United : bâtie pour endurer

Aucun club en Premier League ne dispose du savoir-faire de United pour finir la saison en force, et il y a de nombreuses raisons d'être optimistes pour cette course au titre...


Jeunes et agités

Le rajeunissement, qui a soutenu avec brio United dans son départ tonitruant cette saison, pourrait se révéler partie intégrante des Red Devils dans leur course vers le titre. L'équipe de Sir Alex reste imprégnée d'une vitalité, d'une énergie que possède en grande partie cette jeunesse. Correctement exploitée, elle peut contribuer à aider les Mancuniens au moment capital d'une saison sans dessus dessous. D'après Danny Welbeck, le désir de réussir est bien là, et il brûle dans le vestiaire de United.

"Je ne pense pas que les gens puissent réaliser à quel point nous avons faim de ce titre" a déclaré le buteur. "Nous sommes heureux d'être dans cette position, mais cela demande un travail acharné, et nous voulons réaliser notre rêve : remporter ce titre et gagner encore et encore. Rien ne nous arrêtera." Welbeck incarne la campagne de United cette saison, se déplaçant balle au pied avec habileté, volonté, et avec une élégance grandissante que les dures exigences du football au haut niveau ont enseigné, match après match.

Maintenant, les enjeux s'élèvent et le garçon du Longsight et ses jeunes coéquipiers dégustent leur chance de remporter une première couronne nationale avec le club. "C'est une période excitante", a-t-il déclaré. "Il n'y a rien de mieux que de jouer de tels matchs chaque week-end. C'est tellement excitant, vous voulez juste gagner. Vous devez avoir suffisamment confiance en vous afin de participer à ces matchs dans l'unique but de les gagner."

L'enthousiasme à l'état pur que les jeunes Red Devils amènent avec eux, entraîne une excitation contagieuse au sein de l'équipe.

Les hommes de l'arrière

La sérénité de certains est vitale pour mener les plus jeunes de l'équipe sur le bon chemin, entre excitation et impulsivité, surtout en défense. Les défenseurs les plus décorés de l'équipe, Rio Ferdinand et Patrice Evra, sont bien qualifiés pour stabiliser le collectif, tandis que Jonny Evans (24 ans) est déjà sorti vainqueur de deux luttes pour le titre à Old Trafford, et a joué un rôle clé lors de la montée de Sunderland lors de la saison 2006/2007. Parmi les défenseurs de l'équipe première, seul Phil Jones a actuellement l'occasion d'expérimenter la rigueur du très haut niveau.

"Nous sommes dans une bonne position", analyse Rio Ferdinand. "Nous avons déjà été dans une telle position par le passé, et nous avons l'expérience et les nerfs pour savoir ce qu'il faut faire pour remporter ce titre."

Les blessures ont réduit les options en défense cette saison mais se sont heureusement calmées ces dernières semaines, permettant l'établissement d'une complicité entre les défenseurs et leur gardien, David De Gea. La force d'esprit de l'Espagnol lui a permis de supporter l'insistante surveillance qui planait sur lui au cours de ses premiers mois en Angleterre. Sa récente période de performances remarquables est de bon augure pour les mois à venir. Il est en train de relever le défi de commander sa défense expérimentée.

"Diriger des gars comme Patrice Evra et Rio Ferdinand n'est pas simple pour un bleu comme moi", a déclaré De Gea. "Mais ils sont très professionnels et me disent toujours que le gardien est maître dans sa surface. Ils acceptent mes ordres."

Après une tornade de bouleversements lors de la première moitié de saison, l'harmonie semble avoir surgi dans un secteur clé de l'organisation de United, et à un moment vital.

Les maîtres du milieu

Si vous cherchez de l'expérience et du savoir-faire, vous les trouverez dans la salle des commandes de United. Les collectionneurs Ryan Giggs, Paul Scholes et Michael Carrick ont amassé à eux trois 26 médailles de champion d'Angleterre et ont montré, cette saison plus que jamais, leurs dons pour être présents quand tout semble perdu.

Regardez la victoire de justesse sur Norwich le mois dernier : Giggs arrache trois précieux points en expédiant le ballon au fond des filets sur un centre d'Ashley Young. Mais avant ce dénouement, Scholes et Carrick faisaient patiemment circuler le ballon d'un but à l'autre, surveillant et attendant le bon moment. Le second est, avec ses 30 ans, un petit freluquet en comparaison des deux autres. Mais Carrick a déjà été impliqué dans les cinq derniers sprints de fin de saison avec les Red Devils, et il sait que ce n'est pas le moment de s'emporter.

"Nous sommes satisfaits de la situation dans laquelle nous nous trouvons actuellement", dit-il. "Mais le simple fait que nous soyons revenus sur ces deux mois difficiles ne veut pas dire que nous continuerons de la sorte les deux prochains mois. Ne nous emportons pas et ne prenons rien comme acquis. Nous savons que tout va très vite et que nous pouvons être rattrapés."

Cette saison, le duel pour le titre avec les rivaux locaux s'est accru, mais Carrick insiste sur le fait que la motivation ultime de l'équipe reste inchangée. "Depuis que je suis ici, nous avons toujours lutté avec quelqu'un pour le titre, parfois deux ou trois équipes. Mais cette saison, cette concurrence locale avec City entraîne quelque chose de différent. Il faut gagner les matchs et rester concentrés sur nous-mêmes en même temps."

Les commandants des ailes

Les maths rudimentaires nous indiquent que trois joueurs ne peuvent pas occuper deux places. Les disponibilités de Nani, d'Antonio Valencia et d'Ashley Young vont fournir à Sir Alex un choix des armes sur les ailes délicieusement difficile pour le reste de la saison.

Les trois ailiers ont tous pu jouir d'une forme étincelante à différents moments de la saison, forme juste gênée par les blessures. Depuis la démonstration en décembre face à Fulham, les trois joueurs sont juste apparus une seule fois ensemble sur le terrain. Young a débuté sa carrière à United tambour battant, avant de récolter un assortiment de petits pépins physiques. Valencia a manqué la pré-saison, puis a évolué au poste d'arrière droit jusqu'à la mi-octobre. Après quoi, il a enfin pu jouer à son poste de prédilection dans une forme époustouflante à la fin de l'année précédente et au début de cette année. Son retour d'une blessure au tendon va apporter à United un pouvoir destructeur sur le flanc droit, tandis que le retour imminent de Nani peut aussi se révéler crucial pour la course au titre.

Le dribbleur Portugais est à presque un but tous les 3 matchs joués en tant que titulaire, mais a aussi été mis sur le flanc en raison d'une blessure à la cheville survenue en janvier, lors de la victoire sur Arsenal. "Cela a été difficile pour moi d'être régulier", reconnaît Nani. "Je me prépare à revenir, mais il me faut encore un peu de temps. Je vais travailler dur pour ça car l'équipe a besoin de tous ses joueurs. Il y a tellement de grands joueurs dans l'équipe et si vous les récupérez tous, cela ne peut être que bénéfique pour le sprint de cette fin de saison."

Disposer de Nani et des autres ailiers devraient offrir des ressources bienvenues à United pour la cueillette de ce 20ème titre.

Le Talisman

En Premier League, seul City peut défier United en matière de richesse en attaque. Mais United a un petit avantage pour la course au titre : l'influence colossale de Wayne Rooney.

Le numéro 10 des Red Devils a pillé les buts à profusion cette saison, avec une très bonne forme ces dernières semaines, et il dicte le tempo des attaques de United tout en s'occupant de l'importante tache de mettre le ballon au fond des filets.

Chez les Blues, Aguëro est un redoutable buteur au point de pénalty, Mario Balotelli a largement mis en évidence son talent considérable dans la finition, et Edin Dzeko reste une menace aérienne non négligeable, malgré sa forme sporadique depuis octobre. Mais le joueur de City le plus proche de Rooney, en terme d'influence au sein du collectif, est Carlos Tevez, le talentueux sauveur capable du meilleur comme du pire. S'il revient en forme et qu'il soulage le fardeau de l'animation offensive qui repose sur les épaules de David Silva, alors City pourrait avoir ses chances.

En attendant, Rooney a démontré son habilité pour jouer avec chacun de ses partenaires de l'attaque : Chicharito, Dimitar Berbatov et plus régulièrement Danny Welbeck. Il a su s'occuper de l'animation offensive de l'équipe dans chacune de ses associations, ce qui démontre son influence grandissante.

"Quand j'étais jeune, nous devions perdre un match 1-0 ou 2-1, et je me disais alors 'Mets juste le ballon au fond des filets'. Je paniquais un peu à l'idée de perdre le match", admet-il. "Maintenant, je suis plus vieux et plus expérimenté. Et quand vous vieillissez, vous savez comment jouer dans ces situations. Vous devez juste continuer à jouer votre jeu, car il y a toujours une chance que vous vous procuriez une opportunité de marquer."

Les Blues sont prévenus !

Le chevalier veilleur

Heureusement, l'homme que tous voulaient à cette période de la saison occupe toujours le banc des locaux à Old Trafford. Sir Alex Ferguson est en passe de se rapprocher d'un 13ème titre de champion d'Angleterre avec le club, et de le saisir dans les semaines à venir. Il avait d'ailleurs tout prévu : tous les rebondissements et tous les retournements de situation imaginables. Les matchs bouleversants, les blessures, les suspensions ou toute autre entrave à la course au titre. "Nous ne paniquerons pas", déclare Sir Alex.

Même la saison dernière, lorsque son équipe en pleine évolution se battait pour s'en sortir avec les exigences des matchs à l'extérieur en Premier League, le boss dirigeait calmement son équipe vers un triomphe à neuf points des tenaces concurrents de Chelsea. Cette saison a sans aucun doute demandé un exploit encore plus grand à l'équipe et à Ferguson. Autorisant les jeunes pousses à apprendre le métier avec l'aide des cadres expérimentés, il a su diriger les Red Devils avec fermeté, à travers un torrent de blessures, pour rester au contact des Blues de Roberto Mancini alors en grande forme.

Il y a une quinzaine de jours, avec la ligne d'arrivée en vue, Sir Alex s'est servi de la revue du club pour créer un mouvement de soutien de l'armée rouge. "J'appelle à un effort combiné des joueurs et des supporters pour nous mener jusqu'à la ligne d'arrivée avec des victoires sur notre terrain", a-t-il écrit. "Notre public peut faire une énorme différence". Lui, et nous, devrions le savoir…

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