous devez tout donner, quelle que soit la fatigue que vous pouvez ressentir parce-que l'enjeu est là. Dans ces situations, vous devez y aller à fond ensemble, et on a défendu en équipe, on a gardé notre discipline. On a eu un peu de magie avec ce penalty de Cristiano et je pense qu'à ce moment-là, tout le monde a su que, bien que tout n'était pas fini mathématiquement, on avait saisi notre chance de finir le travail.

Cette équipe est dite comme la Troisième de Sir Alex. Comment est-elle comparée aux deux précédentes?
Cette équipe ressemble le plus à celle de 1993. Cette équipe était une vraie équipe de contre-attaque, avec des joueurs comme moi, Sharpey et Kanchelskis. Et avec Ince et Keane, on avait la capacité à aller d'un bout à l'autre du terrain. On retrouve la même chose aujourd'hui. Il y a beaucoup de puissance et d'allure offensive dans cette équipe avec Wayne (Rooney), Cristiano (Ronaldo) ou Louis (Saha). On a une grande vitesse en attaque. Mais, parce-que nous sommes une équipe offensive, la façon dont notre défense s'est débrouillée est encore plus impressionnante. Nos défenseurs ont été brillants.

Quelle importance a eu la stabilité défensive dans la course au titre, particulièrement l'association de Rio Ferdinand et Nemanja Vidic?
Notre stabilité défensive a été l'une des principales raisons de notre parcours. Tous les champions ont besoin d'un solide "back four" et d'un bon gardien, et nous avons certainement eu cela. Le duo défensif Terry-Carvalho a été l'un de leur principaux atouts. Il me semble qu'ils ont joué dans quasiment la totalité des matchs de la saison dernière. Ca a été la même chose pour nous cette année. Et ce n'est pas seulement Rio et Vida, mais toute la défense nous a donné une base solide et grâce à ça, on a pu jouer un football attractif et marquer beaucoup de buts, puisqu'on savait qu'on avait une défense solide derrière.

Lequel de tes coéquipiers t'as le plus impressionné cette saison?
Je n'aime pas trop sortir un joueur du lot, mais la façon dont Cristiano a été si constant, si bon, et pour un si jeune joueur, ça le met plus en évidence. Il a été brillant cette saison. En tant qu'ailier, vous dépendez des ballons donnés par vos coéquipiers dans les bonnes positions. C'est dur d'être constant, mais il l'a fait et tout le monde le reconnaît. Mais c'est difficile de sortir un joueur du lot. A mon sens, notre succès a d'abord été collectif, chacun y a contribué.

Ca a été un effort collectif?
Oui, définitivement. Le coach dit que chaque membre de l'équipe jouera un rôle. Ce n'est pas comme il y a 20 ans, ou lorsque j'ai débuté, quand il y avait un noyau de 14-15 joueurs. C'est un groupe de 22-23 joueurs maintenant. Regardez Henrik (Larsson) par exemple, il n'a été ici que pendant dix semaines mais a été d'une grande aide. Fletcher et O'Shea ont été brillants et ont joué à plusieurs postes. Il y a un certain nombre de joueurs qui ont été vraiment importants pour nous parce-qu'en cas de blessure, ils étaient là.

L'équipe a été encensée pour son niveau de jeu, mais que montrent les matchs face à Fulham, Liverpool et Everton à propos du mental, de la détermination de l'équipe?
Vous pouvez produire des performances comme ce que nous avons fait contre Bolton ou Blackburn en deuxième mi-temps, mais vous ne pouvez pas être à ce niveau chaque semaine. Vous devez parfois vous contenter d'un score serré et d'un but en fin de match. Vous ne pouvez pas paniquer, et je pense que les joueurs d'expérience aident dans ces situations, mais vous avez aussi besoin de la solidité défensive dont j'ai parlé tout à l'heure, ainsi que de la capacité à aller marquer à n'importe quel moment d'un match. On a montré tous ces atouts cette saison. C'est pourquoi je pense que ça a été un effort collectif. Le match à Liverpool est un exemple parfait de victoire à l'arrachée, et on le voit souvent chez les champions avec ces buts à la dernière minute, souvent alors qu'ils n'ont pas très bien joué.

Y a-t-il eu un match où tu t'es dis: "on va être champions"?
Je ne pense pas qu'il y ait eu de match en particulier, mais il y a eu des moments où on a eu des signes comme à Liverpool, à Fulham, lors des deuxièmes périodes contre Blackburn et Everton, lorsqu'on a montré tout notre caractère et notre détermination. La victoire en championnat tient souvent à ces matchs gagnés à l'arrachée. On a eu le bon mélange entre les belles victoires méritées et les victoires à l'arrachée alors que nous ne jouions pas si bien. On a montré que l'on pouvait jouer du beau football mais aussi que nous pouvions nous en sortir dans la difficulté.

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