Interview : Edwin van der Sar

Edwin van der Sar était de retour à Old Trafford pour le match d'Europa League contre l'Ajax. Nous avons parlé avec lui de ses anciens clubs et de son adaptation à la retraite...


Comment se passe la retraite jusqu'ici ?

Cela se passe bien. Je suis plutôt occupé, pour tout dire ! Ce sont des petites choses qui me tiennent occupé, je ne consacre plus 80% de mon temps au football. J'en ai fini avec les voyages, les hôtels, le repos et le fait de jouer des matchs pour occuper mes journées. Je n'arrive plus à me souvenir de la dernière fois que j'ai fait une petite sieste, et je ne regarde quasiment plus de DVD, c'est un rythme complètement différent. Vous n'avez pas à aller tôt à l'entraînement ou à jouer tard, vous avez juste pas mal de petites choses qui vous prennent du temps.

Quelles genres de choses ?

Je suis en train de faire un Master en Management du Sport à Amsterdam, et puis nous sommes très occupés à mettre en place notre fondation. Ma femme a eu son hémorragie cérébrale il y a deux ans et une partie de l'argent récolté pour mon jubilé ira en faveur de cette fondation. Nous rencontrons beaucoup de kinés et de neuropsychologues pour mettre en place quelque chose de concret pour aider les gens qui ont souffert d'hémorragies cérébrales ou de dommages au cerveau. Elle s'appellera la fondation Edwin van der Sar, ce qui est très original ! J'ai fait un marathon, des apparitions à la télévision en Hollande, quelques visites en tant qu'ambassadeur pour United et de la pub avec AON aussi. Je n'ai joué au golf que deux fois ces 6 derniers mois, ça ne va pas du tout! Je dois prendre plus de temps pour baisser mon handicap !

Avez vous gardé contacté avec certaines personnes à United ?

Bien sûr. Il y a les SMS et Messenger pour rester en contact. Je suis tombé sur Sir Alex et David Gill il y a environ deux semaines à Londres lors d'un dîner du sport en l'honneur de Bobby Charlton. Je parle toujours à beaucoup de gens. J'ai vu Anders Lindegaard à Amsterdam il y a deux semaines. Je suis retourné à Carrington une fois et j'ai assisté aux deux rencontres de United contre l'Ajax. United a été une grande partie de ma vie pendant 6 ans, cela a été un super moment pour ma famille et moi, donc ce n'est pas quelque chose que vous laissez derrière vous comme ça. Nous avons toujours beaucoup d'amis à Manchester, donc c'était bon d'être de retour.

Comment en êtes vous arrivés à rejoindre l'Ajax ?

J'avais 18 ans et je jouais toujours pour le club local du village où je vis aujourd'hui. Louis van Gaal était l'un des entraîneurs de l'équipe junior à l'Ajax et il jouait aux cartes avec le coach de mon équipe, et mon coach a dit à Louis qu'il avait un très bon gardien qui pourrait certainement l'intéresser. Je pense que Louis a regardé un match et j'ai été invité à participer à quelques sessions d'entraînement de l'Ajax. J'ai joué un match et j'ai signé un contrat professionnel en tant que 3ème gardien. J'avais 19 ans à l'époque donc c'était déjà assez tard. Personne n'attendait de moi que je fasse une grande carrière.

Vous vous êtes bien rattrapé sur la fin de votre carrière...

Oui, j'ai joué jusqu'à 40 ans. J'ai du la prolonger un peu parce qu'il me manquait trois ou quatre ans par rapport à Giggsy !

Quelles similitudes y a t-il entre l'Ajax et United ?

Cette capacité à intégrer et à faire confiance aux jeunes joueurs qu'ils ont éduqué et fait grandir. A l'Ajax cela arrive plus vite parce que le championnat n'est pas aussi fort. A United vous avez Danny Welbeck ou Tom Cleverley, ces gars sont au club depuis longtemps – Danny a joué son premier match il y a plus de trois ans – et a été prêté a des clubs de divisions inférieures, est revenu à United, est reparti en prêt dans des clubs de Premier League pendant un an et ensuite ils ont engrangé assez d'expérience pour se faire une place dans l'équipe. Ca prend un peu plus de temps avec United et il y a moins de pression sur les jeunes joueurs. A l'Ajax vous devez être présent tout de suite et être bon. Si, après deux ou trois matches, vous commencez à mal jouer alors il sera difficile de passer ce cap vers le haut niveau. A United vous avez plus de temps pour évoluer.

Dans les deux clubs, beaucoup d'anciens joueurs – comme vous – restent en tant que coaches ou ambassadeurs après leur retraite. Pourquoi, selon vous ?

Je me suis entraîné quelques fois avec les -20 ans de l'Ajax il y a quelques semaines, et beaucoup de joueurs avec qui j'ai joué sont là. Dennis Bergkamp y est pour beaucoup dans l'intégration des jeunes et il est aussi coach assistant de l'équipe première. C'est super de voir ça et c'est la même chose à United ; beaucoup de joueurs restent proches du club. Cela montre toute la chaleur et tout le dévouement de chacun pour apporter au club le succès qu'il mérite.

Vous avez gagné la Champions League en 1995 avec une équipe quasiment pur produit de l'Ajax – qu'avez-vous ressenti à ce moment là ?

C'était un peu la même chose que United en 1999 avec cette victoire en Champions League avec sept, huit ou neuf joueurs de leur propre équipe de jeunes. C'est un sentiment génial. Je suis toujours en contact avec beaucoup de ces gars de l'Ajax, de la même façon que Gary Neville, Scholesy, Butt, Gigsy, Beckham et d'autres joueurs de cet époque sont toujours connectés pour le reste de leur vie. Cela vous lie quand vous jouez dans un club et que vous gagnez autant de choses.

Vous êtes arrivé à United en passant par la Juventus et Fulham - êtiez-vous triste de quitter l'Ajax ?

Pas vraiment, parce que c'était une suite logique pour progresser dans ma carrière. Vous voulez jouer dans des grands championnats contre des bons joueurs, et ils sont en Italie, en Espagne en Angleterre et en Allemagne. Si vous voulez vous confronter aux meilleurs, alors à un certain moment vous devez bouger. C'est quelque chose que j'ai demandé à Ryan ou Scholesy : s'ils n'avaient jamais rêvé de partir à l'étranger en Espagne, ou de jouer pour un autre grand club. C'était toujours : 'Non, tu as toute ta famille et tes amis, tu es dans le plus grand club du monde, tu es bien payé, tu es reconnu, tu es dans un grand championnat, alors pourquoi voudrais-tu partir ?' C'est une sacré bonne raison pour jouer avec United pendant toute ta carrière !

Quel regard posez-vous sur votre carrière à United maintenant qu'elle est terminée ?

C'était parfait. Un grand moment avec beaucoup de titres. Nous avons perdu une ou deux finales, trop, pour être honnête. Cela aurait été bien d'avoir deux ou trois Champions League au lieu d'une seule, mais pour le reste je suis plutôt satisfait de la façon dont cela s'est déroulé.

Cela a t-il été frustrant d'atteindre ces finales alors que Barcelone était à son meilleur niveau ?

(Rires) Oui, ça l'est. Parfois vous devez baisser les bras. C'était, bien sûr, frustrant, mais cela aurait été pire si nous avions été la meilleure équipe, manqué 5 occasions, touché le poteau, manqué un penalty et perdu à la dernière minute. Cela aurait été renversant, mais on ne pouvait vraiment pas y faire grand chose.

Et puis, vous avez toujours Moscou...

Oui, ça reste en moi ça aussi, et c'était génial.

Avez-vous beaucoup regardé United cette saison ?

Tous les matches sont diffusés à la télévision aux Pays-Bas et j'ai un belle petite pièce en bas avec une grande TV et c'est génial de regarder avec quelques amis ou les enfants pour voir comment ils jouent. United a eu une saison très difficile avec des blessures et les changements que Sir Alex a du faire pour des raisons évidentes, et c'est incroyable de voir qu'ils sont toujours dans la course au titre.


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