Retour sur une des plus belles carrières de l\'histoire de Manchester United.


Le dernier but d’Ole Gunnar Solskjaer aura été le but du 4-1 contre Blackburn en mars dernier, évidemment un match où il était entré en cours de jeu et où il a marqué dans le temps additionnel. Comme un symbole de la carrière du Norvégien.

D’ailleurs 11 ans avant, il avait marqué son premier but de la même manière et contre la même équipe. En remplaçant David May à l’heure de jeu, le parfait inconnu venu du froid, âgé de 23 ans, marquait 8 minutes après son entrée et permettait à United d’égaliser à 2-2 contre ce même Blackburn.

Une légende était née.

L’arrivée de Solskjaer à Manchester à l’été 1996 n’avait pas fait de bruit, mais 3 ans après dans la douce nuit barcelonaise, il entrait dans le panthéon de United d’un coup de tibia au bout du suspense.

Cette mémorable finale de Champions League de 1999, une des plus belles de l’histoire de la compétition, est évidemment le plus beau moment de la carrière de cet attaquant et résume bien toute sa détermination, son opportunisme et son réalisme.

C’était ce joueur qui à 21 ans avait refusé de quitter son club de Molde pour rejoindre le club parce qu’il pensait qu’il n’était pas encore prêt pour une telle étape.

C’était ce joueur qui a signé à United sans rechigner malgré le fait de n’être que le second choix après que United n’ait pu recruter Alan Shearer cet été là.

C’était ce joueur qui, quand United avait accepté de le vendre à Tottenham pour 8M€, avait refusé de partir en disant que son travail à Old Trafford n’était pas terminé et qu’il était prêt à se battre pour sa place.

C’était ce joueur qui n’a jamais rechigné à s’asseoir sur le banc et qui ne s’est jamais plaint de ne pas être un titulaire indiscutable et entrait sur le terrain avec un sourire radieux pour prendre ses responsabilités et être décisif à chaque fois pour le club. Un joueur qui, malgré son statut de remplaçant, était en fait un vrai pilier du club.

Cette résolution et cette conviction lui ont permis de passer outre la déception de ne pas débuter cette finale contre le Bayern Munich et d’entrer en jeu en y croyant jusqu’au bout et en ne lachant rien, permettant à cette nuit de devenir un moment mythique de l’histoire de Manchester United.

Et c’est la même force de caractère qu’il a montré lors de son courageux combat pour revenir après une sale blessure au genou contractée en août 2003 contre Wolverampton, 4 ans jour pour jour avant aujourd’hui, jour où il annonce sa décision de prendre sa retraite.

Malheureusement c’était un combat qu’il n’avait plus la force de soutenir. Après être revenu une première fois, il s’était blessé au bout de quelques minutes de jeu en finale de FA Cup contre Milwall en 2004, puis il était resté hors des terrains deux saisons.

On le donnait alors pour mort pour le foot vu la gravité de sa blessure et son âge, mais il revenait au début de la saison dernière et marquait dès son premier match contre Charlton. Il a marqué 10 buts de plus qui ont permis à United d’être champion et d’atteindre la finale de FA Cup et la demie finale de Ligue des Champions. Son dernier match était en finale de FA Cup contre Chelsea où il est entré dans les prolongations.

Sa plus belle saison à titre personnel restera la saison 2001-2002 où il avait réussi à marquer 25 buts toutes compétitions confondues en 47 matchs, dont 30 en tant que titulaire.

On notera qu’au cours de sa carrière, il a réussi deux quadruplés, notamment un en 12 minutes lors d’une victoire 8-1 à Nottingham Forest, match où il était remplaçant. L’autre a été marqué à domicile contre Everton.

« On m’a souvent demandé quel était le plus beau moment de ma carrière. Je dois dire que c’était mon premier but marqué pour mon premier match, me retourner et voir qu’Eric Cantona était le premier à courir vers moi pour me féliciter, ça m’a fait réaliser que j’étais à Old Trafford maintenant. »

Ses 3 premières saisons en avaient fait un des chouchous du public mancunien, mais en mettant la balle sous la barre d’Oliver Kahn un soir de mai 1999, il a gagné sa place parmi les Edwards, Best, Law, Charlton, Robson et Cantona.

On ne fait plus des attaquants comme Ole Gunnar Solskjaer. Il n\'y a maintenant que des attaquants qui veulent jouer le plus possible, qui ne veulent que marquer des buts pour faire parler d\'eux et qui ont des égos surdimensionnés.

Dans un monde où les attaquants ne pensent qu’aux récompenses individuelles, Ole Gunnar Solskjaer était un exemple et une rareté à la fois. Un joueur qui mettait sa loyauté envers Manchester United au dessus de sa fortune personnelle et qui ne pensait qu’à faire passer le collectif en premier, devant ses propres intérêts personnels, ce qui était peut être sa principale qualité. Avec sa joie de vivre et sa gentillesse qui en faisaient une personne adorable et adorée.

Quand on voyait Solskjaer embrasser l’écusson, avec ses 126 buts marqués en 366 matchs (un but tous les trois matchs), on voyait facilement les sentiments qui emplissaient son cœur et que ce geste n’était pas dénué de sens comme il l’est pour beaucoup de joueurs maintenant.

Cette loyauté était flagrante dans le sourire innocent et radieux qui illuminait en permanence ce beau visage enfantin. Ce sourire qu’on a pu voir aussi ce soir de mai 1999 sur les visages des légendes du club Sir Bobby Charlton, Tony Dunne, Alex Stepney et Nobby Stiles, tous dans les tribunes avec les larmes aux yeux d’émotion.

La vérité est qu’un Solskjaer en pleine forme était tout simplement l’arme fatale de Ferguson. Il savait qu’il pouvait lui faire pleinement confiance et le lancer en cours de match pour retourner ou débloquer des situations.

Et le plus triste est que Solskjaer se retire au moment où Ferguson en avait peut-être le plus besoin vu la crise qui frappe actuellement l’attaque des Red Devils. Les gros trophées du football se gagnent avec des équipes qui ont un banc profond avec des joueurs capables de faire la différence. Mais Ferguson le sait bien, il n’y a pas de remplaçant pour le remplaçant Solskjaer.

Mais nul doute qu’on entendra encore très longtemps résonner dans les travées d’Old Trafford les « Oleeeee, Ole Ole Oleeeee » ou les « You are my Solskjaer, my Ole Solskjaer… »


Son palmarès :
Championnat d’Angleterre (6): 1996/97, 1998/99, 1999/00, 2000/01, 2002/03, 2006/07
Coupe d’Angleterre (2): 1999, 2004
UEFA Champions League (1): 1999
Coupe Intercontinentale (1): 1999
Community Shield (2): 1996, 2003
366 matchs (dont 150 comme remplaçant), 126 buts marqués.

Le détail de ses saisons :
1996-1997 : 46 matchs, 19 buts
1997-1998 : 30 matchs, 9 buts
1998-1999 : 37 matchs, 18 buts
1999-2000 : 46 matchs, 15 buts
2000-2001 : 47 matchs, 13 buts
2001-2003 : 47 matchs, 25 buts
2002-2003 : 57 matchs, 15 buts
2003-2004 : 19 matchs, 1 but
2004-2005 : 0 match
2005-2006 : 5 matchs, 0 but
2006-2007 : 32 matchs, 11 buts

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