Près de deux ans après avoir subi une défaite surprise à Old Trafford face à Leeds, nous avons pris notre revanche hier soir, pour le compte du troisième tour de la Carling Cup. Une victoire qui s'est dessinée assez rapidement et qui s'est avérée plus facile qu'on aurait pu l'imaginer, malgré une formation mancunienne totalement remaniée. Un succès par 3 buts à 0 qui nous permet donc de poursuivre l'aventure dans cette compétition.


Nous le savons tous, Leeds est un éternel rival de United, mais la manière dont a opéré le coach à l'approche de ce match n'a pas particulièrement renvoyé cette image. Le club du Yorkshire étant devenu une institution de troisième zone, qui n'a plus énormément d'armes pour rivaliser avec notre rouleau compresseur. Si ça avait été le cas sur un exploit début 2010, grâce à Jermaine Beckford, le miracle n'a pas eu lieu une seconde fois, et malgré tout le soutien des fans d'Elland Road, la logique a été rétablie.

PREMIÈRE PÉRIODE :

Le match commençait pourtant sous de nombreuses interrogations, la composition qui était proposée par Ferguson était loin de satisfaire les supporters, la plupart restant sceptiques à l'idée de voir Carrick évoluer en défense centrale, ou encore de retrouver Macheda et Diouf sur les ailes. Et pourtant, dès le début, nous avons senti une certaine forme d'entente entre nos onze joueurs, entente qui aurait pu être difficile à trouver puisque pour la plupart n'avaient pas beaucoup de minutes dans les jambes depuis le début de saison, et que beaucoup n'avaient jamais joué ensemble.

Mais la Carling Cup n'est autre que la coupe qui peut permettre d'offrir des compositions "expérimentales", si je puis dire. C'est généralement la compétition qui révèle les jeunes joueurs au grand public et qui redonnent confiance à ceux en manque de temps de jeu. C'est pourquoi, si cette formation était imprévisible pour n'importe qui, elle n'en restait pas moins enthousiasmante. Les onze hommes présents sur la pelouse étaient certains de donner leur maximum et de faire preuve de motivation. Connaissant (ou pas) leurs qualités, on ne pouvait donc qu'être sereins.

Symbole de ces visages frais alignés sur la pelouse, le jeune défenseur Ezekiel Fryers, âgé d'à peine 19 ans. Habituel latéral gauche, il fut placé en charnière centrale aux côtés de Michael Carrick. Si ses qualités défensives n'ont pu être pleinement analysées, puisque Leeds n'a créé le danger que très peu de fois, il faut reconnaître que le garçon semble avoir de l'audace et de la qualité technique. En témoignent ses longues transversales vers Diouf dont il s'est essayé à plusieurs reprises. Si elles n'étaient pas toujours parfaitement ajustées, elles reflétaient tout de même toutes les possibilités que possède ce joueur pour relancer une équipe de manière dynamique. Un dynamisme qui s'est retrouvé dans son jeu court. On ressentait immédiatement que c'était d'avantage un joueur de côté, très disponible, une patte gauche très fine qui lui permettait d'avoir un jeu propre et vif. Une bonne performance pour son premier match sous nos couleurs, bien qu'encore une fois, son travail fut assez limité.

Le reste de l'équipe démarrait de la même manière, une justesse technique ambiante et un désir de produire du jeu. Cela faisait longtemps que nous n'avions pas entamé un match de coupe nationale avec autant de peps et de clarté dans nos intentions. Exit les doutes que nous pouvions avoir en début de rencontre (avec un brin de légitimité), les transmissions étaient bien huilées et les joueurs étaient conquérants. Un milieu axial composé d'ailiers, des côtés composés d'attaquants centraux, c'est cela la patte Sir Alex ! Etre capable de tirer le meilleur d'un joueur, n'importe où. Le jeu s'orchestrait autour des décrochages alternatifs d'Owen et de Berbatov, et trouvait une grande stabilité avec la présence de joueurs aussi fluides que Park et Giggs, juste derrière. Tout comme l'appui de latéraux aussi doués offensivement que Valencia et Fabio qui n'était pas à négliger, la présence offensive et la qualité technique du groupe étaient au rendez-vous.

La première action fut tout de même pour les locaux, qui sur un corner se procurèrent trois positions de frappes successives, dans un chaos des plus total. Et c'est Berbatov qui s'appliquait à sauver par deux fois le jeune Ben Amos, repoussant les tentatives adverses du bout du pied. Le bulgare a d'ailleurs fait un match de qualité, très volontaire. Il s’est montré affuté, inspiré, attirant les ballons comme des aimants. Il a exploité sa conservation de balle tout en cherchant à accélérer le jeu, plus que d'habitude, stimulant des une-deux avec ses partenaires, prenant les espaces et cherchant constamment l'intervalle idéale entre les lignes adverses. Son duo avec Owen n'est peut être pas le plus jouissif qui soit pour le supporter lambda, mais nul doute que dans n'importe quel autre club, ces deux hommes auraient un temps de jeu beaucoup plus conséquent. Car si Berbatov était dans la construction le joueur le plus en vue, celui qui a commencé le travail de destruction, c'est bien l'anglais. Héritant d'un ballon de Park peu avant le quart d'heure de jeu, juste à l'entrée de la surface, il se mit sur son pied gauche et glissa la balle dans le petit filet, d'une finesse incroyable, prenant à contre-pied le gardien et toute la défense de Leeds.

Nous menions donc, et le fait de n'avoir que deux défenseurs de formation ne semblait pas nous poser problème. Principalement grâce au fait que Diouf et Macheda faisaient un travail de tous les instants, appuyant constamment leurs latéraux. Si ces deux joueurs, situés trop bas dans la hiérarchie, ont peu d'espoirs de renverser les principes établis, ils ont été hier sérieux dans leur prestation. Certes, il y avait un peu d'irrégularité et de déchet dans leurs situations offensives, mais rien que pour l'envie dont ils faisaient preuve et le pressing constant qu'ils effectuaient sur les joueurs adverses, ils sont à saluer. C'était d'ailleurs la première fois que je voyais Macheda aussi impliqué dans l'organisation tactique de l'équipe. Il ne délaissait pas ses tâches défensives pour se concentrer uniquement sur son désir de finir les actions. Il était présent dans tous les compartiments du jeu, une bonne chose que de le voir gagner en maturité.

C'est par ailleurs Diouf qui fut à l'honneur (en partie) sur le second but, profitant à nouveau de son impact physique pour se défaire de son vis-à-vis. Il servit idéalement Owen sur un centre en retrait, que ce dernier exploita sans réfléchir, enchaînant par un contrôle et une frappe limpide du droit, qui crucifia Lonergan. Le break était fait et on voyait de moins en moins comment cette équipe de Leeds pouvait nous inquiéter, tant notre jeu était bien construit et qu'ils semblaient dépassés par le tempo que nous imposions à la rencontre. C'est pourquoi les espaces étaient de plus en plus évidents. Et trois minutes seulement après le but, Valencia avait l'occasion d'ouvrir son compteur buts pour cette saison, mais il manqua maladroitement le cadre, pourtant servit sur un plateau d'argent par Owen.

Mais le but qui scellait définitivement notre victoire ne tarda pas à venir. C'est dans les arrêts de jeu de la première mi-temps que Giggs inscrivit son deuxième but en une semaine, les deux étant de petits chefs-d’œuvre. Jouant un corner à deux avec Park, il étalait à nouveau toute sa classe, réalisant un petit pont de l'intérieur du gauche et concluant son action individuelle d'un extérieur légèrement dévié, qui ne laissait aucune chance au portier adverse. Le gallois ne se privait alors pas de faire un petit geste évocateur envers tous les supporters de Leeds, qui n'avaient cessé de le siffler à chacune de ses prises de balle. On rentrait à la pause avec une avance plus que confortable et c'était donc l'occasion pour Ferguson de faire rentrer les jeunes joueurs présents sur le banc.

DEUXIÈME PÉRIODE :

Ce fut le cas de Pogba, intégré dès la 46ème minute, remplaçant Giggs. Un moment historique pour beaucoup, qui voit en ce jeune français le futur de United dans l'entrejeu. Vainqueur de la FA Youth Cup l'an dernier, en ayant pleinement contribué à ce succès grâce à d'excellentes prestations, il représente le milieu physique complet. Possédant un impact naturel dans le contact, tout en alliant ceci à une vision supérieure à la normale et à une aisance balle au pied bluffante. C'est donc un joueur capable de se placer devant la défense, pour aider à la récupération, de lancer des ballons vers les ailiers, et de se retrouver aux abords de la surface, prêt à prendre n'importe quelle position de frappe. Et hier, c'est toute cette panoplie qu'il nous a montré. Bien qu'il soit resté assez timide dans son jeu, il a effectué de très bonnes choses, notamment des récupérations de balle dans les pieds des adversaires, ainsi que de longs renversements de jeu à destination d'Antonio Valencia, millimétrés. S'il a effectivement perdu quelques ballons, l'essentiel n'était pas là. On ne lui demandait pas de réaliser un match sans erreurs, mais de montrer quelques prémisses de son potentiel. Et il les a montrés, indéniablement. Il devrait très certainement gagner en temps de jeu tout au long de l'année et continuer à épurer son jeu pour devenir un prétendant sérieux à l'équipe première.

Quoiqu'il en soit, le second acte démarrait sur les mêmes bases que le premier. Nous avions le monopole du ballon et Leeds ne pouvait que subir notre domination incontestable. Leur coach se décidant même à reposer deux de leurs cadres pour leur gros match du week end, sentant qu'il n'y avait plus rien à tirer de cette réception. Owen était même tout près de réaliser un hat-trick, bénéficiant d'un nouveau service de Berbatov, il tentait un geste difficile à réaliser, un tir enroulé qui flirtait avec la lucarne gauche, fuyant le cadre.

Comme évoqué au préalable, Valencia retrouvait hier soir une position de back droit, qu'il avait eu l'occasion d'essayer à quelques reprises la saison dernière. Et je dois dire que ses qualités sont aussi utiles offensivement que dans un poste plus reculé. Sa puissance physique est telle qu'il arrive aisément à offrir des interventions dévastatrices, récupérant le ballon d'un simple coup d'épaule, jaillissant sur son adversaire comme un lion. Quand on voit les déplacements qu'il arrive à enchaîner entre la défense et l'attaque, provoquant les combinaisons, ainsi que toute son intelligence tactique (sa manière de jouer les hors-jeu, de se placer dans l'axe par moment...), on pourrait presque penser qu'il peut évoluer durablement à ce poste. C'est une vraie chance que d'avoir un joueur aussi discipliné dans notre effectif, surtout quand on constate tous les défenseurs qui sont contraints de rejoindre l'infirmerie depuis le début de saison...

En parlant de blessés, à vingt minutes de la fin, c'était Danny Welbeck qui effectuait son grand retour, plus vite que prévu, après sa blessure contractée en début de rencontre face aux gunners. Il semble avoir retrouvé d'emblée tout son dynamisme puisque l'on ne constatait pas une méforme particulière. Il était toujours aussi rapide dans ses enchaînements et aussi disponible. Je suis curieux, et nous le sommes tous je crois, de voir qui privilégiera Ferguson pour le match contre Stoke de ce samedi. Car si tous les regards sont tournés vers le "duel" Chicharito/Welbeck, le coach pourrait surprendre son monde et aligner Berbatov ou Owen, qui n'ont pas à rougir des comparaisons (bien que cela soit peu probable).

Le troisième et dernier changement de notre côté était l'entrée d'un autre joueur pour qui c'était sa première, Larnell Cole, lui aussi membre de l'Academy la saison dernière. S'il n'a pas eu assez de temps pour montrer tout son potentiel, il s'est malgré tout permis quelques jolis gestes, dont une petite talonnade vers Valencia. Joueur capable d'évoluer sur tout le front de l'attaque, il a profité de la fatigue de ses adversaires pour faire parler sa vitesse, sa capacité de percussion, et sa technique. A l'aise à chacune de ses touches de balle, il était loin d'être intimidé pour ses premiers pas sous nos couleurs (moins qu'un Pogba par exemple, bien que ce dernier semble avoir beaucoup plus de potentiel), sûrement mis en confiance par sa fraîcheur et par le résultat avantageux.

C'était le dernier petit moment de plaisir dans ce match, celui de voir un nouveau visage porter notre maillot, avec une envie de bien faire. Car si la première période fut assez riche en termes de situations dangereuses (encore que, nous fumes surtout très efficace), la deuxième elle prenait tout son sens à travers l'étude des jeunes joueurs que nous découvrions, le score ne bougeant pas et Leeds se contentant d'éviter de prendre une raclée. Le seul petit coup dur intervint en fin de rencontre, avec la blessure du jeune Fryers. Nous étions donc obligés de terminer le match à dix, Berbatov prenant une place de défenseur central, situation assez hilarante en soi, mais qui montre à quel point ce joueur est plus concerné par l'équipe que certains peuvent le penser.

Au coup de sifflet final, nous pouvions avoir le sourire aux lèvres et applaudir chaudement cette équipe B', qui s'en était sortie avec brio. Je n'ai personnellement pas vu de faiblesses dans notre jeu et je persiste même pour dire que c'était l'un des matchs les plus agréables à voir depuis le début de l'année, et ce grâce à la découverte ou à la redécouverte de nombreux joueurs.

Bilan :

Notre place en 1/8ème de finale de la compétition est désormais acquise. Il n'y a plus qu'à attendre le tirage au sort et à se reconcentrer sur les autres compétitions. En tout cas, nous avons tous hâtes de revoir ces joueurs en action, contre une opposition un peu plus solide, et continuer à ressentir les joies de la Carling Cup, une compétition à part mais qui reste très plaisante à suivre.

Autre bonne nouvelle de la soirée, le fait que Stoke City ait dû aller jusqu'aux penaltys pour se défaire de son adversaire du soir (Tottenham), et qui aura donc des minutes en plus dans les jambes ce week end (même si eux aussi ont beaucoup fait tourner leur effectif).

Rendez-vous le 24 septembre pour savoir qui se dressera sur notre route vers les quarts de finale.


Les groupes :

Leeds : Lonergan, Lees, Bromby, O'Dea, White, Howson, Clayton, Snodgrass, Keogh (Forsell, 52'), McCormack (Nunez, 66'), Becchio.

United : Amos, Valencia, Carrick, Fryers, Fabio, Park, Giggs (Pogba, 46'), Diouf (Welbeck, 70'), Macheda (Cole, 77'), Berbatov, Owen.

Les buteurs :

United : Owen (15', 32'), Giggs (45').

Les cartons :

Jaunes : Fabio (United, 24'), Diouf (United, 27'), Snodgrass (Leeds, 37'), O'Dea (Leeds, 78')


Article écrit par Best_07

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