Quel match! Nous serons passés par toutes les émotions au cours de cette rencontre, de la joie à la joie en passant par la déception, au cours d'un duel qui aura certainement plu à tous les amateurs de vrai football.


Chaque équipe a eu son héros lors de cette demi-finale aller de Coupe d'Europe : Kakà a fait chavirer les Rossoneri présents à Old Trafford en première période, mais c'est Wayne Rooney qui a eu le dernier mot en égalisant puis en inscrivant le but de la victoire dans les arrêts de jeu.

En défense, United était privé de tous ses titulaires habituels à l'exception de Patrice Evra, incertain jusqu'à la fin de l'après-midi mais qui put tout de même prendre sa place à gauche. Gaby Heinze et Wes Brown, ainsi qu'il était prévu, furent donc titularisés au centre, tandis que John O'Shea prenait le couloir droit.

Au milieu de terrain, les habituels Scholes et Carrick furent accompagnés par le jeune (23 ans) Ecossais Darren Fletcher. Trois milieux centraux, même si Fletcher a eu pas mal d'occasions ces dernières saisons d'évoluer à droite. Enfin devant, Giggs et Ronaldo sur les côtés allaient devoir venir à la rescousse de Wayne Rooney en pointe.

Sir Alex Ferguson avait donc parié très gros en alignant un 4-3-3 plutôt osé qui vit Alan Smith, plutôt en forme ces derniers temps, regagner le banc.

De l'autre côté, le Milan AC pouvait compter sur le retour de leur gardien brésilien Dida qui était incertain suite à une blessure à l'épaule contractée lors d'un match de Calcio.

En tribunes, la fête avait commencé bien avant l'arrivée des deux équipes sur la pelouse. Très en forme lors de la sublime victoire des Red Devils contre l'AS Roma au tour précédent, les supporters mancuniens étaient bien décidés à montrer qu'ils n'avaient pas besoin que leur équipe marque sept buts pour se manifester, et l'ancien entraîneur du club Wilf McGuinness se chargea de les chauffer à blanc, si besoin était.

Ceux-ci eurent presque un but à célébrer à la quatrième minute de jeu. Wayne Rooney, légèrement excentré dans la surface de réparation, prit sa chance mais Alessandro Nesta, d'un excellent tacle, dévia en corner.

De toute façon, le premier but n'allait pas tarder à venir. Plus exactement, le corner qui suivit allait leur donner satisfaction. Ryan Giggs se chargea de le frapper côté droit, sur la tête de Cristiano Ronaldo. Dida fit un bel arrêt réflexe... plutôt à mettre au crédit de son épaule en fait. La balle partit en cloche, et alors qu'Heinze était bien placé pour conclure, le Brésilien détourna la balle dans ses propres buts (1-0, 4').

A la 11e minute, c'est cette fois Wayne Rooney qui se chargea de trouver son coéquipier dans la zone de décision milanaise, mais cette fois Dida s'interposa facilement. Sur le contre, Pirlo, dont on connait la qualité de frappe, s'essaya de loin, mais sans problème pour le grand Edwin van der Sar.

Ca allait d'un but à l'autre dans ce bon début de match de la part des deux équipes. Carrick fut le suivant à tenter de trouver la faille chez l'adversaire, mais sa reprise de volée du pied gauche, légèrement ratée, fut déviée en corner par Dida qui avait bien plongé.

Les demi-occasions de but continuaient de se multiplier. Sous la pression de John O'Shea, Ambrosini ne put donner de la puissance à son coup de tête que van der Sar capta tranquillement. Le Hollandais regarda ensuite une autre tête, de Kakà cette fois, passer à côté de ses montants.

Mais le Brésilien fut moins imprécis à la 22e minute en inscrivant le but de l'égalisation pour les Milanais, le fameux but à l'extérieur qui permet en général de voir l'avenir avec un peu plus de sérénité. Un excellent ballon en profondeur de Seedorf trouva le jeune prodige brésilien en pleine course, et ce dernier croisa bien sa frappe du pied gauche pour envoyer le ballon dans le petit filet opposé de van der Sar malgré le tacle désespéré de Heinze (1-1, 22').

L'avant-match avait été jalonnée de comparatifs entre Kakà et Ronaldo, en tout cas en France où certains nous feraient presque croire que la rencontre entre les 22 acteurs en présence sur la pelouse se résumait à ce duel. Et si Ronaldo se montrait dangereux mais peu efficace, il n'en allait pas ainsi pour un Kakà plutôt discret mais qui fit mouche quand il le fallait pour le Milan.

1-1, balle au centre. Au tour de Ryan Giggs de s'illustrer, d'abord avec une tête décroisée qui passa peu au-dessus de la barre transversale de Dida suite à un centre de Fletcher, puis en servant Wayne Rooney qui, malgré la glissade de Maldini, ne parvint pas à conclure. Malheureusement.

Ronaldo eut bien plus de réussite à la 33e minute, mais cette fois c'est un Dida en quête de pardon qui s'interposa joliment sur la belle frappe pied gauche du Mancunien, à environ 20 mètres des buts italiens, après une autre course qui laissa sur place le milieu de terrain des visiteurs.

Pour une main d'Oddo dans la moitié de terrain milanaise, Giggs obtint un coup franc qui ne donna rien. Juste un coup franc pour une faute peu évidente d'O'Shea dans la surface des Rossoneri, le ballon changea de mains. Ou plutôt de pieds. Ceux de Dida, qui dégagea aussitôt loin devant...

A la réception de la passe, pourtant surveillé par Fletcher et Heinze, Kakà parvint à prendre le meilleur sur le premier cité, réussir le coup du sombrero sur l'Argentin, poursuivre d'un contrôle de la tête pour s'emmener le ballon, et profiter de la grosse mésentente entre Evra et Heinze qui finirent le nez dans le gazon pour tromper van der Sar d'un plat du pied, en un contre un (1-2, 37'). Magnifique.

Enfin, cela dépend pour qui. On devrait presque lui pardonner d'avoir marqué ce but, la faute à son visage d'ange et à un talent hors normes. Mais en tant que Red Devils, impossible. Ce second but, bien que très beau, venait de plonger Old Trafford dans le silence, et si les choses en restaient là, il serait assurément très difficile de se qualifier huit jours plus tard à San Siro.

Alors United poursuivit le combat. Mais parfois avec un peu trop de zèle, à en croire le Grec M. Vassaras, officiel de la rencontre. Ce dernier n'hésita pas à avertir Patrice Evra, coupable selon lui d'avoir râlé pour une décision arbitrale n'allant pas dans son sens. On a vu pire... mais ce carton jaune vient priver Evra de la demi-finale retour à San Siro, ce qui n'est pas une bonne nouvelle pour une défense déjà décimée, même si on attend les retours de plusieurs cadres pour la deuxième manche.

2-1 pour les Milanais à la pause, un score qui ne pousse pas à l'optimisme. D'abord parce que prendre deux buts à domicile est quelque chose qu'il est difficile de surmonter au match retour. Ensuite parce que l'attaque mancunienne, mise sous l'éteignoir par l'arrière-garde des Rossoneri, ne semblait pas en mesure de pouvoir faire basculer le match. Mais impossible n'est pas Red Devil, comme on le sait.

Juste après le retour des vestiaires, Man U aurait pu égaliser, mais en reprenant un corner de Giggs du plat du pied juste à côté du poteau à seulement six mètres des filets milanais, Michael Carrick venait de laisser passer une belle chance de revenir.

Mais le vent tourna en la faveur des Mancuniens. Après la sortie de Maldini à la pause, pour le protéger d'un éventuel carton jaune qui lui ferait louper le match retour, les choses se compliquèrent encore pour Carlo Ancelotti qui fut obligé de remplacer Gennaro Gattuso blessé au pied. C'est le milieu de terrain Christian Brocchi qui prit la place de l'ancien joueur des Glasgow Rangers, élément-clé du dispositif milanais.

Mais les visiteurs continuèrent pourtant d'attaquer, de nouveau avec Kakà à la conclusion mais le tir du Brésilien passa devant le but de van der Sar avant de terminer sa course en sortie de but.

Un raté puni juste avant l'heure de jeu par l'égalisation mancunienne, avec Wayne Rooney dans le rôle du finisseur. Les Red Devils, tentant de trouver la faille devant une défense regroupée dans ses 16 mètres, temporisèrent avec Carrick, Fletcher et Scholes, les trois milieux de terrain de Manchester United, se donnant et redonnant le ballon. Jusqu'à l'illumination du dernier cité qui, d'une louche parfaite, déposa le ballon dans les pieds de Rooney. Contrôle, frappe enchaînée, but (2-2, 59').

Les Reds, jusque là pas très tranchants, montèrent soudainement en puissance après ce but, forçant les Milanais à défendre bien plus qu'en première période. Mais sans fermer le jeu, ce qui est tout à leur honneur. Toutefois, Fletcher aurait pu ajouter le troisième but peu après le deuxième, si sa puissante frappe à l'entrée des seize mètres n'avait pas trouvé sur son chemin le gardien adverse...

Discret jusque là, le milieu de terrain composé de Scholes, Carrick et Fletcher se montra sous son meilleur jour en cette dernière demi-heure. Tandis que Giggs, notamment sur coup franc, fit passer par deux fois un frisson dans les travées d'Old Trafford. La première tentative passa de peu à côté de la lucarne, mais Dida semblait sur la trajectoire. La seconde fut cadrée, mais captée par le Brésilien.

Les attaques mancuniennes n'allaient pas au bout malgré la domination des locaux en cette fin de rencontre. Mais la dernière des offensives des Red Devils, dans le temps additionnel de la seconde mi-temps, allait faire mouche.

Sur une attaque apparemment banale des Milanais, Giggs, côté droit, gagna un dernier ballon dans les pieds du milieu de terrain des Italiens. Le Gallois remonta une trentaine de mètres balle au pied avant de servir Wayne Rooney qui s'était excentré. D'un tir du droit aussi inattendu que précis, sans prendre le temps de contrôler, Wayne Rooney trompa la vigilance de Dida qui s'inclina pour la troisième fois de la soirée (3-2, 90' +1). Quel final!

Petit clin d'oeil au passage pour Ancelotti, selon qui le jeu de United était prévisible. Ce tir de Rooney était clairement ce qu'il y avait de plus imprévisible.

Old Trafford, qui avait vibré toute la soirée, d'abord chavirant de joie après 4 minutes de jeu, puis des regards qui en disaient long après les buts de Kakà, et ensuite la lueur d'espoir après l'égalisation de Rooney, explosa littéralement. Et longtemps après le coup de sifflet final, Old Trafford chantait encore.

Au match retour il faudra donc ne pas perdre pour avoir la chance et l'honneur d'affronter le vainqueur de l'autre demi-finale entre Chelsea et Liverpool à Athènes le 23 mai. Un match nul suffirait, une victoire serait forcément mieux, en revanche une défaite par plus d'un but d'écart ou sur les scores de 1-0 ou 2-1 nous éliminerait de la compétition, la faute au doublé de Kakà.

Mais il n'est pas dans l'esprit de Manchester United de fermer le jeu en attendant le 0-0 au terme d'un match terne et sans saveur. Avec 0 ou 4 titulaires en défense mercredi prochain, le spectacle proposé sera très certainement de très haut vol. Et quelque soit le résultat, qu'on espéère évidemment en notre faveur, United aura fait le bonheur de l'Europe entière avec un des plus beaux matchs de son histoire en Coupe d'Europe. Glory glory Man United.

Manchester United : Van der Sar - O'Shea, Brown, Heinze, Evra - Fletcher, Carrick, Scholes - Ronaldo, Rooney, Giggs.

AC Milan : Dida - Oddo, Nesta, Maldini (Bonera 46), Jankulovski - Gattuso (Brocchi 53), Pirlo, Ambrosini, Seedorf - Kaka, Gilardino (Gourcuff 84).

Buts : Dida c.s.c. (5'), Rooney (59', 90' +1) pour United; Kakà (22', 37') pour le Milan AC.

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