25 années, 1409 matchs. Voilà depuis combien de temps Sir Alex Ferguson s'assoit sur le banc de touche, avec toujours la même détermination visible dans le regard. Anobli par la reine, respecté par ses pairs, il est à la tête d'un empire auquel il a permis de retrouver toute sa superbe des années soixante.


Devenu légende pour un club qui lui doit énormément, il a traversé les époques avec cette réussite et cette envie qui lui correspondent à merveille. Pour la semaine de son anniversaire, c'est un dossier complet que nous lui consacrerons, pour revenir en détails sur les différentes périodes qui ont fait de lui l'entraîneur qu'il est actuellement.

Si nous sommes amenés à parler aujourd'hui de lui comme d'un monument du football, d'une icône de Manchester United, il y a bien eu une journée qui a tout changé, qui a écrit l'histoire d'un homme et d'un peuple. Plus qu'une journée, c'est sur toute la première semaine de novembre 1986 que la transition s'est effectuée, moment clé d'un avenir radieux pour l'institution.

1986 - L'arrivée au club d'Alex Ferguson :

A cette époque, Ferguson entraîne l'équipe d'Aberdeen, qui a réussi à contester l'hégémonie des deux clubs de Glasgow, et qui a remporté la Coupe d'Europe des vainqueurs de coupes face au Real Madrid en 1983. Supervisé depuis quelques temps par le président du club, Martin Edwards, il est aussi profondément apprécié et loué par Sir Bobby Charlton en personne, qui voit en lui un digne successeur de Matt Busby.

C'est le 4 novembre 1986 que tout s'emballe, après une nouvelle défaite des Red Devils sur la pelouse de Southampton en Coupe de la ligue, le destin de Ron Atkinson semble scellé. Entraîneur des mancuniens, il n'a vraisemblablement plus les épaules ni la motivation pour reconduire cette équipe vers des titres, la formation étant à la peine en championnat dans une position de relégable. Il avait d'ailleurs déjà exprimé son intention de quitter le club, et son départ n'est alors qu'une question de temps. Ce revers important pousse Martin Edwards à envisager d'ores et déjà un remplacement. Deux noms reviennent régulièrement parmi les potentiels candidats, Terry Venables, entraîneur de Barcelone, et bien entendu, Alex Ferguson.

L'écossais reste cependant la priorité et le 5 novembre, le conseil se veut unanime, toutes les attentes sont placées sur son recrutement. Michael Edelson passe alors un coup de fil à Aberdeen, simulant un accent écossais et se faisant passer pour le comptable de Gordon Strachan, afin d'entrer en contact avec Ferguson. Le téléphone change de main et c'est alors Martin Edwards qui est le premier à discuter avec le coach, révélant l'intérêt de United. Il se dévoile tout de suite attiré par le projet et semble disposé à écouter ce que les dirigeants mancuniens ont à lui proposer. C'est un soulagement du côté du board, puisqu'il avait auparavant refusé successivement des approches de trois autres clubs anglais, à savoir Wolverhampton, Tottenham, et Arsenal. Mais l'envie de relever un défi encore plus grand, dans un pays surexposé et avec un club historique, prend le dessus.

Il s'avère même prêt à rencontrer Edwards le soir même, en Écosse. C'est dans un parking de Glasgow que la rencontre s'opère, à 19h précise. Les hommes se rendent ensuite jusqu'au domicile de la demi-sœur de Ferguson et les vraies discussions démarrent alors. Mis au courant par Gordon Strachan (joueur écossais ayant évolué sous ses ordres à Aberdeen et qui a rejoint United en 1984) des problèmes d'alcoolisme qui rongent l'équipe, c'est la toute première chose dont il demande des détails à Edwards. Ce dernier ne peut nier ces soucis qui sévissent au club, et dont Ron Atkinson ne semble que peu se préoccuper. Appréciant la franchise du président, cela ne semble pas être un frein pour lui, qui est de toute évidence conscient du travail qu'il aura à réaliser pour remettre le club sur le droit chemin.

D'autres sujets se révèlent déjà plus tendus, avec des échanges aux allures d'obligations, desquelles Ferguson doit se contenter. La question du salaire est fâcheuse, puisqu'il sera moins bien payé qu'il pourrait l'être avec Aberdeen, et qu'il ne peut bénéficier de l'effacement de ses dettes auprès du club écossais. Pire encore, le budget des transferts qui lui sera accordé n'est que dérisoire, et il devra dans un premier temps faire avec l'effectif en place. En dépit de toutes ces déceptions, il n'est jamais question pour lui à un seul instant de reculer et de tourner le dos à Old Trafford, et la confiance que lui accordent Bobby Charlton et Martin Edwards le pousse à accepter de rejoindre le club.

Le lundi 6 novembre, le président et Maurice Watkins s'envolent pour Aberdeen où ils y rencontrent les dirigeants. Un accord qui s'élève à 60 000 livres est trouvé pour assurer la venue de Ferguson. L'annonce à la presse est enfin effectuée et Ron Atkinson est averti de son licenciement, qui n'est en rien une surprise. Les journaux se déchaînent alors, enthousiastes ou incrédules, confiants ou inquiets. L'arrivée de l'homme qui a révolutionné le football écossais fait couler beaucoup d'encre. Sera-t-il capable de gérer un effectif beaucoup plus capricieux que celui qu'il a connu à Aberdeen ? Réussira-t-il là où tant d'entraîneurs ont échoué avant lui ? Parviendra-t-il à faire du club la machine qu'elle était bien des années auparavant ? Ces interrogations peuvent sembler ridicules à l'heure où l'on écrit ces lignes, mais elles étaient tout à fait légitimes à l'époque. Une époque où United n'était plus que l'ombre de lui-même, composé de joueurs en déclin et avec un rythme de vie qui n'avait plus grand chose de professionnel.

L'homme plie alors bagages, les déposant dans cette ville du nord de l'Angleterre, Manchester, qui regarde jalousement Liverpool recevoir toutes les éloges footballistiques depuis deux décennies. Cette ville, il ne la quittera plus jamais, comme s'il y avait été destiné. Appréciant la fraîcheur et la tranquillité d'un lieu qui sonne pour lui comme une seconde terre natale. Certes parfois enflammée et pas si paisible que cela, mais c'est ce qui en fait la beauté.

Nous reviendrons dans les prochains jours sur les quatre grandes périodes qui ont marqué son passage en Angleterre, et qui l'ont vu accéder au statut de légende vivante.

Photo : Michael Edelson (gauche), Alex Ferguson (centre), et Martin Edwards (droite).


Article rédigé par Best_07.

Sur le forum