Rooney, joueur Manchester Devils de février

La régularité chez Wayne Rooney, c'est comme le coca que me doit Captain Britain : tout le monde en a entendu parler, mais en attendant, personne ne l'a vu (avouez, pour une phrase d'accroche, ça envoie du petit bois). Pourtant, il lui arrive de temps à autre de faire de bonnes prestations d'affilée, ce qui lui permet - ajoutez à une certaine non-objectivité du forum sur son cas - d'être élu joueur du mois. J'assume l'entière responsabilité de l'échec de mon argumentation sur vous, et c'est pourquoi je me retire définitivement du topic de notre numéro 10.


Partie 1 : "C'est Rooney, quand il est petit, il va à la photo de classe, et le prof lui dit "Hé, le chauve, souris" hahahahaha.

Wayne Rooney, le Golden Boy, le Pelé blanc (Je suis Claude Guéant et j'approuve ce surnom), le Benjamin Button des cheveux, Wazza, le tueur de pigeons, Shrek, le bison, et j'en passe et des pires, aussi souvent appelé depuis que Ronaldo est devenu l'un des meilleurs joueurs du monde ''Rooney-qui-lui-fait-du-pressing-et-des-transversales-de-75-mètres-alors-moi-je-préfère-le-collectif-au-jeu-individuel'' (CumCum copyright), est un joueur pour le moins atypique..

Il explose au monde un 19 octobre 2002, lorsqu'il marque son premier but d'une frappe dont il avait le secret (perdu depuis, tout comme son explosivité, sa fougue, son tale.. hum, je m'égare), le genre de but qu'affectionne tout particulièrement l'Angleterre et qui déclenchent à chaque fois chez les commentateurs les fameux ''Ho ! What a goal ? What a strike ? What a player ? C'est la What que je préfère''. Il n'a même pas alors 17 ans, toutes ses dents, déjà plus tous ses cheveux, et vient de se faire un nom sur la scène anglaise. Le jeune précoce est devenu subitement le génie en devenir, celui sur lequel Albion entière va poser son regard, ses espoirs, ses rêves de grandeur. Rooney à ses débuts, c'est un peu la caricature du joueur anglais, même les créateurs d'Olive et Tom n'avait pas fait de tels clichés : il est moche, il ne lâche jamais rien, il a une frappe de balle monstrueuse, et dégage une puissance rare.

A peine tape-t-il dans ses premiers ballons de Premier League qu'il tape à la porte de la sélection nationale, qui ne peut passer sous sa plus prometteuse pépite depuis des années. Il devient le plus jeune joueur appelé sous le maillot des Trois Lions, faisant tomber un à un les records de précocité et dix par dix les cheveux. Hélas, ce record perdra de sa valeur lorsqu'il sera battu par Theo Walco… par celui-dont-on-ne-peut-prononcer-le-niveau-de-médiocrité, sous les railleries des autres sélections nationales. Mais l'heure n'est pas encore à la totale déchéance pour l'Angleterre, et l'Euro 2004 fait exploser le Golden Boy au premier plan médiatique. Quatre buts, un investissement de tous les instants, une rage. L’Angleterre se trouve plus qu'un jeune prometteur, plus qu'un talent brut, elle se découvre une idole, un emblème. Il quitte la compétition comme il l'a commencée, précocement, par une blessure, ayant du mal à marcher, mais sa carrière, elle, vient de prendre définitivement son envol.

Partie 2 : ''Tu seras un Diable rouge mon fils. Surcoté, certes, mais un Diable rouge quand même.''

Après une bataille économique avec Newcastle, Manchester United décroche le gros (lot) cet été 2004, dans le but de dégager l'horizon du club, qui s'obscurcit avec la montée en toute puissance de Chelsea, et le ciel d'Old Trafford des pigeons et autres oiseaux. Avec Ronaldo déjà dans l'effectif, les Red Devils comptent les deux superstars de l'Euro dans leurs rangs. Demain leur appartient, et ils ne manqueront pas cette opportunité.

Mais revenons-en à nos moutons et à notre ogre, son premier match sous nos couleurs est pas trop mal… enfin plutôt bien même… bon d'accord Cumcum, je l’admets, son premier match est exceptionnel. Un triplé en ligue des champions pour son début dans la compétition, take that Messi ! Le reste de ses deux premières saisons dans le meilleur club du monde (oui, oui, je parle bien de nous, pas de Bilbao), promettent le meilleur au jeune rouquin, qui confirme les milles et unes attentes placées en lui. Rarement si jeune joueur aura eu tant d'influence sur le jeu et les matchs de United, et il régale Old trafford dans son placement derrière Ruud, marquant lob cantonesque et tir du tigre que Landers ne renierait pas [Non, on ne m'a pas soudoyé avec un coca cola pour dire ça]. Pendant ce temps, Ronaldo continue à se dribbler lui-même, et du jeune duo le plus prometteur du football moderne, Rooney surnage, enchaînant bonnes prestations, buts et titre honorifique de meilleur jeune joueur de Premier League. Qui aurait pu se douter que moins d'un an plus tard, la roue (ney hahahaha =>...) aurait à ce point tourné ?

Partie 3 : ''Kikou, je m'appelle Ronaldo, je suis plus beau que toi, plus populaire, et je suis meilleur au foot. Donc si tu pouvais tacler les adversaires pour m'éviter de le faire, tu serais sympa le chauve.''

L'un des matchs dont on sous-estime toujours l'importance dans la carrière de Rooney, c'est ce fameux quart de finale de Coupe du monde 2006. Retrouvailles entre portugais et anglais qui ne restera pas un souvenir enthousiaste de cette compétition. Un triste 0-0 après prolongations, et une séance de tirs aux buts qui démontrera que les joueurs des Trois lions sont plus doués pour tirer les femmes de leurs coéquipiers que les penaltys. Ce qui restera l’événement de ce match, c'est le carton rouge reçu par Wazza pour un geste d'humeur sur Carvalho, et surtout l'altercation avec Ronaldo, son coéquipier en club (oui, oui, je suis sûr que vous ne saviez pas que Ronaldo jouait pour Manchester voilà pourquoi je précise.).

Les fans anglais, toujours plein de justesse analytique et de recul, prennent Ronaldo pour responsable de l'échec de leur nation dans cette Coupe du monde, ne comprenant pas comment on peut préférer son pays à son club. Le résultat de cette haine est bien connue, et nous a offert pléiade de titres majeurs : jeter un diable rouge dans les flammes, et il ne fera qu'être dans son élément. Ronaldo, ce joueur qui ne servait qu'à obtenir des coups-franc par ses plongeons, qui se dribblait, qui n'avait ni sens du but ni vision du jeu, va se transfigurer, se surpasser, et en quelques mois, passer de cas désespéré à meilleur joueur du monde. Il s'envole sur son aile, sous les sifflets du public, sous les quolibets de la foule, sous la haine d'un peuple. Lorsqu'il dribble sur le terrain, ce n'est pas seulement son adversaire direct qu'il laisse sur les fesses, c'est tout un stade, tout un pays.

L'Angleterre emmerde Ronaldo, mais il lui rend bien, ailier volant, sérial buteur, ballon d'or, il n'a rien épargné au pays qui le méprisait tant, fermant plus de clapets qu'il n'aura ouvert d'espaces dans les défenses. Rooney dans tout ça ? Sur le reculoir, dans un autre rôle, bien moins mit en avant. Fini les lobs, les frappes de mules, la gloire, ce rôle est dévolu au portugais, meilleur, plus régulier, plus tueur (non, CumCum, ne t'ouvres pas les veines). Peu à peu, Rooney devient le couteau-suisse de cette équipe, s'occupant du sale boulot pour mieux faire briller son coéquipier latin, devenant le porteur d'eau d'une attaque de feu. Oh bien sûr, il connaîtra ses moments de gloire, ce match d'anthologie face à Milan pour ne citer que lui, mais les projecteurs ont changé de cible. Sois utile et tais-toi !

Partie 4 : ''Je ne me bats pas contre une équipe en particulier, je me bats pour détroncher les pigeons''.

Ronaldo s'en alla pourtant en 2009 pour le Real et pour me permettre d'écrire une chronique sur Valencia, laissant le rôle de top-player et star de l'équipe vacant. Rooney reprit donc enfin cette place, qui lui était depuis si longtemps promise. Enfin l'ancien enfant de la mersey régnait seul sur le trône de United, accomplissant les espoirs et la prophétie de tout un pays n'attendant que cela. La question restait tout de même sur toutes les lèvres : en était-il capable ? Ses épaules étaient-elles assez larges pour devenir le meilleur joueur d'un des meilleurs clubs mondiaux ? Rooney était promis à la lumière, mais l'ombre de Ronaldo ne flotterait pas toujours au dessus de lui ? Vais-je poser une énième question rhétorique ?

Il s’accommoda rapidement de son nouveau statut, tout en s'adaptant aux besoins de l'équipe. En saison 2010, les Reds Devils n’avaient pas de buteur ? Rooney devint neuf ! Le début de la saison précédente était las et fade ? Soit, Rooney va coucher avec une prostituée (''Je suis DSK et j'approuve cette action'') et prétendre vouloir se barrer à City. La fin de saison est compromise ? Le numéro dix enchaîne les prestations de haut vols et régale en Ligue des champions comme en championnat. Au service de l'équipe, dans une équipe façonnée pour lui, il gagne le titre de meilleur joueur de la Premier league, ses premiers titres après l'émancipation de Ronaldo, et son ascension irrésistible parmi le classement officieux des meilleurs joueurs du monde. Il aura réussi à atteindre cette marche, même si celle le séparant des deux mastodontes espagnols semblent encore trop haute pour lui. Mais au rythme où ce joueur se métamorphose et évolue, qui sait jusqu'où pourra-t-il grimper ? Qui sait un jour, il sera peut-être enfin... non, je déconne hein, jamais il ne vaudra un Messi ou un Ronaldo, je veux bien vendre du rêve dans mes chroniques, mais pas trop d'utopies.

Partie 5 : MaihalorkicéRooney ?

Souvent présenté comme le troisième meilleur joueur au monde, après les deux meilleurs buteurs de la Liga, Rooney est un joueur polymorphe, capable d'évoluer à peu près à chaque poste offensif, où Sir Alex n'a d'ailleurs pas hésité à le déplacer selon les besoins et les manques de son équipe, aussi caméléon que son joueur phare. Son plus gros défaut reste son irrégularité chronique. S'il est capable de livrer des prestations de très haut vol, que ne renieraient ni le portugais ni l'argentin, il lui arrive trop souvent des traversées du désert, où son niveau est indigne du joueur qu'il peut prétendre être. Changera-t-il avec le temps, sera-t-il un jour capable de livrer une année au sommet ? Difficile à dire, tout autant à croire, tant son physique et son mental semble fragile.

Pour autant, tout n'est pas à jeter chez l'anglais, loin de là, à commencer par son rôle fondamental dans l'équipe. Aujourd'hui, le boss c'est lui, et à l'orée d'une nouvelle génération, d'un nouveau cycle, il est celui qui doit les mener là où les Ferdinand et Giggs l'auront mené lui. A présent, le boss c'est Rooney. Il représente le passé glorieux, le présent mi-figue mi-raisin, et l'avenir prometteur. Sur le terrain, sa polyvalence n'a été rarement aussi utile qu'actuellement, dans une équipe en pleine reconstruction, où Rooney peut jouer les pompiers de service, même si être bon un peu partout l'aura finalement desservi. Dans la quête d'être le meilleur quelque part, cette incapacité à se stabiliser dans un poste fixe est cependant à nuancer tant il n'est jamais meilleur que dans le rôle d'électron libre, dézonant à souhait pour apporter surnombre et bien sûr ses fameuses et légendaires transversales.

Le voilà destiné à devenir le leader de la nouvelle génération, l'une des plus prometteuses qu'a connu le club, glané titres collectif et individuels, et devenir la légende Mancunienne à laquelle il est promis depuis ses débuts à la maison rouge. Buteur, passeur (demandez à CumCum pour les statistiques précises), joueur d'exception, il restera l'un des hommes forts de deux décennies s'il continue sur la voie qui lui semble tracée. De son premier but face à Arsenal jusqu'à son pénalty contre Bilbao, il en a passé des matchs, des prestations de haut vol, des matchs bidons, des mouchoirs utilisés par CumCum et des cadavres de pigeons sur la pelouse, mais le meilleur lui semble encore destiné. Alors même si je ne l'apprécie pas trop, puisse-t-il rester encore longtemps dans notre club, car si on veut redevenir la terreur européenne qu'on fut dans un temps semblant si loin, pourtant si proche, ça passera par lui. Rooney, le passé prometteur devenu promesse d'avenir (oui, je sais, je réussis mieux les jeux de mots que lui les frappes hors de la surface.). Mène-nous vers le succès et je t'aimerais bien ptiot.

Bref, vous l'avez compris, évitez d'élire Rooney la prochaine fois =)



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