Report : Liverpool 1 United 1

Un déplacement à Anfield pour le compte de la huitième journée, stade où nous n'arrivons plus à ramener de points depuis 2007. Sèchement battus l'an dernier, cette journée du 15 octobre sonnait comme la possibilité de laver l'affront. Reprise en main par Kenny Dalglish, l'équipe de l'est de la Mersey ne cesse de monter en puissance depuis quelques mois et la tâche semblait alors compliquée pour nos mancuniens. Retour en arrière sur un derby haut en couleurs.


A l'heure où City se révèle être un concurrent sérieux pour le titre, le choc face aux Reds n'en reste pas moins le match de l'année en Premier League. Les déclarations d'avant-match allaient dans ce sens, rendant l'atmosphère électrique à l'aube de la rencontre. Si Liverpool pouvait se targuer d'avoir à sa disposition la totalité de son effectif, avec notamment le retour de Steven Gerrard en tant que titulaire, après sept mois d'absence. Du côté de United, quelques incertitudes subsistaient sur la titularisation ou non de Nemanja Vidic, ainsi que sur la forme de Wayne Rooney, suspendu durant la semaine pour les trois premières rencontres de l'Euro.

Si la formation mise en place par King Kenny ne surprenait personne, celle offerte par Ferguson en étonna plus d'un puisque le coach écossais se privait volontairement de Rooney, Nani et Anderson, trois des joueurs les plus décisifs du début de saison. Adoptant un schéma tactique très défensif, avec deux milieux travailleurs tels que Jones et Fletcher, le message était clair, ce n'était pas à nous de faire le jeu.

PREMIÈRE PERIODE :

Le début du match confirmait cette impression puisque la possession était en faveur des locaux, qui exerçaient une pression constante sur notre défense. Le premier quart d'heure n'était cependant pas aussi rythmé que prévu et les deux formations démontraient d'étonnantes faiblesses techniques. Les échanges étaient désordonnés et les attaquants, que ce soit Danny Welbeck ou Luis Suarez, se retrouvaient bien esseulés aux abords de la surface de réparation, subissant de plein fouet cette frilosité ambiante.

La première occasion fut tout de même à mettre à l'actif de United, quand suite à une bonne combinaison sur l'aile gauche entre Young et Evra, Jones reprenait le centre de son capitaine, mais ne parvint pas à cadrer sa tête. Un capitaine qui a prouvé hier pourquoi Ferguson peut se permettre de lui faire confiance, lui qui réalisait jusque là un début de saison mitigé. Engagé, volontaire, plein d'allant, que ce soit en défense ou en attaque, il avait parfaitement pris conscience de son rôle dans ce derby, au point d'offrir une prestation de haute volée. Et s'il faillit sortir de son match, suite à des altercations avec Suarez - il expliquera après la rencontre qu'il a subi des propos racistes de la part de l'uruguayen -, nul doute qu'il était plus impliqué que n'importe quel joueur sur le terrain, grimpant encore un peu plus dans l'estime des supporters.

A l'action de Jones répliquait celle de Gerrard, cinq minutes plus tard. Jouant un corner rapidement, son centre rentrant traversait toute la surface, sans trouver preneur, laissant De Gea immobile, bien heureux de ne voir aucun joueur couper la trajectoire. Le gardien espagnol, peu inquiété depuis le début de rencontre, se distinguait avec classe à la 34ème minute, repoussant une frappe de Suarez pour ce qui était le premier tir cadré du match.

De notre côté, le jeu avait beaucoup de mal à se développer, le manque de technique au milieu de terrain nous faisant énormément défaut. Si Ferguson avait tenté un pari en alignant Jones pour la première fois sous nos couleurs dans l'entrejeu, le résultat en fut plutôt décevant. Entouré d'un Fletcher tout aussi timoré, et d'un Giggs qui ne parvenait à se montrer que par intermittence, son rôle de harceleur n'étant que peu productif, puisque à ses côtés, personne n'était capable d'offrir une diversité nécessaire. Sans un milieu apte à porter le ballon et donc à permettre au bloc équipe de s'organiser sereinement, c'était toutes les transmissions qui devenaient incertaines, et qui ne s'avéraient pas suffisantes pour troubler plus que cela la défense des Reds.

Puisque Young et Park sur les côtés étaient sollicités à de nombreuses reprises pour apporter leur soutien aux latéraux, cela rendait notre production offensive quasi-inexistante, et c'était bien souvent Welbeck qui devait redescendre d'un cran pour amorcer nos offensives. Finalement, le back four était le seul secteur qui se montrait à la hauteur, résistant avec solidité aux assauts adverses. La charnière centrale composée de Ferdinand et d'Evans ne lâchait pas Suarez d'une semelle, l'étouffant et ne lui offrant que très peu d'espaces, annihilant par la même occasion les quelques situations dangereuses concédées. Seul Smalling semblait moins en jambes, confus techniquement, il prenait beaucoup de risques en défense, tentant bien trop souvent des dribbles dans notre propre moitié de terrain, mal à l'aise face au pressing orchestré par les joueurs de Liverpool. Tandis qu'offensivement, il n'avait pas le même impact qu'à l'accoutumée, maladroit dans ses contrôles et ne s'entendant pas avec Park, il affichait clairement un niveau en-deçà de ce que l'on peut attendre lui.

Cette première mi-temps approchait de son terme, et le match était toujours aussi fermé, le plan mis en place par Ferguson semblait se dérouler à la perfection puisqu'il comptait sur la fraîcheur de ses cadres pour faire la différence en seconde période.

DEUXIÈME PERIODE :

Au retour des vestiaires, nous tentâmes de mettre Reina sous pression par l'intermédiaire d'Ashley Youg, à deux reprises. D'abord sur une frappe lointaine qui passa à quelques mètres des buts, et ensuite sur un coup-franc, qui obligea le portier espagnol à capter le ballon en deux temps, provoquant quelques exclamations du public d'Anfield.

Plus les minutes filaient au cours de ce match et plus la tension était palpable, chaque situation de but devenant une torture psychologique pour les supporters présents dans les tribunes. Le moindre corner apportait son lot d'émotions, et ce fut notamment le cas à la 52ème minute, lorsque Kuyt repris un ballon de la tête, qui s'écrasa sur le bras de Jonny Evans. L'arbitre ne considérant pas la main assez flagrante pour siffler penalty, il laissa le néerlandais enragé face à cette décision. La rencontre toute entière s'emballait puisque sur la contre-attaque, la frappe de Young, légèrement déviée, passait juste à côté du poteau droit de Reina.

Suarez lui prenait progressivement de l'ampleur au cours de ce match, semblant être le seul capable de faire la différence sur une action individuelle, menant la vie dure à notre défense qui s'en sortait merveilleusement jusque là. A défaut de pouvoir pénétrer dans la surface de réparation, el pistolero essayait de loin, ne parvenant pas à tromper la vigilance de De Gea. Et quand il ne se montrait pas dans le jeu, il se montrait à travers ses constantes provocations, qui finirent pas pousser Ferdinand et Evra à écoper de cartons jaunes.

A 25 minutes du coup de sifflet final, le gaffer décidait que c'était le moment idéal pour faire entrer son artillerie lourde, à savoir Nani et Rooney. Malheureusement, alors que les changements étaient en train de se préparer, un évènement changea le cours de la rencontre. Pour une nouvelle faute de Rio, cette fois-ci sur Charlie Adam, Gerrard bottait le coup-franc, trouvant l'espace laissé par Giggs dans le petit côté du mur, ne laissant aucune chance à De Gea. Cette ouverture du score intervenait au plus mauvais moment, donnant l'avantage aux Reds à un peu plus de vingt minutes du terme. Nani et Rooney entraient donc dans une situation compliquée, puisqu'ils devaient à présent impérativement nous permettre de recoller au score, la sérénité présente quelques minutes auparavant n'était plus de mise. Avec ce but, nous constations que l'erreur était très similaire à celle commise par Fletcher face à ces mêmes Reds, un an plus tôt. Le manque de concentration des joueurs présents dans le mur était en train de nous coûter cher puisque à ce moment de la rencontre, Liverpool revenait à trois petites longueurs de United.

Young et Park cédaient donc leur place, tandis que nous nous lancions à l'abordage pour tenter d'accrocher ne serait-ce que le point du match nul. Les Reds eux reculaient d'un cran sur le terrain, et nous prenions donc, pour la première fois du match, le jeu à notre compte. Sous l'impulsion d'un Giggs qui voulait se racheter, et d'un Nani déterminé, nous montions en régime, rendant l'issue de la rencontre incertaine, tant notre force de réaction est l'une, si ce n'est la plus impressionnante dans le monde.

Cependant, il semblait manquer encore quelque chose, Rooney n'arrivait pas à faire parler ses qualités et les minutes filaient sans que nous nous créâmes de réelles opportunités. Ferguson prenait donc la décision de lancer Chicharito à la place de Jones, faisant par la même occasion reculer Rooney en milieu de terrain. Un choix très offensif, pour tenter le tout pour le tout, qui finit par s'avérer payant, comme souvent. Sur un corner frappé par Nani, Welbeck déviait à peine le ballon de la tête, permettant à Hernandez de surgir au second poteau et de propulser le cuir dans les cages Libérant tout un peuple, le mexicain s'en allait célébrer le but avec les supporters away, redonnant vie à ce match et ravivant tous les espoirs présents en début de rencontre.

Les dix dernières minutes s'annonçaient alors alléchantes, tout scénario devenait possible et envisageable. Et ce furent les locaux les plus proches de faire pencher définitivement la balance en leur faveur. Juste après l'égalisation, Kuyt eu une occasion en or, servi sur un plateau à quelques mètres des cages, sa reprise fut détournée in extremis par un très bon De Gea, David concluant lors de ce money time son match référence sous nos couleurs. Beaucoup chahuté sur les coups de pied arrêtés, et sollicité à de nombreuses reprises par des frappes lointaines, il n'a jamais montré de signes de faiblesses, solide et intelligent dans ses cages. Le mérite de ce point lui revient en grande partie, puisque en plus de cet arrêt décisif, d'autres suivirent, dont une claquette magistrale sur une demi-volée d'Henderson, que tout le stade voyait au fond des filets.

La pression devenait insoutenable, et ce fut un petit miracle de ne pas voir les Reds accrocher les trois points tant les situations dangereuses devenaient légion dans les arrêts de jeu. Sur une dernière tête non cadrée d'Henderson, Andre Marriner sifflait la fin de la rencontre, qui accouchait donc d'un partage de points, acquis dans la douleur.

Bilan :

Si ce point du match nul sonne comme un véritable hold-up, le bénéfice comptable est admirable puisque nous sommes toujours invaincus au bout de deux mois de compétition. Un derby qui nous a livré bon nombre d'émotions et qui s'avère en fin de compte positif pour la suite. Et bien que nous n'avons pu empêcher City de prendre la tête, ce léger retard de deux points sera immédiatement remis en question la semaine prochaine, lors de la réception des sky blues, pour un clash qui se profile lui aussi très haletant.

En attendant, nous pouvons aborder la semaine à venir avec beaucoup de sérénité. Et il faudra, que ce soit pour le déplacement en Roumanie, décisif en Ligue des champions, et le choc de Dimanche prochain, faire preuve d'autant de courage et d'abnégation qu'hier après-midi.

Les groupes :

Liverpool : Reina, Carragher, Skrtel, Kelly, Enrique, Lucas (Henderson, 57'), Adam, Gerrard, Downing, Kuyt, Suarez.
United : De Gea, Ferdinand, Evans, Smalling, Evra, Jones (Hernandez, 76'), Fletcher, Giggs, Park (Rooney, 69'), Young (Nani, 69'), Welbeck.

Les buteurs :

Liverpool : Gerrard (68').
United : Hernandez (81').

Les cartons :

Jaunes : Skrtel (Liverpool, 27'), Young (United, 42'), Ferdinand (United, 53'), Evra (United, 65').

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