Carrick fait parler l'expérience

Quand on a glissé à Michael Carrick qu'il faisait partie - du haut de ses 33 ans - des membres les plus âgés de l'effectif, la semaine dernière, il a rétorqué : "Non, je suis LE plus âgé !" Le temps qui passe a été l'un des sujets récurrents de notre entretien au Complexe d'entraînement Aon, le milieu de Manchester United ayant avoué avoir beaucoup réfléchi à son avenir lorsqu'il était absent pour cause de blessure. Ce joueur majestueux semble s'éloigner tranquillement de ses 30 ans sans jamais baisser de pied, la régularité étant l'une de ses qualités premières.

Si les projecteurs ont souvent été braqués sur ses glorieux aînés Paul Scholes et Ryan Giggs, leur retraite a mis en évidence le fait que Carrick est l'un des derniers monuments à la disposition de Louis van Gaal ; son excellente entrée en jeu à Manchester City et sa titularisation contre Crystal Palace ont montré au Néerlandais tout ce qu'il pouvait apporter.

Serein et influent dans l'entrejeu, Carrick stabilise l'équipe, sa confiance et son autorité en faisant une plaque tournante, sans parler de ses interceptions et autres tacles cruciaux. Son retour parfait devant Fraizer Campbell lui a valu une ovation d'Old Trafford, samedi, alors qu'un duel aérien gagné dans les ultimes instants a été une véritable bouffée d'oxygène pour l'équipe.

Pour son retour à l'occasion du derby, Carrick s'est retrouvé sur le terrain avec cinq coéquipiers qu'il n'avait jamais côtoyés, mais ne s'en est pas laissé compter. "Ça s'est bien passé, en fin de compte", insiste-t-il. "Je commence à connaître les recrues, vu que je m'entraîne avec le groupe depuis quatre ou cinq semaines. C'était évidemment différent. Il y a des petites choses et des détails à régler dans notre jeu. Ne pas participer à la pré-saison et aux premiers matches de la saison m'a fait manquer ces mises au point. Mais je crois que j'ai rattrapé mon retard et je ne pense pas être complètement largué."

D'ailleurs, il ne s'agissait pas de sa première sortie de la saison puisqu'il a affronté West Ham avec les M21. Le fait de croiser son club formateur n'a fait qu'accentuer le gouffre qui le sépare de ses débuts avec les Londoniens. "Ça me fait peur quand je réalise que j'ai quitté ce club depuis tant d'années", sourit-il. "Le temps passe trop vite !"

Sans surprise, vu son statut au club, il s'est attiré les louanges de Warren Joyce pour son implication, sur le terrain comme en dehors. "Il était au-dessus, que ce soit comme joueur ou comme homme", souligne Joyce. "Il a joué le jeu et est resté très pro, que ce soit à l'hôtel, lors de la préparation du match ou pendant le match. C'est super de profiter du professionnalisme de ces joueurs matures, qui sont de grands internationaux. Ça nous aide à être plus exigeants avec nos jeunes joueurs, ils peuvent voir en vrai ce qu'est un homme et un joueur de Manchester United."

Le milieu n'a disputé qu'une grosse heure de jeu, faisant parler sa classe comme le week-end dernier, avec l'équipe première face à Palace. "Près de cinq mois s'étaient écoulés depuis mon dernier match en fin de saison dernière", souligne-t-il. "C'est long - surtout quand on prend de l'âge. C'est dur de rester sur le flanc aussi longtemps, alors ça m'a fait du bien de reprendre avec les jeunes. C'est un super groupe, ils ne trichent pas et ont un bon état d'esprit. J'espère qu'ils vont apprendre des joueurs plus expérimentés ; c'est comme ça que ça s'est passé pour moi quand j'étais jeune et ça m'a fait plaisir de leur filer un coup de main."

Sa bienveillance envers les M21 fait forcément naître des questions quant à l'avenir de l'international anglais : se tournera-t-il vers le coaching le jour où il raccrochera les crampons ? "Je passe mes diplômes d'entraîneur, c'est vrai", révèle-t-il. "Je ne sais pas s'ils me seront utiles ou pas, ça dépendra des opportunités qui se présenteront. Je les passe en ce moment, ça me montre une autre facette du jeu. Comme je l'ai dit, quand j'étais jeune, j'observais beaucoup les joueurs plus âgés, je leur demandais des conseils ou je les regardais pour comprendre comment ils préparaient les entraînements et les matches. Aujourd'hui que je fais partie des plus vieux, c'est à mon tour de donner l'exemple et d'aider les jeunes pour, pourquoi pas, leur mettre le pied à l'étrier."

Cette capacité à transmettre sa vaste expérience peut sembler innée chez Carrick, mais lui-même peut-il encore apprendre d'un nouveau manager à ce stade de sa carrière ? Louis van Gaal a la réputation de faire progresser les joueurs à tout âge et, lors de sa présentation à Old Trafford, cet été, il semblait clairement regretter que le vétéran soit obligé de subir une opération de la cheville le jour même.

"Il a été adorable avec moi", certifie le milieu. "Il venait tout juste d'arriver quand je me suis blessé et je me suis fait opérer le jour de sa conférence de presse. Ce n'était pas idéal comme départ, mais c'est tombé comme ça. Il fallait faire avec. Moi, j'essayais d'avoir des pensées positives et il a été très sympa avec moi, comme tout le staff. Ils m'ont beaucoup encouragé et, aujourd'hui, je suis de retour."

"Bien entendu qu'il peut m'apprendre des choses. Je crois qu'on n'arrête jamais d'apprendre. Il est évident qu'il arrive avec ses idées, vu qu'il a dirigé les plus grands clubs en Europe et gagné tous les titres possibles. Pour moi, c'est génial de découvrir autre chose ! J'apprends chaque jour et je vois d'autres choses. C'est vrai, les résultats et le classement ne sont pas fantastiques, mais on ressent des ondes vraiment positives, on sent qu'on n'est plus très loin d'arriver là où on veut être."

Une fois revenu de sélection, Carrick compte bien y parvenir - et van Gaal sait qu'il pourra compter sur un joueur aussi frais que volontaire au moment d'aborder la période des fêtes, traditionnellement très chargée. Le temps semble ne pas avoir d'emprise sur l'influent milieu, toujours aussi indispensable pour organiser l'entrejeu de son équipe.

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