Pourquoi United a été vendu

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  • Le club
  • 10/10/2009 02:03
  • Steph
  • Manchester Evening News

En 1991, United est devenu une société anonyme*. Pour beaucoup ce fut le premier pas d’un processus qui a conduit inévitablement à la prise de pouvoir des Glazer.


Le président et directeur général de l’époque, Martin Edwards, affirme que cette transformation était nécessaire étant donné les circonstances après Hillsborough**, et insiste sur le fait que les supporters auraient pu changer la destinée du club s’ils n’avaient pas été aussi peu disposés à participer.

"Nous avions besoin d’argent pour reconstruire le Stretford End. Nous devions aller en ville pour cet argent. Et puis nous devions respecter le ‘Taylor report’ *** pour faire d’Old Trafford un stade entièrement assis. C’était une question de droits. Chaque fan a eu l’opportunité d’acheter des parts de United. La plupart ne l’ont pas fait. Nous voulions qu’un tiers des parts soit détenu par des actionnaires individuels, un tiers par des actionnaires institutionnels, et le reste par les supporters. C’est ce que nous voulions faire, avec peut-être encore plus de pouvoir pour les supporters mais ils n’ont jamais acheté les parts. Nous avons récolté l’argent pour construire la tribune", déclare Edwards.

La construction fut aussi payée par une augmentation importante des prix des billets de matchs. En 1992, des fans de United indignés par la hausse des prix formèrent un groupe appelé HOSTAGE (Holders Of Season Tickets Againt Gross Exploitation ; détenteurs d'abonnements étant contre la sur-exploitation). Les magazines des fans furent remplis de lettres qui protestaient fermement contre l’augmentation de 30% des prix.

"Regardez à quoi a servi cet argent. Nous avons construit le Stretford End. Regardez Arsenal maintenant, avec la grosse dette qu’ils doivent rembourser chaque année. Nous avons toujours construit des tribunes sur ce que nous gagnions. L’argent que les fans payaient allait dans les caisses du club. Les dividendes des actions étaient en fait pratiquement nuls", ajoute Edwards.

L’I.M.U.S.A (l’association indépendante de supporters de Manchester United) fut formée en 1995 et souhaita un dialogue avec Edwards - quelque chose qu’il n’était pas prêt à faire.

"J’ai senti que l’I.M.U.S.A aurait toujours voulu plus. Et je ne voulais pas que des supporters indépendants dirigent le club. Nous avions des supporters au conseil. "Les Olive" était un grand supporter, il a toujours eu l’âme d’un supporter. Mike Edelson et Maurice Watkins étaient des supporters eux aussi. Je n’aurais jamais vendu un joueur pour un gain à court terme. Mon intérêt pour le club a toujours été le long terme parce que c’est ce que mes actions représentaient."

En septembre 1998, Edwards reçut une autre offre. Il y avait peu de chances que le potentiel acheteur ne puisse pas rapporter des fonds – c’était Rupert Mordoch (créateur de la chaîne de TV Sky Television) avec une offre de 623 millions de livres. Malgré la protestation des fans, Edwards conseilla cette offre aux actionnaires de United.

"Je pensais que Sky aurait pu amener Manchester United à un niveau que personne n’aurait pu nous atteindre", dit-il pour sa défense. "C’est pourquoi j’ai recommandé leur offre en 1998. Quand ils nous ont approchés, nous avions passé 30 ans sans avoir gagné la Coupe d’Europe. Je pensais qu’ils pourraient nous amener à un autre niveau. J’ai vu comment certains supporters ont réagi à l’offre de Sky qu’ils trouvaient exagérée."

"Et j’ai vu que certains fans se sont réjouis quand l’offre n’a pas été acceptée et peut-être ont-ils pensé que j’étais déçu. Je ne l’étais pas. C’était la décision que la direction générale de la consommation et de la répression des fraudes ('Office of Fair Trading') avait prise et je pouvais vivre avec ça. J’ai juste pensé que nous devions considérer l’offre au nom des actionnaires de la société. Si nous pensions que c’était dans le meilleur intérêt des actionnaires alors nous devions la recommander. Nous avons fait ça et ça a été refusé. J’ai fait mon devoir."

Edwards se retira du poste de directeur général de Manchester United en 2000, vendant sa dernière tranche d’actions.

"J’ai donné ma vie à United et manqué beaucoup de choses dans ma vie personnelle. Mes enfants ont grandi et se sont mariés. Je n’ai pas pris assez de temps pour ma famille. Ma femme voulait que je prenne ma retraite à 50 ans, mais je lui ai demandé de me laisser 5 ans de plus. Je me suis tenu à ça. Je n’ai pas vendu mes actions quand le cours était le plus élevé. J’en ai vendu quelques unes à la bourse et une seconde partie pour mettre de l’argent sur les comptes des enfants. Mes enfants ne devaient pas être dépendants de Manchester United. Je ne voulais pas une grande participation si je n’étais plus celui qui menait les débats."

Edwards fut ensuite désigné président du club, mais sans pouvoir exécutif.

"Je vais voir tous les matchs en tant que supporter et je m’assois dans la loge du directeur. J’y vais avec des amis et la famille. J’adore ça. Je peux aller dans la salle du conseil si je veux, ou dans le vestiaire. Il y a beaucoup moins de pression que quand je devais m’inquiéter de tout ce qui se passait sur et en dehors du terrain. Je suis toujours très stressé quand nous gagnons seulement 1-0 avec 5 minutes restant à jouer et que l’autre équipe attaque mais ce n’est plus un fardeau comme auparavant."

Et il était sur la ligne de touche quand United fut finalement vendu à la famille Glazer en 2005.

"C’était un fait accompli. Si quelqu’un avait l’argent pour acheter les parts c’était inévitable. J’ai pensé que cette foi,s cela nous dirait s'ils seraient de bons propriétaires et je pense toujours ça. Je ne pense pas qu’ils aient fait quelque chose de radicalement mauvais pour l’instant. Le moment clé sera quand ils partiront. Vont-ils rendre le club avec la dette ou juste vendre le club pour faire un profit parce que c’est tout ce qui les intéresse? Comment vont-ils quitter le club?"

"United avait une dette de 700 millions d’euros en 2009. Ça m’inquiète que le club soit autant endetté. Le club n’a pas le contrôle, cette famille a le contrôle de la dette. Je peux comprendre pourquoi les fans sont inquiets. Je ne vais pas faire d’accusation parce que pour l’instant ils ont plutôt bien agi, ont soutenu le manager et ils n’ont pas bouleversé la marche du club ou le personnel au sein du club. Le temps nous le dira."

Edwards reste convaincu que la personne la plus importante au club est le manager.

"Le manager est toujours très important. Il a déjà vécu un sacré règne. Je crois qu’il pensera à partir quand il aura 70 ans. Il aura fait plus d’années que Matt (Busby) et son héritage sera là pour encore plus longtemps. Le prochain rendez-vous sera une grande décision et il faut espérer qu’un manager se profilera pour prendre la suite de Sir Alex."

Quant aux supporters de Manchester United opposés à l'acquisition du club par Malcom Glazer, ils ne pensent apparemment pas que l’Américain sera toujours au contrôle à Old Trafford d'ici 5 ans.

Après une période relativement calme, les discussions sur le maniement de United par la famille Glazer sont revenues à l’ordre du jour suite aux commentaires faits par l’ancien directeur général, Martin Edwards.

Edwards est profondément inquiet de l’augmentation de la dette, qui est actuellement de 700 millions d’euros, une position un peu étrange si l’on considère que, durant le contrôle de la famille Glazer, United a gagné 3 titres de Premier League d’affilées et atteint deux finales de Coupe d'Europe successives, plus une demi-finale.

Le manager Sir Alex Ferguson a lui aussi à maintes reprises soutenu les Glazer, ce qui ne définit en rien un club en crise. Pourtant, il est clairement évident que la dette ne peut pas continuer à augmenter de cette manière, et à un certain point, il faudra agir pour la réduire.

Certains pensent que cela va résulter soit par la vente, par les Glazer, d’une part significative du club ou d’une vente totale, en sachant qu’ils pourraient probablement récolter une somme bien supérieure aux 790 millions qu’ils ont payé à l’origine de ce qui est devenu un phénomène marketing mondial.

Le 'Manchester United Supporters Trust' qui, en tant qu’actionnaire, est farouchement opposé à la participation des Glazer, est convaincu que la dernière option est celle qui sera choisie, auquel cas, ils se doivent d’être dans une position pour au moins avoir une part dans le futur de United.

"Nous partageons les craintes d'Edwards sur le futur", déclare le directeur général de MUST, Duncan Drasdo. "C’est précisément la raison pour laquelle nous avons commencé à construire un immense réseau en ligne des supporters de Manchester United et 'Reds in Business'. Je pense que c’est peu probable que la famille Glazer soit toujours le propriétaire de Manchester United d’ici 5 ans donc les supporters doivent se préparer maintenant s’ils veulent avoir leur mot à dire dans le futur acquéreur du club."

Bien sûr, Edwards fut lui-même loin d’être le favori des fans ayant recommandé un rachat du club par BSKyB, les supporters affirmant être ceux ayant empêché ce rachat de se réaliser.


* Public limited company : entreprise dont les parts ont été vendues par un appel public à l’épargne.
** La tragédie de Hillsborough a eu lieu le 15 avril 1989 dans le stade de Hillsbourough situé à Sheffield, dans le nord de l’Angleterre lors du match de football entre Liverpool FC et Nottingham Forrest. 95 supporters sont morts le jour même, tandis que Tony Bland, qui a survécu 4 ans dans le coma, fut la 96è victime.
*** Le ‘Taylor report’ instauré après la tragédie de Hillsborough est un document obligeant les stades à n'avoir que des places assises.

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