C'est dans une soirée d'hiver pluvieuse que Manchester United a dit au revoir à la Ligue des champions, sur cette pelouse suissesse symbole de la chute d'un peuple. Sortant par la petite porte, nos mancuniens ont conclu leur campagne européenne de bien triste manière, au terme d'un sixième match aussi terne que les précédents. Si le trajet fut court jusqu'à Bâle, le chemin de la rédemption lui sera très certainement beaucoup plus long...


Ferguson arrivait pourtant avec ses troupes, plein de certitudes. Et chez la plupart des supporters, l'issue de ce match ne faisait aucun doute : on se qualifierait, dans la douleur, mais on se qualifierait. Cruelle désillusion donc d'entendre retentir le coup de sifflet final et de se dire : "We're out...". Sans avoir pu se frotter à ce qui se fait de mieux en Europe, ni même à ce qui se fait de moins bien, mais à ce qui se fait de pire. Car oui, c'est une évidence, notre groupe était le plus faible possible de la compétition.

Mais dire que nous avons joué des adversaires plus faibles que nous serait prétentieux, et au moins aussi arrogant que l'attitude de Ferguson après le match contre Benfica. Non, si nous avons perdu hier soir, et si nous n'avons pas été capable de gagner d'autres équipes qu'Otelul Galati, c'est parce que nous étions inférieurs, il faut le reconnaître.

Les statistiques ne parlent pas toujours, mais quand elles révèlent un écart de sept kilomètres parcourus entre les deux équipes, le trou devient trop béant pour être ignoré, au moins aussi béant que celui qui séparait notre défense de notre attaque...

... Enfin, on pourrait effectivement revenir en long et en large sur ce match, sur ces actions qui ont changé notre destin, sur ces petits riens d'un tout, qui nous coûtent cher. Mais je pense que personne n'a envie de relire ce que l'on a tous vu à l'écran, quand on souffre, il vaut mieux souffrir qu'une seule fois, c'est déjà bien assez trop.

On pourrait parler de ce manque flagrant de création offensive, d'un milieu qui reposait sur un Jones encore en plein balbutiements à ce poste, et qui pourtant, réalisait la meilleure prestation de l'équipe. On pourrait parler de ces ailiers qui n'ont trop que peu de fois exercé le rôle pour lequel ils sont payés, ou encore de cet attaquant qui n'était même plus l'ombre de lui-même.

Mais ces paroles seraient vaines et inutiles, et surtout très indigestes. Ce que nous pouvons faire c'est essayer d'expliquer l'inexplicable. Ferguson n'a-t-il pas su réagir de bonne manière à la claque infligée par nos voisins ? N'a-t-il pas su prendre conscience de la dégradation collective de son groupe avant qu'il ne soit trop tard ? Remettre tous les torts d'une élimination sur le coach écossais serait osé, aurions-nous pu penser il y a quelques mois. Aujourd'hui, nul doute que beaucoup de maux de l'équipe sont dus à sa gestion qui n'a pas été à la hauteur qu'on aurait cru et dû espérer d'un coach dont une tribune porte son nom.

Le constat est flagrant et alarmant. En quelques semaines, nous avons perdu 6-1 contre City, nous avons été éliminé de Carling Cup par un club de Championship, et nous avons été sortis de la Champion's League pas des équipes de seconde zone. On dit souvent que c'est en touchant le fond que l'on parvient à se relever. Si le fond est touché, la forme ne semble pas l'être, puisque Ferguson a encore une fois adopté un discours optimiste, digne d'Arsène Wenger, alors qu'il aurait dû poser clairement sur la table les difficultés de notre équipe.

Pourquoi ? Car dans un club comme le notre, nous sommes exigeants, et Ferguson doit l'être le premier...

... À présent, toutes ces erreurs et ces joueurs aux formes méconnaissables devront se contenter de l'Europa League, et c'est déjà un miracle pour eux. Espérons alors qu'ils retrouveront un semblant de fierté et une certaine motivation pour aller chercher un titre, qui, loin de redorer notre blason, pourra au moins montrer qu'ils ont pris conscience de ce que peut représenter une coupe d'Europe. Et qu'ils soient accompagnés de certains jeunes qui n'ont vu que trop peu la pelouse en Carling Cup, ce serait l'idéal.

En attendant, nous ne pouvons que regarder les autres continuer leur route, sans nous, nous délaissant sur le bas côté. Nous ne pouvons qu'applaudir Bâle pour leur abnégation et leur souhaiter bonne chance pour la suite.

Ce maillot blanc, vestige d'une peur et d'une faiblesse de mai 2009, nous apporte encore beaucoup de mauvaises nouvelles et de cauchemars à venir. Et j'ai ici une pensée pour Vidic...

Enfants du néant, fruits d'une vaine fantaisie. Au revoir, ô douce coupe aux grandes oreilles...

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