On sait maintenant qui nous affronterons en finale de la Ligue des Champions 2008. Entre Liverpool et Chelsea, ce sont les Blues qui sont passés. Avant d'aller à Moscou, c'est le moment de revenir sur notre saison européenne.


Il y a quasiment un an jour pour jour, alors que le Milan AC nous écrasait en demi-finale de ce qui allait être sa septième Ligue des Champions, nous étions forcément tous déçus. Mais largement supérieurs, les Italiens méritaient certainement leur qualification pour le dernier round.

Comme Liverpool, qui serait leur adversaire en finale mais s'inclinerait 2 buts à 1, les Milanais sont apparus au fil des saisons comme de grands spécialistes de l'épreuve. Il n'y a qu'à voir le nombre d'étoiles décrochées par les Rossoneri ou les Reds pour comprendre. Bien qu'irrésistibles sur le plan national dans les années 1990 et 2000, jusqu'au sans faute des Gunners puis à l'arrivée d'Abrahamovitch, United n'a ramené qu'une Coupe d'Europe à Old Trafford sur cette période, la dernière du second millénaire, en 1999.

C'est pour tenter de triompher une troisième fois dans la reine des compétitions de clubs que Sir Alex Ferguson a recruté quatre perles cet été. L'Anglais Owen Hargreaves, l'Argentin Carlos Tevez, le Brésilien Anderson et le Portugais Nani arrivaient pour donner aux Red Devils une profondeur d'effectif qui leur manquait jusque là. Il est de plus en plus dur de jouer à la fois le championnat et la Coupe d'Europe sans y laisser des plumes, et nous l'avons compris à San Siro le 2 mai 2007 face à un Milan largement au-dessus physiquement. Mais cette fois, on peut le faire.

La phase de poules nous a d'ailleurs donné raison. Manchester United a survolé un groupe qui n'avait pourtant rien d'une partie de plaisir. Première victime : le Sporting, battu sur son terrain 1-0, un but de l'ancien de la maison... Cristiano Ronaldo. Le premier d'une belle série.

Deux semaines plus tard, des Romains avides de revanche se présentaient à Old Trafford dans l'espoir de laver l'affront... Mais surtout de prendre au moins un point pour la suite. Ce ne fut pas le cas, malgré une très belle partie des Italiens. Wayne Rooney fit la décision en deuxième mi-temps, 1-0 là encore.

Deux matchs, deux buts. Le compteur s'affola lors des rencontres de la troisième et de la quatrième journée face à l'équipe supposée la plus faible du groupe, le Dynamo Kiev. Quatre buts à l'aller (Ferdinand, Rooney, Ronaldo 2) comme au retour (Pique, Tevez, Rooney, Ronaldo) permirent à United d'envisager l'avenir avec sérénité. Avec 12 points en quatre matchs, les Mancuniens étaient presque assurés d'aller en huitièmes. La qualification serait assurée en cas de victoire à domicile face au Sporting au match suivant.

Ce fut plus difficile que prévu initialement. En fait, ce sont les Lisboètes qui ouvrirent le score en première période, et les Red Devils qui durent courir après le score tout le match durant. Heureusement, Carlos Tevez se chargea d'égaliser à l'heure de jeu. Les Portugais semblaient repartir avec le point du match nul, mais leur compatriote Ronaldo leur enleva cet honneur en envoyant un coup franc à 25 mètres dans la lucarne de Rui Patricio (2-1).

Assuré de terminer en tête de leur groupe, Manchester United envoya donc l'équipe bis disputer la dernière rencontre des phases de groupes au Stadio Olimpico de Rome. Et les jeunes s'en sortirent extrêmement bien! Grâce à un but de Gerard Pique en première mi-temps, nous avons mené à la marque pendant 40 minutes, le temps pour Mancini de remettre les choses à plat (1-1)...

Sur leurs six premiers matchs, les Reds en ont donc remporté cinq et concédé un nul avec une équipe remplaçante. Un très bon bilan, le meilleur des 32 équipes engagées dans la compétition.

C'est ensuite que les choses se corsèrent. Le tirage au sort des huitièmes de finale nous donna l'adversaire le plus difficile auquel nous pouvions nous attendre... Entre le Celtic, Schalke, l'Olympiakos, Fenerbahce et l'Olympique Lyonnais, nous autres en France espérions bien sûr le dernier choix tout en le craignant...

Mais c'est totalement confiants que nous avons abordé ce huitième de finale aller à Gerland, avec la quasi-certitude pour la plupart de voir les nôtres s'imposer. Attitude de supporters, me direz-vous. On faisait moins les malins, menés 1-0 à la 86e minute. Mais notre très cher Carlitos, à quelques minutes du terme, nous délivra et nous pouvions hurler de joie dans les travées de l'enceinte lyonnaise. Quel grand moment...

Du coup, au retour, service minimum pour les Red Devils qui se contentèrent d'un but de Ronaldo pour faire la différence. Lyon ne reviendrait pas, la route vers les quarts de finale était ouverte.

Et elle nous envoya vers... Rome, une fois encore. Décidément, ceux qui font tous les déplacements pourront prendre un abonnement dans la capitale italienne. Les deux chocs entre les deux formations allaient être respectivement le cinquième et le sixième en un an! Après les matchs de poule de cette saison, et les quarts de finale de la dernière qui nous ont vu nous imposer 8-3 sur l'ensemble des deux rencontres.

Là où nous avions perdu un an auparavant, là où nos fans s'étaient fait tabasser comme des animaux, ce fut cette fois la fête pour le peuple mancunien. Vainqueurs 2-0 à Rome, nous allions, sauf accident, disputer les demi-finales! L'accident ne se produisit pas au retour à Old Trafford, puisque nous nous sommes imposés 1-0, un très joli but de Carlos Tevez.

En demi-finale, nous le savions, ce serait le Barça ou Schalke. Sans manquer de respect aux Allemands qui ont tout de même prouvé leur valeur en parvenant en quarts, nous nous attendions à affronter les Catalans dans ce qui serait une superbe double confrontation, le football champagne, les buts, les gestes techniques en veux-tu en voilà...

Sauf qu'à ce niveau, ça n'existe pas. En demi-finale de Ligue des Champions, avec un tel enjeu, on ne peut pas s'attendre à ce que deux équipes, quelque soit leur niveau, oublient ce qu'elles ont à perdre et se ruent vers l'attaque. Certes, c'est arrivé l'an dernier quand nous avons battu la Roma 7-1 en quarts. Certes, on a également vu de très belles choses lors de notre victoire au bout du suspense sur le Milan en demi-finale (3-2). Ce n'est pas arrivé cette fois-ci.

Mais qu'importe. Au terme de deux matchs très fermés, United s'impose au final 1-0 au retour après avoir tenu le choc (0-0) à l'aller. Le monde entier, du moins celui qui ne sait pas que le football se joue à 11 contre 11, attendait avec impatience le duel Ronaldo - Messi. Mais s'il y a un vainqueur à désigner, il n'est pas Portugais, il n'est pas Argentin : il est Anglais et il s'appelle Paul Scholes.

Auteur d'une frappe lumineuse dans la lucarne après moins d'un quart d'heure de jeu, c'est un fidèle parmi les fidèles qui nous offre cette place à Moscou. Celui dont le Gaffer disait, avant même de jouer les demi-finales, qu'il aurait sa place si nous allions en Russie parce qu'il avait raté la dernière marche en 1999 à cause d'une suspension. Si souvent critiqué ces derniers temps à cause d'un niveau de jeu pas vraiment à la hauteur de celui qu'il a été ces dernières saisons, le rouquin a frappé. Et fait taire les détracteurs.

Paul Scholes, c'est l'anti-star type. L'anti-Ronaldo pourrait-on dire. Refusant les sollicitations médiatiques, Scholesy mène une vie tranquille avec femme et enfants, se lève pour aller à l'entraînement, rentre chez lui et reprend sa vie de famille ensuite. Modèle de professionalisme aux dires de tous ses coéquipiers, on ne peut plus discret, il n'y a que sur un terrain qu'on entend parler de Paul Scholes. Et des comme ça, avec un tel niveau, il n'y en a pas des masses...

Sur la demi-finale, les connaisseurs s'y accordent, et je ne veux pas entendre parler ici de Christian Jeanpierre... Là où un Barça en crise s'en est remis à son génial numéro 19, United a joué en équipe. La solidarité défensive d'un Wayne Rooney, d'un Carlos Tevez ou d'un Park Ji-Sung font frémir. Dans quelle équipe voit-on des joueurs mouiller autant le maillot pour la cause collective? Incontestablement, même moins brillants qu'à leur habitude, nos Reds méritent leur qualif' pour la finale.

Malgré ça, ils y en a qui continuent à vouloir parler de Messi et de Ronaldo. Incroyable. On va les rendre heureux : sur les deux matchs, Leo a certainement montré plus de choses que Ronaldo. Mais ça a servi à... pas grand chose. Quelques dribbles incisifs, une frappe dangereuse au retour, point. Ah oui, un sombrero sur Evra. Fantastique. Mais sans aucune valeur s'il n'y a rien derrière.

On ne cherche pas à contester le talent fou que possède ce joueur. Il est indiscutablement parmi les trois meilleurs au monde actuellement. Il est même numéro 1 dans la bouche de ceux qui considéraient encore Ronaldo comme le premier il y a deux semaines. Parce que notre Portugais a, il est vrai, l'habitude de revêtir son habit de fantôme dans les grands rendez-vous. C'est vrai que contre les grosses équipes, on ne le voit pas souvent sous son meilleur jour. Mais cet argument n'a pas vraiment lieu d'être.

Premièrement, Cristiano Ronaldo est le meilleur buteur de la Ligue des Champions 2007-2008. Avec sept réalisations, il devance... Messi, qui n'en a inscrit "que" six. "Normal", vous dira le footix de base, celui qui est sûr de lui avec ce seul argument parce qu'il a entendu Courbis le dire, "il tire aussi les penaltys". Le problème, c'est qu'il n'en a marqué qu'un, face au Dynamo Kiev. "Mais il a joué plus de matchs en C1 que Messi cette saison!" Oui... un de plus. Au final, la moyenne de buts par match pour le Portugais est de 0.7 (7 buts pour 10 matchs). Celle de l'Argentin est de 0.66 (6 buts pour 9 matchs).

Deuxièmement, qu'appelle-t-on un grand match? Remember 2006-2007. A Old Trafford, Arsenal nous battait 1-0 dans les premières foulées de la saison. Stupeur. Au retour, ils nous assomaient 2-1 alors que nous menions 1-0. Re-stupeur. Et finalement, Manchester United termine la saison avec 21 points d'avance sur les Gunners.

Moralité, il y a des équipes plus grandes que d'autres, mais tous les matchs sont importants. Rien ne sert de faire le doublé contre le rival pour ensuite perdre des points contre Wigan ou Middlesbrough. Et c'est là que les 28 buts de Cristiano Ronaldo en championnat prennent toute leur importance.

Entre les buts de la tête, du gauche, du droit, du talon, les coups francs, les penaltys, il nous a tout fait ou presque, il ne manque plus que le légendaire but de la main, la "Main de Dieu"... Après lequel il sera taxé de tricheur et de simulateur. On ne s'appelle pas tous Diego.

Et puis de toute façon, dans les "grands rendez-vous", Ronnie s'en sort pas mal du tout cette année. Il a quand même planté 2 buts au Sporting (personne ne les voit comme une bonne équipe, mais ils tanneraient probablement 3/4 des clubs français), 2 à Arsenal, 2 à Everton qui est cinquième de Premier League, 1 à Lyon, 1 à Liverpool, 1 à Arsenal... Il faudrait certainement qu'il en mette 4 à Chelsea en finale pour faire changer les mentalités de certains, et encore...

Mais bon après, c'est vrai que Ronaldo est jeune, plutôt pas mal, passe ses heures à la muscu, met un pot entier de gomina avant chaque match, qu'il aime se la péter et qu'il avait une certaine tendance à se laisser tomber. Mais qu'est ce qu'il est doué. Bon ça ne veut pas dire que quand on est bon on doit forcément se la raconter, et à ce propos, des joueurs comme Kakà ou Messi, qui restent humbles, sont des modèles.

Mais ça fait probablement partie du joueur, et à Manchester qui a connu des personnages hauts en couleur, ça ne pose pas de problème. Alors qu'importe ce que les autres en pensent, qu'importe les raisons qui les poussent à cracher sur Ronaldo, que ce soit de la jalousie, de la haine, ou simplement l'abus de Téléfoot... He is the best, and we f**k the rest.

Enfin, revenons à nos moutons et cette finale de Champions League qui se profile. On le sait désormais, c'est Chelsea (prononcez Chelski) qui nous accompagne à Moscou, les terres de... Hé oui... Roman Abrahamovitch.

(En France, on s'arrache les cheveux. L'ennemi juré anglais aligne deux de ses représentants en finale de la Champions League quand nous on se contente de voir les quarts de finale chaque année avec Lyon, quand c'est pas les huitièmes. Heureusement, on pourra toujours se foutre de leur gueule cet été quand on ira à l'Euro!

D'ailleurs, si vous avez regardé le JT de TF1 mercredi, que ce soit à 13h ou à 20h, pas un mot sur notre qualification... La première chaîne ne passe du football chez PPDA que quand Ribéry marque deux buts, comme ça a été le cas ce week-end, ou quand Arsenal nous bat. Pathétique. Pour le match de Chelsea face à Pool, on verra, parce qu'il y a Didier qui joue en bleu quand même...)


Un mot sur le stade? Le Luzhniki Stadium est le plus grand stade de Russie, classé 5 étoiles par l'UEFA (condition sine qua none pour accueillir ce type d'événement) et peut accueillir près de 85000 personnes. Inauguré dans les années 1950, il sert d'enceinte au Spartak Moscou et au Torpedo Moscou.

Le 21 mai, il brillera de mille feux pour accueillir les deux meilleures équipes d'Europe. Peut-être pas celles qui pratiquent le meilleur football (on pense notamment à Chelsea), mais celles qui ont réussi à franchir toutes les étapes pour arriver jusque là.

Nous sommes la dernière équipe encore invaincue en lice, à nous de faire en sorte que cette saison, cette série ne connaisse pas de fin. A nous, 40 ans après le sacre de Wembley, 50 ans après le crash de Munich, de faire honneur à nos couleurs en portant nos joueurs vers la victoire.

A nous d'aller jusqu'au bout du rêve.

Sur le forum