Manutd.com consacre une semaine au génie d'Eric Cantona à l'occasion de la sortie en Angleterre du film de Ken Loach Looking for Eric, dans lequel Cantona joue son propre rôle. Aujourd'hui, voyons pourquoi Canto fut un capitaine emblématique du club.


Certains passent toute leur vie en voulant être des leaders. D'autres comme Eric Cantona ont un magnétisme surpuissant que les autres ne peuvent s'empêcher de suivre.

Quand Cantona est arrivé à Old Trafford avec sa réputation d'enfant terrible, la notion de lui donner le brassard de capitaine ne semblait pas réaliste. Quatre ans et demie après, il prit sa retraite en tant que capitaine après avoir conduit United vers un 4ème titre de champion en cinq saisons, jouant un rôle central dans le développement d'une des meilleures générations de talents que le club a produite.

Ce serait facile d'imaginer que Cantona a un peu changé pendant sa suspension de neuf mois après avoir attaqué un supporter de Crystal Palace. Avoir sa carrière suspendue pendant neuf mois, c'est assez long pour vous faire vous poser et réfléchir. Il avait réussi en tant qu'entraineur de jeunes lors de travaux d'intérêt général qui lui avaient été prescrits mais rien n'avait vraiment montré une évolution. Il n'a jamais vraiment changé, il avait simplement rassemblé une bande de jeunes grâce à son professionnalisme modèle.

Ce n'était pas du fait d'Eric que quand il revint, l'équipe était beaucoup plus jeune que celle qu'il avait quittée à Selhurst Park. Ince, Kanchelskis, Hughes étaient partis alors que les frères Neville, Beckham, Butt et Scholes jouaient déjà régulièrement en équipe première. Pour ces jeunes aux yeux grands ouverts jetés dans le grand bain, il était impossible de ne pas voir Cantona comme un exemple à suivre. Un homme décrit par Sir Alex Ferguson comme un "professionnel modèle. Le meilleur footballeur préparé que j'ai jamais eu." Peut-être ce qui était particulièrement persuasif pour ces jeunes dans leurs tendres années, c'était que Cantona était un homme qui exprimait beaucoup de choses en paradant.

Lee Sharpe se souvient que "l'entraineur lui donnait ce rôle libre, le laissant s'exprimer, réussir ses coups et marquer ses buts. Je pense que c'est pour ça que les jeunes l'admiraient autant. Ils se sont dit 'si je peux être quelqu'un, c'est lui que je veux être. Je veux être traité comme ça. Je veux jouer comme ça. Je veux être aimé comme ça.'"

Mais l'influence de Canto s'étendait au-delà de ses coéquipiers, son opinion était une des plus recherchées à Old Trafford. L'entraineur de jeunes Eric Harrison, qui venait d'expédier six futurs internationaux anglais en équipe première, allait régulièrement voir le Français pour lui demander comment les jeunes locaux se comportaient comparés aux jeunes en France.

Harrison révèle que "il me répétait qu'en talent, ils étaient similaires, mais qu'il pensait que les jeunes Français recevaient mieux le ballon que les jeunes Anglais. Je l'ai noté sur mon tableau de suite et je l'ai pris en compte. J'ai introduit plus de jongles avec le ballon parce que ça développe le contrôle du ballon. Sûrement, si c'était assez bon pour Cantona, c'était assez bon pour mes garçons."

Bien que ses mots aient eu un certain poids, Cantona était quand même un homme de peu de mots, qui préférait agir, notamment en fin de saison 1995-96 où il marqua le but de la victoire dans cinq des sept victoires 1-0 en championnat et dans la finale de FA Cup. Ses actes et son aura décidèrent Sir Alex Ferguson à en faire son capitaine quand Steve Bruce quitta le club pour Birmingham City en 1996. Pas du genre à suivre les cancans, un vrai modèle de meneur, Cantona n'avait pas de méthode réfléchie pour motiver ses coéquipiers. Il les impressionnait juste en étant lui-même.

Andy Cole a écrit dans son autobiographie "les joueurs aimaient sincèrement Eric même s'il était très souvent distant. Dans le vestiaire il s'ouvrait, se révélant capable de vanner. Il pouvait aller voir n'importe qui, même s'il préférait clairement être seul. Vous ne vous embrouilliez pas avec lui, que ce soit quand il jouait au football ou buvait une pinte. En dehors du terrain, je le voyais comme un solitaire, mais un mec génial, et la façon dont il se comportait en faisant profil bas, c'était un message clair : il était un homme libre." Un homme que les autres ne pouvaient s'empêcher de suivre.

Sur le forum