Malgré un début de match cauchemardesque, United a réussi un exploit avec une superbe - et peut-être décisive - victoire à San Siro hier soir, face au Milan AC.


Beaucoup de discussions d'avant-match étaient centrées sur la première rencontre opposant David Beckham à son ancien club, près de sept ans après que nous l'ayions vu quitter Old Trafford en 2003. Mais l'Anglais n'eut au final pas une grande influence sur le match, au contraire de son coéquipier brésilien Ronaldinho, auteur d'une excellente performance.

Première mi-temps

Man United aurait difficilement pu commencer le match de plus mauvaise manière. Après seulement 3 minutes de jeu, Patrice Evra concéda un coup franc sur le côté droit de l'attaque des Milanesi, un coup franc dont se chargea Becks. Sur son centre, Evra tenta un dégagement en retourné acrobatique complètement raté qui se transforma en une passe décisive parfaite pour Ronaldinho, lequel reprit de volée et fut tout heureux de voir le ballon dévié par la jambe de Carrick et prendre Van der Sar à contre-pied (1-0, 3').

Les Reds étaient complètement dépassés alors que Milan, galvanisé, ne comptait pas en rester là. Peu après, Ronaldinho, qui semblait avoir attendu toute sa vie pour jouer ce match, força un arrêt de Van der Sar après avoir réussi avoir été servi par Pato. La première tentative de United fut une frappe lointaine de Scholes qui passa largement hors cadre.

Ronaldinho était une vraie plaie pour notre défense, celui-ci, non content de profiter des ballons donnés par ses partenaires, venant en plus faire le pressing et profiter du jeu laxiste des Red Devils. Sur une perte de balle stupide de Scholes, le Brésilien fonça en direction du but, tenta de déstabiliser Ferdinand par de multiples passements de jambe mais s'écroula ensuite à l'entrée de la surface sans que l'arbitre portugais de la rencontre, Olegario Benquerença, ne siffle quoi que ce soit.

Cette phase de "jeu" se répéta plusieurs fois dans la soirée, la possession de balle habituellement assurée de nos joueurs n'étant qu'un lointain souvenir à Giuseppe Meazza. Milan gâcha plusieurs belles opportunités suite à des ballons bêtement perdus par nos milieux de terrain ou nos défenseurs, la plus nette d'entre elle se concluant par une frappe juste à côté du poteau gauche d'Edwin van der Sar signée Klaas-Jan Huntelaar après que Jonny Evans se soit emmêlé les pinceaux.

Sir Alex Ferguson ne se priva d'ailleurs pas pour faire part de ses pensées au jeune Nord-Irlandais, se mettant dans une colère noire comme rarement auparavant. Heureusement pour ce dernier, cela intervint juste après l'égalisation mancunienne, alors que le défenseur central retournait à sa position, l'Ecossais devait alors être un peu plus calme que quelques secondes auparavant...

Ce but égalisateur, puisqu'on en parle, vint conclure ce qui fut peut-être la première vraie belle action de jeu des Reds ce mardi soir. Après un mouvement collectif de toute beauté impliquant Michael Carrick, Nani, Park Ji-Sung et Paul Scholes, Darren Fletcher fut lancé côté droit et adressa une passe parfaite à Scholes qui attendait au centre. Le Ginja Ninja tenta la reprise sans contrôle du droit, mais manqua le ballon qui vint percuter son tibia gauche et mourir le long du poteau d'un Dida consterné (1-1, 36').

Milan aurait facilement pu avoir trois ou quatre buts d'écart à ce moment de la partie, mais le score était un score de parité alors que l'on se rapprochait de la mi-temps. Cela eut le don d'énerver Ronaldinho, qui tenta sa chance aux 20 mètres, obligeant Edwin van der Sar à un bel arrêt.

Deuxième mi-temps

Mérité ou pas, United commença la seconde période à égalité avec les locaux et les Mancuniens furent les premiers à se lancer à l'attaque après le break. Un bon centre de Nani fut repris de la tête par Darren Fletcher au second poteau, mais celui-ci, gêné par la position de Daniele Bonera, ne cadra pas. Deux minutes plus tard, même constat d'échec pour Alexandre Pato qui avait pourtant réussi à se faire une place entre Evra et Evans.

Avec Beckham, Ronaldinho et Andrea Pirlo sur le terrain, Milan semblait toujours dangereux sur les coups de pieds arrêtés. Lorsque l'Italien se vit accorder un coup franc à 30 mètres, il le tira directement et Edwin van der Sar fut obligé de claquer en corner alors que le ballon semblait bien parti pour nettoyer la lucarne de notre but...

United parvenait de temps à autre à frapper au but, Wayne Rooney le faisant en trois occasions dans un laps de temps réduit. Seule la troisième tentative fut cadrée, même si elle ne posa aucun souci à Dida. Cela sembla concorder avec le réveil brutal de Shrek, qui avait été plutôt discret jusqu'ici.

Antonio Valencia remplaça Nani peu après, et il n'eut besoin que de deux minutes pour réussir là où le Portugais avait échoué. L'Equatorien hérita de la possession sur son côté droit, prit le dessus sur Favalli grâce à sa vitesse et envoya un bon centre au second poteau, où Wayne Rooney sauta plus haut que Bonera pour placer une magnifique reprise de la tête hors de portée de Dida, qui resta cloué sur place (1-2, 66').

Les supporters mancuniens ayant fait le déplacement, massés derrière les cages du gardien brésilien à ce moment-là, devinrent dingues. Scénario parfait pour les joueurs de United, catastrophe en revanche pour les Rossoneri qui avaient pêché justement là où United excellait : dans le réalisme.

A partir de là, le match prit une tournure complètement différente. Les White Devils torturaient leurs adversaires. Valencia, Park et Fletcher ne leur laissaient aucun répit, de même que Wayne Rooney dont une frappe aux 18 mètres manque de très peu le cadre.

Qu'importe, l'Anglais inscrivit quand même un second but personnel à un quart d'heure du terme de la rencontre, nous offrant par là-même un avantage inespéré en vu du match retour. Sur un coup franc rapidement joué depuis la droite, Rooney déposa de la tête le ballon dans les pieds de Fletcher derrière lui. L'Ecossais temporisa et n'eut pas à forcer son talent pour prendre de court la défense italienne incroyablement statique grâce à son centre millimétré que Rooney reprit victorieusement pour battre un Dida complètement abandonné par les siens (1-3, 74').

Valencia tourmentait toujours Favalli à droite, particulièrement en une occasion où son centre fort devant le but échappa à Rooney qui attendait au centre. Le numéro 10 anglais voulait un hat-trick, mais sur un coup franc de 30 mètres le cuir contourna le mur et termina sa course juste à côté du poteau gauche de Dida, qui semblait avoir couvert de toute façon.

Le Milan semblait enterré, mais prouva que ses joueurs en avaient encore dans le ventre, notamment Ronaldinho qui fut encore à l'oeuvre sur le second but milanais. Profitant d'un Rafael hors de position, il s'extirpa du marquage à gauche et servit Clarence Seedorf au centre, lequel avait échappé à Carrick et qui conclut d'une superbe Madjer au premier poteau (2-3, 85').

Les locaux se réveillèrent d'un coup, tout comme San Siro qui se remit à pousser les siens avec ferveur... Pippo Inzaghi puis Thiago Silva ne passèrent pas loin de l'égalisation mais le score allait en rester là. United ne finirait pas cette partie à onze toutefois, la faute à Olegario Benquerença (remember the name) qui se crut malin en donnant un deuxième jaune à Carrick parce que celui-ci cherchait à gagner 2 ou 3 secondes sur un coup franc milanais.

Conclusion

Manchester United enregistre la première victoire de son histoire à San Siro, une enceinte qui nous avait vus complètement laminés il y a 3 ans en demi-finale retour de la Champions League. Le scénario sembla se répéter dans les premières minutes, ramenant de pénibles souvenirs de cette nuit-là ou encore de la dernière finale de la C1 face au Barça, mais nos joueurs ont finalement brillé par leur réussite pour inscrire trois pions en Italie, un avantage fantastique pour le match retour en plus de prolonger notre série d'invincibilité record qui est désormais de 16 matchs à l'extérieur!

Le Milan AC doit maintenant gagner par deux buts d'écart dans trois semaines à Old Trafford pour se qualifier pour les quarts, ou gagner en marquant au moins quatre buts. Ce ne sera certainement pas facile pour les hommes de Leonardo, mais pas impossible non plus. Même vieillissant, Milan demeure un très grand club qu'il ne faut absolument pas prendre à la légère. Mais ça, les joueurs le savent très certainement...

Milan : Dida - Bonera, Nesta, Thiago Silva, Antonini (Favalli) - Beckham (Seedorf), Pirlo, Ambrosini, Ronaldinho - Huntelaar (Inzaghi), Pato.

United : Van der Sar - Rafael (Brown), Ferdinand, Evans, Evra - Fletcher, Carrick, Scholes - Nani (Valencia), Park - Rooney.

Buteurs : Ronaldinho (3), Seedorf (85) pour Milan; Scholes (36), Rooney (66, 74) pour United.

80.000 spectateurs.

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