Poudre à canon, trahison et complot : Partie 3

Dans la dernière partie de notre dossier, nous reparlerons de 'l’affaire' Keano dans le tunnel et du moment où les choses sont devenues savoureuses à OT...


Le décor était planté pour un match qui allait rester dans la mémoire collective – mais plus pour ce qui s’est passé en dehors du terrain que sur celui-ci. La victoire 2-0 de United en octobre 2004 a mis fin à la série de 50 matchs sans défaite d’Arsenal en championnat. Mais les visiteurs ont estimé que United avait un peu trop usé de tactiques physiques et que Wayne Rooney avait plongé pour obtenir un penalty sur l’ouverture du score.

Ce qui arriva ensuite n’est pas très clair, mais il semblerait qu’au moment où Ruud van Nistelrooy croisa Arsène Wenger dans le tunnel, le coach d’Arsenal aurait eu des mots dur à son égard. Le mot "triche" aurait été apparemment prononcé, c’est en tout ce qu’il avait rapporté à ses coéquipiers et à son manager. Ferguson, vert de rage, était alors allé affronter Wenger et dans la mêlée qui suivit, un joueur d’Arsenal aurait apparemment jeté un morceau de pizza en direction du manager de United. Les tabloïds s’étaient alors empressés de s’emparer de l’affaire pour l’appeler 'La Bataille du Buffet'.

Tout cela finit par disparaître des médias mais quatre mois plus tard, à Highbury, l’épisode suivant fut joué en live, bien avant l’arrivée des caméras de Sky Sports. On y vit Roy Keane affronter Patrick Vieira dans le tunnel des joueurs, réagissant apparemment à un incident qui s’était passé pendant l’échauffement d’avant-match. Il semblerait que Vieira avait abordé Gary Neville pour lui parler de la tactique de son équipe au mois d’octobre dernier. Keane en avait eu l'écho et on le vit apparaître en live à la télévision, les yeux noirs de fureur, criant à Vieira : "Je te verrai là-bas...". Comment s’est senti Neville alors que Keane semblait vouloir se battre pour lui, on ne le sait pas. Mais en tout cas, le résultat du match fut à nouveau affaire de bagarre où, malgré l’expulsion de Mikael Silvestre, United réussit à refaire son retard pour s’imposer 4-2.

Dans le même temps, la relation entre les deux managers n'était pas plus civilisée qu’entre les joueurs. Wenger avait fait le vœu de ne pas prononcer le nom de Ferguson, tandis que le Français était qualifié de "honte" par sir Alex.

La situation était telle qu'il y eut une pression de la FA, de la Premier League, du Ministre des Sports anglais, et même de la Police de Londres, afin que la la hache de guerre soit enterrée. Et ces efforts semblèrent fonctionner puisqu'après cela, il y’ eut plus aucune déclaration publique hostile de part et d’autre. La finale de FA Cup 2005 se déroula sans incidents majeurs – bien que le football fut lui aussi tristement stérile. Les Gunners prirent finalement le dessus lors de la séance de pénaltys. Et sur les 11 cartons rouges (7 pour Arsenal, 4 pour United), lors des rencontres United v Arsenal depuis l’arrivée de Wenger, seuls deux (un de chaque côté) ont été distribués depuis 2004/05. Ce n’est sûrement pas un hasard si cette nouvelle période d’accalmie a coïncidé avec l’émergence du nouveau riche Chelski, diluant un peu la rivalité.

Et malgré les trois titres de United depuis, Arsenal est resté un formidable adversaire, et pas des moindres lors de la saison 2006/07 quand ils ont réalisé le doublé à nos dépens, grâce à deux incroyables raids. Vous souvenez-vous du but de la victoire de Thierry Henry dans les toutes dernières secondes à l’Emirates ? Et d’autres clashs récents ont fourni encore plus de moments mémorables : le coup franc d’Owen Hargreaves pour anéantir les espoirs de titre d’Arsenal en 2008 était de classe mondiale ; la victoire d’Arsenal 2-1 à l’Emirates la saison suivante fut un sacré ‘classique ‘; et United remit les Londoniens à leur place avec une énorme prestation lors du match retour en demi-finale de Champions League 2009 et une victoire 3-1 pour atteindre la finale.

On vit des lueurs d'anciennes passions lorsque Wenger fut renvoyé dans les tribunes après qu’il ait montré trop d’émotions envers le corps arbitral lorsque son équipe s’est vu refuser deux ou trois pénaltys lors de leur défaite 2-1 à Old Trafford en août l’année dernière. Mais alors qu’il se levait avec un haussement d’épaules bien français et provoquant, même lui sembla voir le côté comique de la situation.

Comme tellement de matchs entre grands clubs et grands rivaux en Premier League, les matchs United-Arsenal déçoivent rarement. Peut être que c’est parce qu’ils impliquent deux clubs qui ont toujours joué un football séduisant, un football d’attaque, tout en ne laissant absolument pas de côté le plan physique. Et ainsi de suite jusqu’au prochain chapitre. Mais gardons la restauration rapide dans les tribunes, s’il vous plaît les mecs.



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