Les premiers pas de Manchester United en Champions League cette année, et aussi les premiers pas de nombreux joueurs qui n'avaient pas encore eu l'occasion d'être alignés cette saison, à cause de blessures ou de choix tactiques. C'est donc pas moins de huit changements que Ferguson a opéré pour ce déplacement au Portugal, qui s'annonçait d'ores et déjà comme le match le plus difficile du groupe.


Le coach a été clair en début de semaine, c'est une victoire finale que visent les mancuniens en C1. Après les deux finales perdues de 2009 et 2011, il ne peut en être autrement, la soif de succès et de revanche animent toute l'équipe, et le désir pour Ferguson d'aller chercher sa troisième ligue des champions est plus présent que jamais. Nous avons eu la chance d'hériter d'un groupe relativement facile, composé du Benfica, de Bâle et d'Otelul Galati. Et c'était au Estadio da Luz que nous lancions notre campagne européenne, soit dans un stade qui nous rappelait les mauvais souvenirs de la saison 2005/2006, où nous avions été éliminés lors de la phase de poules.

PREMIERE PERIODE :

On le disait, huit changements effectués par rapport au match de Bolton, afin de préserver certains joueurs pour le choc de dimanche. On voyait donc les retours de blessure de Valencia et Fletcher, ainsi que les titularisations des expérimentés Park, Giggs et Carrick. Europe rimant avec expérience, c'était un 4-5-1 avec Rooney seul en pointe qui était composé par le gaffer. Tout le monde s'attendait à une opposition très difficile, dans cette antre du football, et ce pressentiment fut illustré dès les premiers instants de la rencontre. Le club portugais effectuait un pressing de tous les instants, qui mettait à mal notre milieu axial, qui avait bien des difficultés à s'imposer physiquement et techniquement.

Le premier constat était flagrant, notre entre-jeu n'avait rien a voir avec celui composé habituellement en ce début de saison d'Anderson et de Cleverley. La paire Carrick-Fletcher était toujours en retard lors des interventions défensives, laissant trop de libertés et d'espaces aux joueurs adverses, et surtout, ils n'arrivaient pas à créer ne serait-ce que quelques phases offensives. Ces deux joueurs étaient méconnaissables, l'anglais ne prenant aucune initiative vers l'avant, cherchant toujours la facilité dans la passe et s'autorisant une prise de risque avoisinant les 0%. Tandis que l'écossais, bien qu'impliqué, avait du mal à avoir un abattage conséquent, il se contentait de subir, malgré quelques bonnes intentions. Sa capacité à porter la balle était proche du néant, mais cela reste plus compréhensible pour lui qui n'avait plus joué depuis de longs mois. Ca l'est moins pour Carrick et son niveau de forme devient inquiétant, au point que l'on puisse commencer à envisager une certaine dépendance à Anderson, puisqu'il n'y avait absolument personne pour dynamiter notre jeu sur le terrain (Rooney ne peut pas tout faire !).

C'est pourquoi nos seules rares offensives partaient systématiquement des côtés, avec sur la droite un Valencia qui lui revenait en pleine forme, capable de faire la différence grâce à un énorme coup de rein, comme d'habitude. Tandis que sur la gauche, Evra réalisait la meilleure performance de son début de saison, avec une habileté offensive et une certaine lucidité qui donnait l'impression de retrouver le Patrice de 2009/2010. Mais comme dit au préalable, ce n'était pas suffisant pour perturber la défense lisboète, et c'est eux, nos adversaires, qui se montrèrent dangereux les premiers, sur une frappe non cadrée de Gaitan. Nouvelle alerte, trois minutes plus tard, sur un tir puissant de Cardozo, que Lindegaard captait sans problèmes. Car c'était bel et bien le gardien danois qui occupait le poste de keeper, remplaçant De Gea. Pour sa première apparition en Champions League et seulement sa troisième apparition avec le club en compétition officielle, on peut dire qu'il a réalisé un match quasi-parfait. Serein et habile dans la relance, il a aussi montré sa bonne détente et la fermeté de ses interventions. Nul doute que la concurrence au poste de numéro un sera rude, et ce tout au long de la saison.

Il ne put d'ailleurs rien faire sur le premier but de la rencontre, à mettre à l'actif des locaux, but plein de classe, il faut l'avouer. C'est Gaitan qui est à la manoeuvre au tout début de l'action, se mettant en bonne position sur l'aile grâce à un joli mouvement, et adressant un centre de l'extérieur du gauche proche de la perfection vers Cardozo. L'attaquant paraguayen enchaîne avec maîtrise et rapidité, éliminant Evans d'un contrôle orienté et atomisant Lindegaard d'une frappe dans le petit filet, tout en puissance, tout en technique. Un résultat logique donc, au vu du match, et une sensation qu'il fallait vite passer à la vitesse supérieure, sous peine de voir des points nous filer entre les doigts.

Malgré cette douche froide, le jeu restait stérile, et Wayne Rooney était bien esseulé sur le front de l'attaque, multipliant les courses, et donc les efforts, pour rien, puisque aucun de ses partenaires n'arrivaient à jouer convenablement avec lui, à combiner, ni même à sentir ses appels, ses décrochages. Comme évoqué précédemment, seul Valencia venait perturber la défense, Park restant très timide. Encore plus inquiétant, des erreurs dues à des manques de solutions dans le jeu faisaient leurs apparitions, avec notamment une perte de balle étonnante de Giggs à la 35ème, qui faillit nous coûter cher.

Mais le gallois, jusqu'alors discret, rappela à tout le monde pourquoi à près de 38 ans il pouvait être aligné en Champions League. Sur une très bonne course balle au pied, il propulsa un ballon de l'extérieur de la surface sous la barre d'Artur, égalisant avec caractère. Lui qui n'avait pourtant plus vraiment l'habitude de prendre ce genre de frappes de loin, en mentor, il montrait la voie à ses partenaires, démontrant l'utilité de la présence des cadres dans ces déplacements périlleux. 1-1 à quelques minutes du repos, sans dire que c'était un hold up, nous pouvions être plutôt satisfaits de nous voir revenir au score, nous qui étions si pauvres dans l'animation offensive.

DEUXIEME PERIODE :

Dès la reprise, les joueurs montraient déjà plus d'ambitions, et c'est toute l'équipe qui était plus incisive, en témoigne cette nouvelle accélération de Valencia, dont le centre n'était pas loin d'amener le second but de la soirée. La confiance s'engrangeait peu à peu et les deux duos des ailes faisaient preuve de beaucoup d'envie, bien que restant toujours aussi peu aidés par leurs compères de l'axe. Un Giggs plus présent depuis son but rendait la copie globale beaucoup plus alléchante, et Benfica n'arrivait plus du tout à imposer son pressing jusqu'alors si décisif.

Les locaux sentaient bien que le vent était en train de tourner et ils devenaient de plus en plus fébriles, et très nerveux. Comme Maxi Pereira qui écopa d'un carton jaune, après une faute évidente sur notre ailier sud-coréen. Peu de temps après c'est à nouveau l'aile gauche qui se mit en évidence, Evra et Park combinant et permettant à Fletcher de prendre une frappe, qu'il n'arrivait pas à rendre assez puissante pour tromper la vigilance du portier adverse.

C'est à la 64ème minute que nous nous créâmes notre plus grosse action du deuxième acte, par l'intermédiaire de Giggs, encore une fois, qui slalomait avec finesse dans la défense, déposant sur place trois défenseurs et se retrouvant en position de duel avec Artur. Malheureusement, malgré une bonne initiative du gauche, le gardien portugais détournait avec un brin de réussite le cuir en corner, pour ce qui aurait pu être la balle de match.

Cet avertissement sonna apparemment comme un électrochoc pour Jorge Jesus et ses hommes, puisque 120 secondes plus tard, c'est Lindegaard qui montrait à nouveau tout son talent, sortant probablement l'arrêt du match sur une reprise instantanée de l'entrée en jeu, Nolito. Le Benfica reprenait des couleurs et c'était cette fois Emerson qui voyait sa tentative fuir le cadre. Sir Alex sentait bien qu'il fallait redonner du sang frais à l'équipe et il intégra alors Chicharito et Nani au groupe, eux qui remplaçaient respectivement Fletcher et Valencia, à une vingtaine de minutes du terme de la partie. On basculait donc dans un 4-4-2 plus classique, similaire (hormis la défense) à celui qui avait été aligné contre le FC Barcelone le 28 Mai dernier. Chicharito trouvait donc sa place aux côtés de Rooney, lui qui avait été décisif lors de notre premier déplacement en Champions League l'an dernier, marquant dans les tous derniers instants de la rencontre sur la pelouse du Mestalla, dans une physionomie de match qui était d'ailleurs assez similaire à celle d'hier soir.

Et pourtant, ces rentrées ne furent pas très productives, Nani livrant même une prestation catastrophique, l'accueil hostile qui lui était réservé de la part du public adverse était loin de le transcender, au contraire, son jeu n'était fait que de mauvais choix et d'imprécisions. Celui qui continuait à se montrer, avant tous les autres, c'était Anders Lindegaard, qui concluait son excellente performance par un arrêt très aérien sur une frappe lointaine de Gaitan. La rentrée de Jones en lieu et place de Fabio quelques minutes plus tard était assez anecdotique et plus fruit d'un désir d'apporter une plus grande solidité à notre défense, le coach semblant se contenter de ce seul et unique point.

On a tout de même l'impression que, paradoxalement, le rentrant qui a eu le plus d'impact positif est le jeune anglais, très disponible sur son aile droite et beaucoup plus dans le rythme exigé que son coéquipier portugais. A plusieurs reprises il a été servi par un Rooney revenu à un rôle de pur meneur de jeu, provoquant sur son côté et adressant quelques centres qui ne pouvaient cependant pas trouver l'opportuniste mexicain.

Dernière sueur froide du match et énième erreur de Nani, qui sur un tacle dans la surface, permettait à Witsel de servir en une touche de balle Nolito, qui se retrouvait seul devant les buts. Dans la précipitation, à notre plus grand bonheur, et à son plus grand désarroi, l'espagnol ne put que toucher le petit filet extérieur, lui qui avait pourtant là une belle occasion de convertir la balle du K.O. C'était donc le dernier coup d'éclat de cette rencontre, une rencontre assez irrégulière dans l'ensemble, des deux côtés.

Bilan :

Comme annoncé depuis le tirage au sort, ce déplacement dans la capitale portugaise s'est révélé très difficile à négocier, mais l'essentiel semble avoir été assuré, ne pas perdre. Allez prendre un point dans ce stade est loin d'être une contre-performance et quand on sait les confrontations qu'il nous reste dans ce groupe, on ne peut qu'être confiants quant à une qualification.

Ferguson avait de toute manière déjà une partie de son esprit tourné vers le match de dimanche contre Chelsea, puisqu'il a préféré laisser de nombreux titulaires du moment au repos. Si Bâle occupe à l'heure actuelle la première place du groupe suite à sa victoire arrachée sur un penalty dans les dernières minutes contre Otelul Galati, la réception du club suisse le 27 septembre prochain sera très certainement l'occasion de corriger cela.

En attendant, il faut se contenter de ce petit point, qui a certainement apporté quelques regrets aux deux formations.


Les groupes :

Benfica : Artur, Emerson, Garay, Luisao, Pereira, Amorim (Nolito, 56'), Witsel, Garcia, Gaitan (Cesar, 90'), Aimar (Matic, 75'), Cardozo.

United : Lindegaard, Evra, Smalling, Evans, Fabio (Jones, 78'), Carrick, Fletcher (Chicharito, 69'), Giggs, Park, Valencia (Nani, 69'), Rooney.

Les buteurs :

Benfica : Cardozo (24').

United : Giggs (42').

Les cartons :

Jaunes : Rooney (United, 27'), Aimar (Benfica, 39'), Pereira (Benfica, 61'), Carrick (United, 65'), Gaitan (Benfica, 69').


Article rédigé par Best_07

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