Report : Aldershot 0 United 3

Après la déroute face aux citizens, la perspective de ce déplacement à Aldershot était claire, redonner de la voix aux supporters en allant chercher une victoire nette et sans bavures. Si le score reflète la différence flagrante de niveau entre les deux clubs, le match ne fut cependant pas aussi maîtrisé et plaisant qu'avait pu l'être celui contre Leeds, dans cette même compétition, le mois dernier.


Comme par habitude en Carling Cup Ferguson n'hésitait pas à remanier entièrement son effectif, donnant du temps de jeu aux joueurs qui en avaient le plus besoin, tout en incorporant au groupe nos jeunes talents, dont cette compétition est l'opportunité idéale pour se révéler. C'est donc avec des joueurs comme Pogba, les frères Keane, ou encore Morrison que nous faisions le voyage vers le sud de l'Angleterre. La composition mise en place par le coach ressemblait sensiblement à celle du tour précédent, avec notamment le duo d'attaque Berbatov-Owen qui était reconduit, tandis que le jeune Fryers était titularisé pour la seconde fois. Plus satisfaisant encore, le retour de Tom Cleverley à la compétition après plus d'un mois d'absence, envers qui les attentes de tout un peuple sont placées depuis les récents problèmes rencontrés par notre entre-jeu.

PEMIÈRE PÉRIODE :

Dès l'entame de match le fossé séparant les deux formations se faisait ressentir. Nous devenions rapidement maîtres du ballon et notre travail sur la largeur et dans la profondeur faisait énormément de mal à la défense d'Aldershot. Malgré une ambiance bouillonnante dans l'enceinte du Recreation Ground, nos adversaires semblaient bien trop submergés pour nous résister très longtemps.

Notre jeu penchait naturellement sur l'aile droite, qui, composée de Fabio et de Valencia avaient beaucoup plus d'arguments offensifs à offrir que le duo Fryers-Diouf. Les tentatives de créer des décalages ne cessaient de s'accroître à travers la présence du jeune brésilien, qui donnait la parfaite réplique aux percussions d'Antonio. Les participations actives de Berbatov et de Cleverley à la construction des offensives donnaient une certaine créativité à nos phases de jeu, qui n'étaient cependant pas assez incisives pour faire une différence notable.

Valencia, bien que très sollicité en début de rencontre, ne prenait pas d'initiatives conquérantes. A la manière d'un Diouf sur l'aile gauche, son jeu se dévoilait stéréotypé et il n'apportait donc pas l'impact nécessaire pour mener la vie dure à son vis-à-vis. Cela est d'ailleurs le problème de l'équatorien depuis son retour de la Copa America, il ne semble plus aussi percutant qu'auparavant, ne demeurant plus la valeur sûre qu'il était encore en fin de saison dernière. C'est pourquoi nous nous révélions assez brouillons dans le dernier geste, puisque nous n'avions pas cet espace nécessaire pour trouver la faille, habituellement créé par nos joueurs de côtés.

Cleverley s'essayait donc aux frappes lointaines, sans réussite, le cadre fuyant sa tentative. Mais la détermination du jeune anglais n'allait pas tarder à refaire surface. Indispensable dans la fluidité de nos transmissions depuis le début de rencontre, il était sans surprise l'un des acteurs principaux de l'ouverture du score. Remettant intelligemment un ballon à Park, qui avait réclamé le une-deux, il permettait de créer la brèche dans la défense adverse. Brèche qu'exploitait parfaitement le sud-coréen pour glisser un ballon à Berbatov en première intention, ce dernier n'ayant plus qu'à contrôler le cuir et à enchaîner d'une frappe du gauche, tout en décontraction.

Le club de quatrième division anglaise n'avait tenu qu'un petit quart d'heure, et cela n'était que logique au vu de la manière dont se déroulait la rencontre. Le bulgare retrouvait donc le chemin des filets, lui qui est mis en retrait depuis le début de saison, en raison de l'éclosion de Welbeck et du retour d'Hernandez. Il a cependant montré ce soir toute sa volonté de regagner une place de titulaire, multipliant les efforts et faisant presque office de leader offensif sur le terrain, n'hésitant pas à replacer ses partenaires. Il n'était d'ailleurs pas loin d'obtenir un penalty sur une charge litigieuse d'un adversaire, quelques minutes seulement après son but. Mais Peter Walton ne bronchait pas, gardant son sifflet fermement entre ses doigts. La pression continuait donc de s'étendre aux abords de la surface de réparation des locaux, et c'était au tour de Fabio de se montrer dangereux, réceptionnant une passe pleine de classe de Michael Owen, et voyant malheureusement sa frappe déviée in extremis par un pied adverse.

Jusqu'ici notre travail défensif avait été inexistant puisque les joueurs d'Aldershot ne parvenaient pas à se montrer dangereux, ne faisant rien d'autre que de subir notre domination qui en devenait étouffante. Notre milieu axial, très offensif, leur permettait tout de même de bénéficier, par à-coups, de quelques espaces dans la profondeur. C'est ainsi qu'à l'approche de la demi-heure de jeu, sur une longue balle aérienne que Fryers fut trop court pour intercepter, McGlashan prenait sa chance, son tir puissant flirtant avec la barre transversale de Ben Amos. L'avertissement était tout de même réel, et il était évident qu'il fallait impérativement marquer ce deuxième but pour se mettre à l'abri d'un quelconque soubresaut adverse.

C'était à cinq minutes du retour aux vestiaires que nos souhaits furent exaucés, sur un nouveau but d'Owen dans cette compétition (le troisième cette saison). Un but qu'il s'est créé lui-même, adressant une ouverture digne de Paul Scholes vers Berbatov, laissant ensuite le bulgare temporiser, le temps de venir se placer à l'entrée de la surface et d'adresser une frappe meurtrière, que Worner ne pouvait qu'effleurer, impuissant. La mi-temps sifflée, l'essentiel avait déjà été réalisé, prendre le large au tableau d'affichage et permettre à nos deux attaquants de rester en confiance malgré leur faible temps de jeu.

DEUXIÈME PÉRIODE :

Dès la reprise l'addition devenait encore plus corsée, puisque Valencia inscrivait le but du 3-0. Bien servi par Cleverley aux abords de la surface, il prenait sa chance, d'une distance pourtant lointaine, mais sa frappe, si soudaine, se logea avec élégance dans la lunette du portier adverse, ne lui laissant aucune possibilité d'intervenir. Notre numéro 25 pouvait avoir le sourire, après une prestation en demi-teinte, il se montrait tout de même décisif et plaçait définitivement les Red Devils hors d'atteinte.

S'il était difficile de juger de la prestation défensive de Fryers, joueur qui était sondé minutieusement par tout fan mancunien, son apport offensif fut très timide tout au long de la rencontre. S'il démontre pourtant d'intéressantes qualités techniques et une capacité certaine à se projeter vers l'avant, il ne semblait pas décider à abandonner son secteur de jeu, hésitant très souvent à venir prêter main forte à Diouf. Et le sénégalais ne l'incitait pas tellement à venir combiner, puisqu'il se montrait lui aussi particulièrement timoré, ne prenant aucune initiative et remisant la majorité du temps vers les milieux centraux. S'il est indéniablement un point de fixation intéressant, malgré son positionnement sur l'aile, en témoigne son rôle sur le premier et le troisième but, il n'a pas les capacités requises pour un milieu latéral. Originellement attaquant, le fait qu'il n'arrive pas à gagner du temps de jeu dans son poste de prédilection semble être le signe d'un avenir plus qu'incertain à United.

Arrivé à trente minutes du terme de la rencontre, Sir Alex en profitait pour mettre au repos Cleverley, dont le retour avait été une réussite. Impliqué dans le jeu de l'équipe, étant un point de passage impératif à la quasi-totalité de nos constructions, il a de nouveau montré toute la palette observée chez lui en début de saison. Son rôle dans l'avenir du club n'en devient donc que plus enthousiasmant au fil de ses performances, lui qui devrait pouvoir refouler les pelouses de Premier League en fin de semaine. Pour le remplacer, Pogba était placé dans l'axe, le jeune français ayant laissé une impression mitigée, bien que plutôt positive, lors de son entrée en jeu face à Leeds. Sa prestation hier soir fut beaucoup plus solide, très présent dans l'animation de l'entre-jeu, il se comportait en homme sûr, dégageant cette impression constante de sécurité dans ses prises et ses couvertures de balle. Son côté polyvalent ressortait sur chacune de ses interventions, lui qui jouit de qualités à la fois physiques et techniques. Accompagné au milieu par Morrison (ayant remplacé Diouf), les deux joueurs majeurs de le l'académie la saison dernière s'entendaient à merveille et régalaient le public mancunien.

Ce fut encore plus le cas de l'anglais, dont l'entrée dans le rectangle vert avait un parfum spécial. Lancé pour la première fois avec l'équipe professionnelle, ses premières foulées sous nos couleurs apparaissaient déjà comme très sereines, quelque chose d'unique se dégageant de son jeu. C'est lui qui se mit à animer nos offensives sur le dernier quart d'heure, cherchant à exploiter ses capacités de perforation pour faire à son tour la différence. Il n'en fut pas loin, arrêté de peu dans une action collective de grande classe par une sortie impeccable de Worner. Le keeper adverse se montrant également décisif sur un coup-franc rapproché de Berbatov, qu'il repoussa des gants, les poings fermes. C'était la dernière frappe cadrée pour nos mancuniens, qui n'avaient finalement pas su retrouver le chemin des filets lors des quarante dernières minutes.

Les hommes de Dean Haldsworth furent même ceux qui se montrèrent les plus dangereux dans les ultimes minutes du match, profitant de quelques erreurs de Michael Keane, entré lui aussi pour sa première titularisation sous la tunique rouge. Bien moins en forme que ses camarades, son intégration dans le back four fut difficile, et la tension qui ressortait de ses prises de balle était palpable. Cependant, aucune de ces actions n'étaient assez efficaces pour perturber la vigilance de Ben Amos, qui dut tout de même même s'employer pour détourner un coup-franc de Guttridge.

La toute dernière alerte du match était à mettre à l'actif de Valencia, qui eut l'occasion dans les derniers instants de la partie d'inscrire un doublé, mais sa frappe, en bout de course, fuyait le cadre pour laisser le match se conclure sur ce score de trois buts à zéro. Score qui se révélait conforme à l'écart perçu tout au long de la rencontre entre les deux équipes.

Bilan :

La victoire nous permet de nous hisser en 1/4 de finale de la Carling Cup, compétition où nous nous montrons particulièrement efficaces ces dernières années. L'aventure continue donc pour nos jeunes joueurs, qui pourront se permettre d'engranger encore plus d'expérience lors du prochain tour, dont notre adversaire sera connu le 29 octobre. Entre temps, il parait évident que les quelques cadres alignés hier soir ont fait leurs preuves, et il ne serait pas étonnant, dans une période aussi incertaine que celle que nous vivons actuellement, de les voir intégrer l'équipe lors des prochaines échéances en Premier League.

Si cette victoire n'a pas encore effacé tous les démons de dimanche dernier, nul doute que le fait de retrouver une compétition si enthousiasmante à suivre a fortement apaisé les esprits. Mais le vrai rendez-vous pour tourner définitivement la page reste le match de ce week-end à Goodison Park.

Les groupes :

Aldershot : Worner, Hylton, Rankine (Smith, 82'), Rodman (Bubb, 46'), Herd, Straker, Jones, Guttridge, McGlashan, Morris, Vincenti (Collins, 72').

United : Amos, Fabio, Jones, Vidic, Fryers (M.Keane, 70'), Cleverley (Pogba, 60'), Park, Valencia, Diouf (Morrison, 70'), Owen, Berbatov.

Les buteurs :

United : Berbatov (15'), Owen (41'), Valencia (48').

Les cartons :

Jaunes : Vidic (United, 9').

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