Report : United 2 Liverpool 1

PRE-MATCH :

L'objectif pour chacune des deux équipes, ce n'est pas de simplement battre l'autre. Il ne faut pas juste mettre à terre l'adversaire, il faut s'asseoir en plus dessus, asseoir sa domination pour montrer qui est le patron.

Perdre contre le voisin honni, à domicile ? Pour ce match, le Théâtre des Rêves se mue en Amphithéâtre, les gladiateurs entrent sur le terrain, la foule acclame ses héros, conspue ses ennemis. Que le spectacle commence! (si vous voyez ça simplement comme un match de foot, ce n’est pas grave, on ne vous en voudra pas).

PREMIÈRE MI-TEMPS :

Les tensions apparaissent avant même l’entame du match, lors des traditionnelles poignées de main entre les deux équipes. Une scène digne des Feux de l'Amour : Luis ne veut pas serrer la main à Patrice car ce dernier l'a dénoncé et a provoqué une suspension à l'encontre du premier. Mais pourtant, c'est bien Luis qui a commencé, en tenant des propos racistes envers Patrice. Rio ne veut pas serrer la main à Luis, car il n'aime pas les racistes. Quant à Danny, il ne tendra pas la main à Luis, et lui serrera mollement. La suite dans le prochain épisode.

Et sinon, sur le green ? Et bien, l'ouverture du score intervient à la 1ère minute. "Meuh non, qu'est ce qu'il raconte lui ?" Evra est tout prêt de souhaiter la bienvenue à Suarez, mais manque de chance, c'est Ferdinand que le Captain va rencontrer en allant au contact. Un premier choc impressionnant, duquel le colosse en verre de United ressort indemne, fort heureusement.

Le ton est d'ores et déjà donné, le match est bien lancé. Et c'est les visiteurs qui se montrent les plus entreprenants, avec leur rouleau compresseur et leur milieu à 5 (constitué de l'énigme Downing, du jeune Spearing, du prometteur Henderson, de l'inoubliable Gerrard et du détestable mais non moins admirable Kuyt). Les Reds, ou plutôt les Whites le temps d'un après-midi, se montrent déjà pressants, et très actifs, notamment sur le flanc droit de leur attaque. A deux reprises le latéral droit, Glen Johnson, a l'occasion d'ouvrir les hostilités, si ce n'est déjà fait. Sa première frappe du gauche à la 3ème minute est trop écrasée et n'inquiète pas De Gea, reconduit dans les buts. En revanche, on ne peut pas en dire autant de la seconde (10ème minute), toujours du gauche, toujours de Johnson, qui va flirter avec le poteau droit du jeune portier Espagnol.

Pool souhaite établir un pressing très haut pour tenter d'étouffer les locaux. Ce qui marche plutôt bien au départ. Mais en reprenant un peu la possession du cuir, nos Red Devils parviennent progressivement à faire reculer un bloc adverse toujours très compact et bien organisé. A la suite d'une faute d’Enrique sur Valencia (6ème), le coup franc de Giggs est dégagé en corner de la tête par Johnson, devant un Rooney qui avait déjà les yeux qui brillaient pour reprendre cette balle au second poteau... Manchester continue de remonter le ballon, et à la suite d'un appui avec Valencia (15ème), Rafael peut armer du gauche dans la surface de réparation adverse. Frappe sans danger pour Reina, mais qui aurait pu être reprise par un Welbeck extrêmement précieux jusqu'alors de par la qualité de ses contrôles et de par ses mouvements sur le front de l'attaque. Progressivement, United parvient à perforer une défense adverse en difficulté, et Rooney peut décocher, sans succès (27ème). Mais ce n'est que partie remise pour l'homme qui a décidé qu'avoir des cheveux sur la tête, c'est pas si mal après tout.

La plus grosse occasion de la 1ère mi-temps est à mettre à l'actif de United, et à la suite d'une superbe combinaison entre Rooney, Welbeck et Scholes. Giggs est lancé sur l'aile gauche et peut centrer. Ah, ça nous rappelle des bons souvenirs, il y a une semaine de cela, à Stamford Bridge. Mais la tête de Scholes n'aura pas autant de succès que celle de Chicharito la semaine passée, et Reina intervient (31ème). Une minute plus tard, Giggs lance Welbeck sur la gauche dans la profondeur. Le centre du jeune attaquant, qui cherchait Rooney, ne trouvera pas preneur. United a bien pris le contrôle du match, se crée les plus franches occasions, en témoigne une nouvelle tête d'Evra sur un centre de Valencia, au dessus (35ème).

Liverpool bute sur une défense mancunienne globalement très correcte, notamment dans l'axe, où la sérénité d'Evans et la splendeur de Ferdinand posent bien des soucis aux attaquants des Reds. Mais l'équipe adverse peut se montrer dangereuse. A la 41ème, la frappe contrée de Gerrard amène un corner péniblement dégagé de la poitrine par Ferdinand. Re-corner. La volée de Skrtel n'inquiète pas De Gea par la suite.

Le score en restera là, malgré la belle frappe dans les gradins de Suarez, qui a dû confondre le banc des remplaçants avec le but adverse. Les réactions sont mitigées, entre certains applaudissant la première mi-temps somme toute correcte de leur équipe, et d'autres se plaisant à narguer un Suarez qui semble vraiment passer un mauvais après-midi. M'enfin, il l'aura bien cherché.

DEUXIÈME MI-TEMPS :

Il y a une semaine de cela, United se faisait cueillir à froid au retour des vestiaires, en encaissant deux buts en l'espace de 5 minutes face aux Blues de Chelsea. Cette fois ci, United se met dans la peau du nuage. Et tel un nuage, les Red Devils vont s'envoler au score, et doucher une équipe adverse qui ne semble pas être revenue sur la pelouse. A la 47ème minute, sur un corner de Giggs dévié de la tête par Carrick, Rooney peut tranquillement armer sa reprise au second poteau, et fusiller Reina. United est froid de réalisme au retour des vestiaires, les visiteurs prennent un coup derrière la tête, et cela n'est pas prêt de se terminer.

En effet, quelques minutes plus tard, à la 50ème, Valencia récupère le cuir dans les pieds de Spearing, et lance Rooney au cœur de la défense des Reds. Celui dont le prénom serait, d'après Stéphane Guy, "L'Infernal Wayne" (bah oui, il l'appelle toujours comme ça) s'en va gagner son duel face à Reina, du gauche. United 2-0 Liverpool. Evra 2-0 Suarez.

Mais il ne faudrait pas s'en arrêter là. Les Mancuniens souhaitent corriger leur adversaire, qui les a éliminés en FA Cup il y a 2 semaines de cela. Chaque supporter de la ville aux 19 titres de champions d'Angleterre (comme ça, pas d'ambiguïté possible) se plaît à espérer que les visiteurs d'un soir repartiront avec une pléiade de buts dans la musette, et la queue entre les jambes. Et à la 58ème minute, Rooney fait à nouveau trembler les filets, d'une belle frappe qui va se loger dans le but de Reina. C'est bien. Ce qui est moins bien, c'est que l'action était déjà arrêtée avant la frappe, pour une faute d'un Evans assez bon jusqu'alors, mêlant agressivité, volonté et sérénité.

Les Scousers ne parviennent toujours pas à sortir la tête de l'eau, et United continue le forcing. Alors que Welbeck semble s'être un peu éteint après une 1ère mi-temps énormissime, le trident offensif Rooney-Giggs-Valencia prend la relève pour l'animation du jeu des locaux. Et ça fait mal. Comme en témoigne ce tir de Welbeck (74ème) contré in extremis et capté par Reina, après une belle action menée par le duo de choc Rooney-Valencia, tous deux en très grande forme. Si la frappe audacieuse d'Agger (75ème) ne perturbera pas les nuits de De Gea, Liverpool parvient quand même à se relancer dans la partie. A la suite d'une faute de Carrick sur Suarez, le coup franc d'Adam, entré en jeu, trouve Suarez. L'Uruguayen profite d'un Evans un peu court pour contrôler et tromper De Gea. Ouais, Liverpool en deuxième mi-temps, ça a été fade, insipide, léthargique. Mais le club de la Mersey parvient à relancer le match.

Mais United ne panique pas, reste bas, et profite d'un travail stratosphérique à la récupération d'une doublette Carrick-Scholes ô combien précieuse. La fin de la deuxième mi-temps, comme le début de cette dernière, est encore un clin d’œil au match la semaine passée. Entendez par là que De Gea sauve une nouvelle fois son équipe, en claquant une belle frappe du gauche de Johnson (91ème). Un arrêt précieux, puisque le score en restera là. Une sortie des combattants en seconde mi-temps tout aussi tendue que celle en première. Evra jubile, Suarez est tête basse. United est leader provisoire, Liverpool 7ème.

CONCLUSION

Revenge is a dish best savoured cold, dit-on Outre Manche. Après nous avoir humilié à Anfield la saison passée (défaite 3-1, pour remuer le couteau dans la plaie), après nous avoir tenu tête à Old Trafford la même saison, après nous avoir sorti en FA Cup, Liverpool est enfin un genou à terre. Gloire au Rétiaire Rooney, au Mirmillon Valencia, et au Secutor Ferdinand. Trois artisans de la victoire cet après-midi. Vae Victis, Honte aux Vaincus ! Que c'est bon, de savoir que le soleil a longtemps brillé aujourd'hui sur Manchester, tandis que la grisaille a perduré sur Liverpool, à quelques kilomètres de là. Espérons maintenant que City connaîtra les mêmes déboires que Liverpool, en allant se déplacer à Birmingham, pour y affronter Villa. Tiens, ça aussi, ça serait pas mal...

Groupe :De Gea ; Rafael, Ferdinand, Evans, Evra ; Valencia, Carrick, Scholes, Giggs ; Rooney, Welbeck

Buts :Rooney (47', 50') - Suarez (80')

Affluence : 74 844 spectateurs

Statistiques :
Possession : 51%
Corners : 4
Tirs (dont cadrés) : 11 (6)
Fautes concédées (subies) : 10 (12)
Cartons : Carrick (80')