Ce rendez-vous de Premier League glissé entre un match de coupe et un match européen s'annonçait depuis des semaines comme le piège idéal pour nos adversaires. Un déplacement à Stoke City qui a tout de suite pris une tournure délicate, le Britannia Stadium devenant un enfer pour nos joueurs, qui ont connu une soirée très difficile.


Ce sont nos premiers points de la saison que nous avons laissés échapper sur cette pelouse. Une contre-performance qui permet donc à nos voisins de recoller à notre hauteur en tête de classement. Nous étions pourtant prévenus, tous nos concurrents directs pour le titre avaient gagné, il nous fallait alors impérativement poursuivre sur le même rythme pour ne rien lâcher. C'était sans compter sur la détermination et l'engagement des joueurs de Tony Pullis, qui ont à nouveau fait preuve d'une solidité étonnante à domicile.

PREMIÈRE PÉRIODE :

La première mauvaise surprise fut d'apprendre les absences de Rooney et d'Evans, à quelques minutes du coup d'envoi, tous les deux légèrement blessés. Si la perte de l'anglais pour ce match ne semblait pas catastrophique, tant nous avons une profondeur de banc importante, conjuguée à la blessure de Chicharito intervenue très tôt dans le match, elle s'est révélée comme étant un vrai poids.

Car si les premières minutes furent engagées, ce n'était pas dans le bon sens du terme. Alors que Javier Hernandez se retrouvait seul devant le gardien de Stoke, idéalement placé, une charge de Woodgate le déséquilibrait et l'empêchait de terminer son action. Selon toute logique, un penalty aurait dû être sifflé et un carton sorti. Mais rien de tout cela. Alors que le mexicain se voyait contraint de quitter ses partenaires prématurément, les joueurs de Stoke pouvaient se relancer, sans une réprimande de la part de Peter Walton.

Les minutes qui suivirent furent très similaires, avec de nombreuses fautes à répétitions de la part de nos adversaires, qui hachaient considérablement le jeu et rendaient notre progression presque impossible. Après dix minutes très compliquées, nous pouvions enfin poser le pied sur le ballon. Et ce n'était pas franchement mieux. Nous avions du mal à aller de l'avant et à réellement déstabiliser une défense bien regroupée. L'entrée d'Owen à la place de Chicharito n'allait pas vraiment nous aider à poser le pied sur le ballon, tant ces deux joueurs ne participent pas activement à l'animation offensive.

Le match s'embarquait alors sur un faux rythme, aucune des deux équipes ne mettaient réellement de vitesse dans son jeu et les minutes défilaient sans qu'aucune situation dangereuse ne vienne perturber les gardiens. Les seuls moments où De Gea se retrouvait en difficulté, c'était sur les remises en jeu, que ce soit les touches de Delap ou les corners, qui recherchaient continuellement la tête de Peter Crouch, l'ancien joueur des Spurs, qui par ailleurs commençait son ballet de fautes aériennes, sa marque de fabrique hebdomadaire en Angleterre. Même si Ferdinand et Jones essayaient tant bien que mal de rassurer notre portier espagnol en se montrant autoritaires, on sentait bien que ça allait être des minutes très longues pour David, qui se retrouvait toujours ou presque entre deux géants de Stoke, mis à terre ou gêné considérablement dans ses interventions.

Nani, auteur d'un but fantastique la semaine dernière contre Chelsea, semblait être le seul à pouvoir faire la différence, puisqu'il était bien en jambes, contrairement à ses partenaires offensifs. Et ce fut effectivement lui qui débloqua la situation. Peu avant la demi-heure de jeu, recevant un ballon de Berbatov, il s'infiltrait dans la défense adverse, comme il sait si bien le faire, jouissant d'un une-deux avec Fletcher, et il concluait son action d'un petit crochet et d'une frappe du gauche enchaînée. Si cette ouverture du score ne faisait pas suite à une domination importante de notre part, elle avait le mérite d'en soulager plus d'un. Le plus dur semblait être fait, mais apparemment ce coup d'éclair avait piqué au vif les joueurs de Stoke, puisque juste après le coup d'envoi, Wilkinson, présent à la retombée d'un ballon mal renvoyé par Valencia, envoyait un boulet de canon vers les cages. De Gea se détendait alors de tout son corps et déviait le cuir sur la barre transversale, d'une main très ferme, préservant cet avantage acquis quelques secondes plus tôt.

Notre jeu continuait malgré tout d'être très poussif. Sii le duo Anderson-Fletcher se montrait plutôt volontaire et précis dans les transmissions, il n'en était rien de notre doublette offensive. La même doublette qui avait atomisé Leeds quelques jours plus tôt, mais qui ne paraissait pas du tout en forme pour une rencontre de cette envergure physique. Les appels de l'un n'aspiraient aucuns ballons, et les déplacements de l'autre devenaient de véritables casses-têtes pour ses coéquipiers. Il n'y avait finalement que très peu de mobilité et d'impact devant, au point que Nani et Young dézonaient très souvent pour venir mettre une pression sur la défense adverse.

Pression qui faillit s'avérer payante quand à la 32ème minute, Begovic commettait l'erreur de vouloir dribbler Ashley Young. Ce dernier poussait le ballon du bout du pied vers Nani, qui avait alors tout le temps d'ajuster une frappe vers les buts vides, mais dans la précipitation, il envoya la balle bien au-dessus de la cage. Les actions s'enchaînaient de part et d'autres. Depuis le premier but de la rencontre, tout allait très vite, trop vite même pour notre défense qui dégageait de manière trop fébrile les ballons. Walters aurait pu en profiter, prenant sa chance à l'entrée de la surface de réparation, d'une frappe fuyante sur laquelle De Gea dû à nouveau s'employer, réalisant son deuxième arrêt décisif du match.

De retour aux vestiaires sur ce score de 1 but à 0, nous pouvions être satisfaits du résultat, à défaut de nous ravir de la prestation de nos joueurs, mais les risques concernant notre défense restaient bien présents, et nous étions loin d'être à l'abri d'une égalisation.

DEUXIÈME PÉRIODE :

Bis repetita pour ce début de seconde période. Sauf que cette fois-ci, Stoke tirait profit d'un de leurs corners. Crouch, se démarquant intelligemment de Jones, venait placer une tête à bout portant, que De Gea ne pouvait que contempler, impuissant, faire trembler les filets. Comme lors du but de Nani, la réaction ne se faisait pas attendre. Berbatov essayait de forcer la décision, mais sa frappe manquait de puissance et de précision pour perturber Begovic, qui captait sa tentative sans problème.

Depuis l'égalisation, la confiance avait changé de camp, et c'était tout le public du Britannia Stadium qui poussait derrière son équipe, les joueurs aux rayures rouges et blanches dégageant une sensation de puissance impressionnante, face à laquelle notre onze semblait bien trop tendre. Et c'est ainsi que Crouch faillit réaliser le doublé en l'espace de quelques minutes. Profitant d'une erreur de Ferdinand, il reprenait de demi-volée le ballon, sur lequel notre keeper se trouvait miraculeusement sur la trajectoire, tout heureux de voir la balle filer en corner.

Notre impuissance offensive se faisait de plus en plus importante au fil de la rencontre, les attaquants restaient toujours aussi invisibles et Young et Nani n'arrivaient pas à provoquer de quelconques décalages. Si par moment nous avions quelques bonnes phases de jeu, elles n'étaient pas assez rapides et instinctives pour réussir à créer des brèches au sein de la défense adverse. C'est pourquoi on se rabattait constamment sur des tentatives individuelles, comme ça avait été le cas sur la frappe de Berbatov, ou encore sur une frappe d'Anderson, à trente minutes du terme. Mais, comme toujours, ces tentatives étaient inespérées et ne provoquaient en rien la panique de Begovic.

Par frappes interposées, nous nous rendions coups pour coups, et seuls les gardiens se montraient irréprochables dans leurs prestations. Cela dit, plus les minutes filaient et plus la désagréable sensation que Stoke était plus près de l'exploit que nous des trois points se faisait palpable. Malgré tout, à la 69ème minute, suite à une frappe d'Evra, nous aurions dû bénéficier d'un penalty, puisque le défenseur adverse contrait la balle de la main. Mais Walton, toujours aussi dépassé par les évènements, prenait la mauvaise décision, lui qui avait arbitré à contre-courant tout au long de la rencontre, en témoignent ces touches étrangement accordées à nos adversaires, ou encore la liberté qu'avait Crouch de s'appuyer sur nos défenseurs sur chaque ballon aérien. Il n'était donc pas étonnant de le voir faire à nouveau un mauvais choix, pour le plus grand désarroi de Ferguson, impatient sur son banc et très remonté contre l'arbitre depuis la blessure de Chicharito.

Les rentrées de Welbeck et Giggs redonnaient un peu d'espoirs, puisqu'ils se montraient immédiatement plus inspirés que leurs partenaires. Notamment le gallois, qui arrivait à combiner parfaitement avec Evra, et qui jouait juste afin d'essayer de passer le rideau défensif adverse. Mais dans la dernière passe, il n'arrivait jamais à vraiment s'entendre avec Michael Owen, ses centres se retrouvant toujours contrés in extremis par un défenseur.

Après une période d'accalmie, les cinq dernières minutes furent très agitées, les deux équipes livraient leurs dernières forces dans la bataille et apparemment aucune des deux ne se satisfaisaient entièrement du point du match nul. Crouch eut à nouveau une balle décisive, qu'il n'exploita que timidement, trouvant uniquement le petit filet extérieur de De Gea. Giggs, lui, eut la balle de match dans les arrêts de jeu, mais, comme l'anglais, il n'arriva pas à la convertir. Nani avait pourtant parfaitement joué le coup, s'appuyant sur Valencia pour servir notre numéro 11, laissé seul au second poteau. Réceptionnant ce ballon juste devant la ligne de but, à la place d'avoir un pied gauche ferme, faisant opposition au centre puissant, il ne toucha que fébrilement la balle, qui fuyait alors vers les tribunes. Le gallois aurait pu sur cette action inscrire son troisième but de la semaine et donner deux points en or à United, mais il n'en fut rien, le match se terminant sur ce résultat très frustrant de 1 but partout.

Bilan :

Fébrilité serait le maître mot pour résumer cette rencontre. Un match nul très amer en fin de compte, car en plus d'avoir été concédé avec quelques erreurs d'arbitrage flagrantes, il a aussi contribué à allonger la liste des joueurs blessés, que ce soit Evans lors de l'échauffement, ou Chicharito durant le match. Il n'y a pas une seule journée depuis le début de la saison sans que des joueurs se retrouvent out en fin de rencontre.

S'il faudra faire avec la semaine prochaine pour les réceptions successives de Bâle et de Norwich, nous espérons tous qu'après la trêve internationale, nous pourrons repartir avec un effectif des plus stables, chose qui n'est pas le cas depuis deux mois maintenant.

Toujours est-il que ces deux points perdus sont loin d'être catastrophiques au vu de la difficulté que rencontrent les équipes en déplacement sur la pelouse de Stoke. Et mieux encore, nous préservons toujours notre première place, à la différence de buts. Il n'y a donc pas de quoi tirer la sonnette d'alarme. 16 points sur 18 en ce début de saison, nous aurions pu difficilement faire mieux.

Les groupes :

Stoke : Begovic, Woodgate, Shawcross, Wilkinson (Huth, 83'), Whelan, Delap (Whitehead, 85'), Wilson, Etherington, Pennant (Jerome, 90'), Walters, Crouch.
United : De Gea, Valencia, Ferdinand, Jones, Evra, Anderson, Fletcher, Young (Giggs, 70'), Nani, Berbatov (Welbeck, 70'), Chicharito (Owen, 11').

Les buteurs :

Stoke : Crouch (51').
United : Nani (27').

Les cartons :

Jaunes : Whelan (Stoke, 7').

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