71 jours après avoir foulé la pelouse de Wembley pour une soirée que nous souhaitons tous oublier, voilà que nous retrouvions la compétition dans ce même stade mythique. Stade qui nous fait défaut depuis plusieurs années, si l'Angleterre est notre, ce rectangle vert de Londres reste pour nous un cercle dans lequel on tourne en rond en connaissant toujours les mêmes désillusions. Une finale de ligue des champions, une finale et deux demi-finales de FA Cup, c'est ce que nous avons perdu là-bas depuis 2007.


A l'aube de retrouver des Citizens galvanisés par leur victoire en coupe nationale et leur qualification en Champions League, nous restions tout de même confiants. Auteurs d'une pré-saison parfaite, avec cinq victoires en tout autant de rencontres, c'était d'un pas déterminé que nous nous apprêtions à disputer notre premier derby de la saison. Si nous avons connu quelques bouleversements dans l'effectif durant le mercato, avec notamment les retraites de Scholes et Van der Sar, deux grands messieurs que nous qualifions tous d'irremplaçables, il y avait aussi du neuf dans nos rangs, mais surtout du jeune.

Tout le monde connait la philosophie du gaffer, les jeunes jouent une place importante à United, ambition héritée du fameux "Si tu es assez bon, tu es assez âgé" de Sir Matt Busby. C'est donc avec des Rafael, Smalling, Jones, Evans, Cleverley, Welbeck & co que nous nous rendions à Londres. Malgré tout, la composition de base était assez classique et expérimentée avec un back four solide composé de Ferdinand, Vidic, Smalling et Evra.

Au milieu nous retrouvions un duo qui suscite beaucoup d'attentes et d'interrogations pour la saison à venir, Anderson-Carrick. Sur les ailes nous avions Nani-Young tandis que le duo d'attaque 100% anglais Welbeck-Rooney était mis en place par Ferguson, duo qui d'un point de vue personnel, me semble explosif et très très prometteur.

En face nous avions une opposition costaude, à la City way, avec un 4-5-1 dans lequel figurait un milieu à trois qui ferait envier de nombreux grands clubs européens: De Jong-Toure-Milner.

Alors que Balotelli-Dzeko-Silva formait un trio offensif et que Richards-Lescott-Kompany-Kolarov composaient le back four de cette équipe de City qui avait déjà l'intention de renverser notre suprématie sur le football anglais.

Première période

Les premières minutes étaient agressives de notre part, avec un pressing efficace et un jeu fluide qui laissait peu d'occasions à nos adversaires de produire quoique ce soit. Les combinaisons se faisaient déjà nombreuses et la complémentarité entre certains joueurs se montrait à nouveau au grand jour, je pense ici principalement à Welbeck-Nani d'un côté et Young-Evra de l'autre. C'est cette domination totale en début de rencontre qui nous a amené logiquement à nous procurer les meilleures possibilités du premier quart d'heure. La plus importante étant à mettre à l'actif de Smalling, qui suite à un centre de Nani et à une remise de la tête de Rooney obligeait Lescott à sauver son équipe d'une manière peu académique.

Comme nous en avons maintenant l'habitude, après vingt grosses premières minutes, nous avons un peu levé le pied, permettant aux Blues de s'enhardir et de trouver plus souvent Silva, organisateur d'un jeu qui était assez lent et peu inspiré. Les débats redevenaient équilibrés et le match s'embarquait sur un faux rythme, dans lequel les seuls moments qui faisaient réagir les supporters étaient les fautes à répétitions et les échauffourées entre les deux équipes.

C'est finalement, contre le cours du jeu, diront certains, par pure logique, diront d'autres, que City ouvrait le score sur un coup-franc botté par l'international espagnol à la 38ème minute. C'était donc Lescott qui venait placer sa tête tranquillement, profitant du manque d'agressivité de Rio Ferdinand et de l'erreur de jugement de De Gea. 1-0, les fans de City retrouvaient une voix qu'ils n'avaient en fait jamais eu, tandis que ceux de United restaient muets, comme à l'accoutumée.

Ce but donnait vraisemblablement des ailes à tout le peuple bleu, puisque seulement quelques minutes plus tard Dzeko mettait le but du break. Sur une frappe lointaine qui trompait notre gardien de manière incompréhensible, malgré un rebond trompeur on se demande toujours pourquoi David a attendu le dernier moment pour plonger. Mais les critiques ne sont pas seulement à mettre sur le compte du keeper, Vidic laissant tout le loisir à l'attaquant bosniaque de placer sa frappe, ne cherchant même pas à couvrir l'espace.

Mi-temps

On avait laissé nos lacunes un certain 28 Mai, sur une action similaire de Messi, et voilà qu'on les reprenait à nouveau. 2-0 à la mi-temps. Les gens commençaient donc à crier à la défaite, aux erreurs de Ferguson, au manque d'un milieu de terrain consistant (et, s'il est vrai que Carrick a réalisé une partie timide, il n'en est rien d'Anderson, bluffant toute la rencontre, j'y reviendrais plus tard) et aux regrets du départ de Van der Sar. Mais, comme le dit le titre de l'article, il faut croire que certains n'ont pas encore compris les leçons des 25 années de Ferguson à la tête de notre club. Gagner à la mi-temps, c'est bien, gagner à la fin du match, c'est mieux.

Mi-temps qui a d'ailleurs permis au coach de faire ses changements, qui pouvaient en surprendre plus d'un, effectivement, exit l'expérience, hello la jeunesse. Evans-Jones prenait place en défense centrale et Cleverley était aligné au milieu de terrain pour Carrick. Voilà donc qu'on troquait un cumulus de 91 ans contre un de 63.

A quoi jouait Ferguson ? Considérait-il le match perdu ? Voulait-il donner du temps de jeu aux jeunes avant le kick off de la semaine prochaine ?

Non, il voulait gagner le match, tout simplement.

Seconde période

La rencontre reprenait les bases du début de première période, avec une pression intense de tous nos joueurs et un jeu qui était complètement soumis à notre initiative. Je parlais d'Anderson tout à l'heure, il a clairement fait la prestation la plus solide de notre coté. Sa performance la plus aboutie avec United, sans aucun doute, des gestes justes tout du long, des passes inspirées, des combinaisons rapides, vives et efficaces. Et même défensivement, il formait avec Cleverley un duo agressif qui ne permettait pas au jeu adverse de se déployer. Un match de grande classe du brésilien, dans l'ombre d'un Nani buteur, et donc éclipsé logiquement à l'annonce du man of the match. Il va cependant sans dire que tout supporter de United qui avait les yeux rivés sur la rencontre s'est rendu compte que son travail avait été, non seulement propre, ce qui est assez rare pour lui, mais aussi décisif. L'avenir peut être radieux pour lui à Old Trafford, il faut juste qu'il montre qu'il peut garder son niveau de manière constante.

C'est finalement grâce à ces nombreuses combinaisons qui perduraient entre nos joueurs offensifs qu'on a inversé la tendance très rapidement aux retours des vestiaires. D'abord sur un coup-franc, sur lequel Smalling était laissé étonnamment seul dans l'axe pour placer un intérieur du droit imparable à la 52ème minute; et six minutes plus tard sur une action splendide, dans laquelle Cleverley, Rooney, Welbeck et Nani montraient toute leur technicité et toute leur classe. C'est le United qu'on aime voir, un United joueur, à base de jeu en une touche de balle. Pendant quelques fractions de secondes j'avais l'impression de voir un traditionnel Scholes, Cole, Yorke et Giggs. Ce genre d'actions rapides qui a toujours fait notre force depuis 1992 continue de perdurer, quoiqu'en dise les "haters", fans de corrida espagnole.

2-2 donc, ou comment faire pousser des cordes vocales à une partie du public et les briser de l'autre côté. La suite de la partie était clairement à notre avantage, nous n'avons plus jamais laissé respirer les Citizens, monopolisant la balle de manière impressionnante, avec pourtant une équipe sur le terrain, qui, après la sortie d'Evra, avait une moyenne d'âge aux alentours de 22 ans.

Ferguson a dit que nous bénéficions avec Evans, Smalling et Jones, des trois défenseurs centraux les plus prometteurs du royaume. Si je veux bien le croire pour les deux derniers, quelques doutes subsistes encore pour l'irlandais du nord, auteur pourtant d'une prestation solide (malgré une frayeur sur une relance dont lui seul a le secret)...

Les révélations de ce match, sont quoi ? Je dirais plus que des révélations, ce sont des confirmations. Chris est un remplaçant idéal sur l'aile droite, son action en fin de match sur laquelle il sert Nani montre bien qu'il n'est pas qu'un joueur puissant mais bien un joueur disposant d'une technique supérieure à la moyenne. Cleverley est un joueur plus que surprenant, à l'heure où toute l'Angleterre a les yeux focalisés sur le jeune milieu d'Arsenal, Wilshere, je dirais que Tom n'a pas grand chose à lui envier. Je distingue en lui cette même hargne, cette même combativité, typiquement anglaise, mais aussi une vision du jeu développée et des qualités dans la possession de balle qui font de lui un joueur qui peut penser à se faire une place dans notre milieu cette saison. Même s'il ne faut pas brûler les étapes, non, ce n'est pas le "successeur" de Scholes, mais ça reste un jeune sur qui l'on peut compter, assurément.

Comme Welbeck, d'ailleurs, leur entente montre bien que le travail réalisé aux étages inférieurs de notre club fonctionne, la complicité qui est présente entre tous nos jeunes n'est révélatrice que d'une chose, nous avons une génération dorée qui pousse pour se faire une place, et c'est tant mieux.

De Gea avait par ailleurs lui aussi l'occasion de reprendre confiance, réalisant une seconde période sereine, avec un arrêt de grande classe face à un Adam Johnson très remuant sur son aile suite à son entrée.

Concernant les joueurs déjà beaucoup plus affirmés, Rooney réalisait un match étrange, très concerné et appliqué par moment, il devenait frustrant et effacé dans d'autres. Mais le joueur qui a le plus déçu reste Ashley Young. Acheté cet été, on attendait tous de lui, à juste titre, qu'il se montre opérationnel dès le début de la saison pour palier aux problèmes physiques rencontrés par Valencia. Et encore aujourd'hui il était trop timide dans son jeu. Approximatif et arrêté, bien souvent nous avions des occasions qui étaient avortées devant la surface adverse car il prenait le mauvais choix ou offrait le mauvais appel. Seule satisfaction pour lui, cette passe décisif pour Smalling sur un coup-franc parfaitement travaillé.

A l'inverse, son acolyte portugais, lui, a réalisé un match dans la continuité de sa dernière année et demie. Souvent critiqué, on ne peut que constater qu'il est un des joueurs les plus réguliers de l'effectif depuis janvier 2010, devenant toujours plus serein et toujours plus décisif. Ce n'est donc pas un hasard si c'est lui, qui dans les arrêts de jeu, fait une course folle pour mettre la pression sur Kompany suite à un long ballon, récupère cette balle et s'en va tromper Hart, d'un dribble plein de classe.

94ème minute, 3-2, Ferguson exulte, Mancini a le regard sombre. Rêveurs à la pause, les Citizens se sont fait réveiller par la triste réalité, sous une pluie battante. Réalité que voici, les meilleurs à Manchester, c'est United. Les meilleurs en Angleterre, c'est United. Les meilleurs en Europe c'est... Ah non, ça ne marche pas...

Le message envoyé est clair, pour venir nous chercher cette saison, il faudra être fort, notre effectif a été parfaitement géré et le chef d'orchestre qu'est Ferguson pourrait même nous réserver un dernier gros coup avec la signature de Sneijder. La question légitime est de se demander si nous en avons vraiment besoin ? J'aurais tendance à penser que non, quand on voit les performances de joueurs tel qu'Anderson ou Cleverley, on a de quoi dormir tranquille. Quand on sait qu'en plus de cela Chicharito, Valencia et Fletcher sont convalescents, ça promet.

Plus que jamais notre groupe est fin prêt, une nouvelle victoire, un nouveau trophée, que demander de plus ?

United: De Gea; Smalling; Ferdinand (Jones 45e); Vidic (Evans 45e); Evra (Rafael 72e); Carrick (Cleverley 45e); Anderson; Nani; Young; Rooney; Welbeck (Berbatov 89e)

City: Hart; Richards; Kompany; Lescott; Kolarov (Clichy 74e); De Jong, Toure; Milner (Johnson 67e); Silva; Balotelli (Barry 59e); Dzeko

Les Buteurs :

United: Smalling (52e); Nani (58e, 94e)

City: Lescott (38e); Dzeko (45e)

Les Cartons :

Jaunes: Dzeko (City, 19e); Anderson (United, 21e); Richards (City, 21e); Toure (City, 33e); Evra (United, 40e); Milner (City, 55e); Kolarov (City, 60e)

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