Non, les matchs contre Chelsea ne sont pas des derbys, mais oui, les victoires contre les blues depuis quelques années ont des saveurs bien particulières. Ce fut encore le cas hier, avec un succès acquis non sans quelques difficultés, qui nous place en tête de la Premier League, seuls, puisque City a dans le même temps perdu des points sur la pelouse de Fulham.


Les rencontres face aux hommes d'Abramovitch ont l'habitude d'être engagées, offrant souvent des oppositions individuelles entre les joueurs de tous les instants, et donnant la plupart du temps lieu à des situations épiques. Autant dire d'emblée que le choc d'hier après-midi n'a pas dérogé à la règle. Si le duo Vidic-Drogba n'était pas là pour rendre compte de ce parfum très spécial, les seconds rôles n'ont pas terni une affiche qui s'impose comme un classique des dernières saisons.

PREMIERE PERIODE :

Le début du match s'engageait immédiatement sur un rythme effréné, rythme qui prédominera tout au long des 90 minutes. Le premier mancunien à se montrer à son avantage n'était autre que De Gea, repoussant du pied une tentative en première intention de Ramires. Le ton était donné, Chelsea contrairement à Arsenal ou Tottenham, les autres clubs londoniens ayant foulé la pelouse d'Old Trafford en ce début de saison, ne voulait pas faire figuration. Et c'est avec un trio Mata-Torres-Sturridge que Villas-Boas souhaitait perturber notre solidité défensive.

Ambition très éphémère puisque nous ouvrions le score dès la 8ème minute de jeu. Sur un coup-franc botté par Young, Smalling, laissé étrangement seul, vint placer une tête parfaitement dosée, qui laissait Petr Cech statique dans ses buts. Si après visionnage des ralentis nous nous apercevons que l'anglais était bel et bien hors-jeu, l'erreur de la défense des blues et le coup de patte exemplaire de Young ne sont pas à ignorer pour autant. Ashley pour Chris, ça avait déjà été la combinaison victorieuse contre City, et cela montre surtout tous les effets bénéfiques de l'intégration de ces joueurs là pour nos phases arrêtées.

L'ancien joueur d'Aston Villa a d'ailleurs prouvé durant toute la rencontre à quel point son adaptation au jeu et à la mentalité de l'équipe avait été immédiate. Non seulement il réalisait avec ce coup-franc sa cinquième passe décisive de la saison, mais il faisait aussi preuve de générosité sur son aile. Actif d'un point de vue défensif et offensif, il s'orchestrait admirablement autour d'Evra et restait disponible à chaque action, la fatigue ne semblant pas être un obstacle pour lui.

Mais avant de parler de l'efficacité de notre quator offensif, il faut féliciter notre défense, toujours aussi jeune et toujours aussi forte, qui a encore prouvé hier tout le bien que l'on pense d'elle. Toujours est-il que cette ouverture du score lançait définitivement le match sur un tempo ahurissant. Les joueurs de Chelsea ne tardant pas à se montrer à nouveau dangereux par l'intermédiaire des espagnols Torres et Mata, plutôt en jambes en ce début de partie. C'était d'ailleurs des échanges 100% hispaniques qui se déroulaient sur le terrain puisque ces joueurs là tombaient sans cesse sur un De Gea plus en confiance qu'à l'accoutumée.

Malgré notre avance au score, notre jeu n'était pas aussi flamboyant que lors de nos dernières rencontres en Premier League, cela étant peut-être dû au retour de Fletcher dans l'axe du milieu, qui n'était vraisemblablement pas encore au mieux de ses capacités. A ses côtés, Anderson livrait une prestation assez mitigée. S'il fut plutôt à l'aise dans le premier quart d'heure, gardant toujours cette disponibilité et cet allant qui le caractérise depuis le mois d'août, il se montrait tout de même plus approximatif dans les transmissions. Un léger frein qui semblait aussi se propager sur d'autres joueurs, à l'image de Rooney et Chicharito, le premier n'arrivant pas à retrouver une justesse impeccable, et le second restant toujours aussi peu influant dans le jeu et moins tranchant dans ses appels, au point de devenir invisible voir maladroit.

Ce fut d'ailleurs un petit miracle que les blues n'égalisent pas quand à la 26ème minute, Ramires se retrouvait devant les buts vides, avec un De Gea complètement excentré, et qu'il n'arrivait pas à mettre le ballon au fond des filets. Au vu du ralenti, on peut même se rendre compte de l'erreur totale du Brésilien, qui aurait selon toute logique dû laisser ce ballon filer vers Sturridge, mieux placé. Quoiqu'il en soit, ce raté arrangeait nos affaires et sonnait comme un premier vrai avertissement.

La réaction n'allait cependant pas tarder à intervenir, et de quelle manière ! Sur une ouverture magistrale d'Evans, Nani percutait avec facilité au milieu d'une défense apathique et s'en allait crucifier Cech d'un missile de l'extérieur de la surface. Comme dirait Stéphane Guy, "Nani, c'est Buzz l'éclair !". J'aimerais cependant, avant de m'incliner devant le génie du portugais, m'incliner devant celui du Nord-Irlandais. Souvent critiqué depuis deux saisons, à juste titre il faut l'avouer, il revient pour la nouvelle campagne avec de toutes autres intentions et il fait figure de concurrent solide à Jones et Smalling. Ce n'est pas un faire valoir de notre jeunesse dorée, il en fait partie. Comme si le fait de prendre l'ancien numéro de Brown lui avait donné une nouvelle énergie, le 6 s'accordant idéalement avec son niveau de jeu. Solide dans les duels, mesuré dans ses diverses interventions et inspiré à la relance au point de faire une passe plus que décisive, son coup de patte est au moins aussi important que celui de Nani, la classe à l'irlandaise, tout simplement.

2-0, le score était plutôt flatteur car nous marquions finalement sur nos deux seules tentatives de la première mi-temps, et notre efficacité habituelle n'allait pas s'arrêter là, puisque c'est Rooney qui, quelques minutes plus tard, venait parachever un travail irréprochable de nos joueurs. Sur une percée fulgurante de Phil Jones (semblable à celle face à Bolton), le jeune joueur jouait un une-deux un peu brouillon avec Nani, balle qui revenait finalement par chance dans les pieds du portugais, qui glissa le cuir d'un bon réflexe vers un Rooney opportuniste, qui n'avait plus qu'à pousser la balle dans le petit filet. Devant un Strettford End éblouit, c'était donc une avance de trois buts que nous prenions, juste avant le repos, et ce en ayant connu quelques difficultés. La réussite était de notre côté, comme souvent.

DEUXIEME PERIODE :

A la reprise, l'entraîneur des bleus réagissait d'entrée et sortait un Lampard fantomatique pour intégrer Nicolas Anelka. Changement payant, et ce au bout de seulement une trentaine de secondes puisque le français mettait Fernando Torres sur orbite, qui d'un petit piqué trompait un De Gea peut-être trop tendre sur cette action. Réduction du score mérité il faut le dire, et qui promettait d'offrir une seconde période très incertaine, l'odeur d'un match fou n'étant pas très lointaine.

Les dix minutes qui suivaient reflétèrent l'incertitude de cette rencontre. Nous étions sevrés de ballons et l'initiative était à mettre à l'actif des visiteurs qui, plus libérés qu'en première période, croyaient fermement en leurs chances de réaliser un petit miracle. Et pourtant, grâce à Nani, encore lui, nous avions l'occasion de probablement tuer le match. Lancé sur l'aile gauche, il fit une incursion semblable à celle réalisée lors de son but, et il frappa à nouveau. La balle, légèrement déviée, toucha la transversale et revint dans les pieds de notre numéro 17 qui, fauché par Bosingwa, ne put aller au bout de son action. Phil Doyd fut intransigeant, penalty pour United. Mais, étrangement, il ne donnait même pas un carton au latéral des blues qui aurait pourtant mérité de voir jaune, au moins.

Un petit sourire de Wayne avant d'inscrire ce qui devait être son dixième but de la saison, comme pour montrer qu'il n'était peut-être pas si concentré que cela. A l'image de son match, irrégulier, il s'élança et glissa au moment de frapper le ballon, qui s'envola donc bien à côté de la cage du gardien tchèque. L'écart restait de deux buts et l'épine du pied qu'aurait pu nous retirer l'anglais était toujours incrustée. Avec un peu plus d'une demi-heure à jouer, tout restait possible dans ce match. Ferguson procédait alors à des changements, Valencia remplaçant un Smalling exténué sur l'aile droite et Carrick faisant souffler Anderson. Nous retrouvions donc le milieu Carrick-Fletcher qui était loin d'avoir apporté satisfaction lors du déplacement à Lisbonne.

C'était le jeune belge Lukaku qui entrait lui côté blues, et il faillit se montrer décisif immédiatement. Mais grâce à l'intervention d'un Evra héroïque, nous préservions ce résultat. Patrice a par ailleurs offert une très bonne performance, se montrant salvateur à diverses reprises durant la rencontre, jouant avec sang froid et assurance dans beaucoup de situations pourtant très compliquées à négocier.

Valencia et Carrick faisaient deux rentrées totalement différentes. Alors que l'équatorien montrait une nouvelle fois qu'il est très solide en latéral droit, combinant intelligemment avec Nani et se montrant autoritaire dans les duels, Carrick continuait à dévoiler des signes de faiblesses inquiétants. Lent dans le jeu, peu inspiré, il perdurait avec ses traditionnelles passes en retrait et son manque d'impact flagrant au milieu de terrain. A voir ses prestations, on ne peut qu'espérer un retour rapide de Tom Cleverley.

La pression restait malgré tout sur nos buts, Torres étant l'attaquant qui s'illustrait le plus, tentant continuellement d'offrir le but qui aurait pu tout changer. Cette balle de but, il finit par l'avoir à sept minutes du terme. Grâce à un nouvel appel de qualité, il se présenta seul face à De Gea. Auteur d'un dribble inspiré sur notre keeper, il se retrouvait devant le but vide, mais, sous l'exultation la plus totale de la tribune mancunienne, il rata l'immanquable. Malgré un bon match, il montrait à nouveau toute sa faiblesse mentale. Un raté qui sonnait comme le dernier tournant du match, ou plutôt le dernier non-tournant. Car si cette rencontre s'est distinguée par son originalité, c'est à travers divers moments décisifs, qui n'ont pas su être concrétisés par les acteurs. D'abord en première mi-temps, sur l'occasion incroyable de Ramires, ensuite en deuxième, avec le penalty de Rooney, et enfin en toute fin de match, avec ce déchet de l'espagnol.

Autre moment clé, quelques minutes plus tôt, la blessure de Chicharito, suite à une agression de Cole, logiquement sanctionné d'un carton jaune, mais illogiquement non sanctionné d'une faute. Sur cette action, Rooney trouvait d'abord le montant sur une frappe manquée, et au moment de reprendre la balle, le mexicain était littéralement fauché par Cole, qui provoquait la sortie immédiate de notre attaquant. Remplacé par Berbatov, le bulgare trouvait donc un peu de temps de jeu, lui qui ne doit se contenter que de bouts de match, et encore, depuis la reprise du championnat.

Et la dernière action le vit d'ailleurs avoir la possibilité d'inscrire son premier but de la saison. Mais Rooney fut à nouveau imprécis dans le dernier geste, d'abord bien servit en profondeur, l'offrande qu'il était censé distribuer à Dimitar sonna plutôt comme un cadeau empoisonné, puisque notre numéro 9 dut s'arracher pour reprendre la balle et ne put éviter le retour désespéré d'Ashley Cole.

Le coup de sifflet final retentissait enfin, et nous réalisions que nous venions de maîtriser notre adversaire avec beaucoup de métier et d'expérience. Nani marchait de manière autoritaire sur la pelouse, la tête relevée, les éloges pleuvant à son égard, et elles étaient justifiées. L'homme offensif de la rencontre, auteur d'un but splendide et jouissif dans son intelligence de jeu, tant par ses dribbles que par son jeu collectif, avec toujours le désir d'être constamment dans la création et dans l'élimination. Du grand Nani, ou du Nani version 2011, plutôt.

Bilan :

Ce choc promettait beaucoup, et il est loin d'avoir été décevant, l'issue ne pouvant être que réjouissante pour nous autres mancuniens, bien que le contenu ne fut pas toujours parfait. Nous avons souffert sur de nombreuses périodes, mais nous avons su nous imposer en leaders, sans n'avoir presque jamais tremblé, signe d'une confiance inébranlable.

C'est donc notre début de saison parfait qui continue, cinq victoires en tout autant de rencontres, chaudement installés dans notre fauteuil de leader, et comptant désormais 11 pts d'avance sur Arsenal, 5 sur Chelsea, et 2 sur nos voisins de City. La seule chose à espérer désormais est que la blessure d'Hernandez ne soit que mineure.

Comme le 8 mai dernier, cette victoire à domicile contre Chelsea résonne comme une victoire de champion, l'optimisme ne peut qu'être de mise.

Les groupes :

United : De Gea, Smalling (Valencia, 62'), Jones, Evans, Evra, Fletcher, Anderson (Carrick, 62'), Nani, Young, Rooney, Chicharito (Berbatov, 79').

Chelsea : Cech, Bosingwa, Terry, Ivanovic, Cole, Ramires, Lampard (Anelka, 46'), Mereiles (Mikel, 79'), Mata, Sturridge (Lukaku, 68'), Torres.

Les buteurs :

United : Smalling (8'), Nani (37'), Rooney (44').
Chelsea : Torres (46').

Les cartons :

Jaunes : Ramires (Chelsea, 49'), Terry (Chelsea, 56'), Cole (Chelsea, 78'), Valencia (United, 80'), Fletcher (United, 85').



Article écrit par Best_07

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