Comment un joueur a-t-il pu passer des sifflets et des moqueries à un transfert de 25M€ dans le plus grand club du monde?.


Il y a un an environ, Owen Hargreaves se faisait huer sur le terrain par les supporters anglais. C'était lors du premier match de l'Angleterre à la Coupe du Monde, contre le Paraguay.

Un peu plus de 360 minutes plus tard, il quittait le terrain après le cataclysme de l'élimination contre le Portugal aux tirs-aux-buts avec le titre d'homme du match et celui d'héros national.

Rarement un joueur a vécu une telle douche écossaise et la carrière d'Owen Hargreaves a été soudainement projetée sous les feux des médias.

Né au Canada d'un père lancastrien (du Lancashire, une région du nord de l'Angleterre) et d'une mère galloise (il a aussi un quart de sang chinois), il a été formé aux Calgary Foothills dans sa ville natale, avant d'être repéré et recruté par le géant allemand du Bayern Munich en 1997.

C'est donc un bucheron chevelu de 16 ans qui débarque dans la lointaine Bavière, sans parler un mot d'allemand, et qui pourtant va vivre 10 belles années couronnées de succès.

Hargreaves fait enfin ses débuts en août 2000, saison qui va se terminer par une Ligue des Champions pour le club allemand et qui va permettre à Hargreaves de se révéler au monde entier.

Personne en Angleterre n'avait alors entendu parler de ce gamin de 20 ans avant qu'il impressionne contre le Real Madrid en demie finale de la Champions League. Un match d'une telle maturité contre les Galactiques, puis une excellente finale contre Valence, et voilà que la FA se presse de lui obtenir un passeport anglais et 4 mois plus tard, Eriksson sécurise son avenir avec la sélection des 3 lions en lui faisant jouer un amical contre la Hollande.

Il est ironique de remarquer que le sélectionneur suédois, qui l'a donc lancé dans le grand bain, n'a pas su quoi faire de lui pendant les 5 saisons qui ont suivi. Trimballé à l'aile et en latéral et rarement en récupérateur, il n'est pas étonnant qu'il n'ait jamais réussi à s'imposer en équipe d'Angleterre.

Dans une Angleterre soumise à la Beckhamania, un joueur qui disait volontiers que "c'est bien d'être anonyme, de pouvoir aller au shopping sans se faire embêter" ne pouvait que paraître suspect au public anglais. Surtout avec un soupçon d'accent allemand qui n'arrangeait rien.

En tant que seul international anglais à n'avoir jamais vécu ou joué en Angleterre, il restait toujours assez inconnu pour les fans anglais et alors que le règne d'Eriksson devenait de plus en plus houleux à partir de 2004, Hargreaves était un bouc émissaire parfait.

Sa sélection à la dernière Coupe du Monde était même contestée, ce qui a amené aux scènes qu'on a pu voir contre le Paraguay.

Toutefois, au fur et à mesure que le tournoi avançait, la valeur d'Hargreaves était de plus en plus évidente et il s'est naturellement imposé au poste de milieu défensif, poste qui est le sien et pourtant auquel il a si peu joué sous Eriksson.

Ces bonnes performances en Allemagne n'ont pas échappé à certains, et une cour d'un an a alors commencé entre Manchester United, le joueur et le Bayern. Et maintenant Hargreaves a enfin l'occasion de montrer à un public exigeant ce qu'il vaut vraiment.

Et Sir Alex Ferguson espère qu'il apportera l'agressivité et la présence qu'il manque à son milieu pour reconquérir la Ligue des Champions.

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