Rooney capitaine : le Bon, la Brute et le Truand

On y est, c'est officiel. Shrek prend le brassard après les départs de Vidic et Evra, et la retraite de Ryan Giggs. Après un été tumultueux sur le sujet, on a même cru que Chris Smalling allait devenir le taulier. Déconnez-pas, les gars. Alors que Fletcher semblait un choix logique, Rooney boudé, Smalling et Cleverley ont choqué plus d'un fan. Mais voila, Loulou Van Gaal a tranché, à la fin du dernier match amical, pour le retour de l'équipe à Old Trafford et une fin de match qui aura vu Fellaini braquer le match dans le Fergie Time. Alors, Rooney, choix par défaut ou choix intelligent ?


Le Bon d'abord. Il l'a montré, le bourrin (parfois bourré ?), sait courir 50 mètres en défense pour récupérer un ballon qu'il a perdu lui-même, jamais avide d'un tacle par derrière en insultant l'arbitre venu lui mettre une biscotte. Wayne, c'est l'histoire d'un mec avec un coeur gros comme ça (les mains sont bien écartées), et une tête petite comme ça (les mains sont proches l'une de l'autre). Rien de méchant contre lui, mais il n'a simplement pas le cerveau d'un Scholes ou le génie d'un Best. Mais sa volonté de bien faire frôle celle de Keane et sa capacité d'adaptation à un schéma tactique en cours de match reste un atout majeur dans un collectif. Attiré par le but, il est à ce jour une référence dans la combinaison décrochage - jeu court - jeu long - insultage d'arbitres - taclage douteux dans le football moderne. Ses pétages de plomb sont plus rares, l'homme est (enfin) adulte et il a atteint l'âge de maturité. Plus de 10 ans passés sur les prés de sa Majesté et en Europe, à racler les pelouses et transpirer dans ses sous-maillots colorés. Plaisir des yeux. Il a tout pour servir d'exemple pour les jeunes, il a grandi avec la génération la plus 'âgée' du club : Carrick - Fletcher. Les anciens sont partis, le patron c'est lui.

La Brute, ensuite. Même si il s'est calmé, ses rapports conflictuels avec la gente arbitrale et ses sautes d'humeurs dans les moments importants (la musique de Champions League lui fait trop d'effet ???), son engagement est parfois un peu trop poussé et une certaine perte d'efficacité se fait sentir, sa concentration part en sucette et l'homme n'est plus du tout serein. A vouloir être partout on finit par être nulle part. La saison dernière, il se marchait dessus régulièrement avec son compère d'attaque, et parfois même avec les ailiers. Triste quand on se dit qu'il est le plus souvent aligné en pointe et que quand RVP n'est pas la, c'est lui le 9, Chicharito se faisant un Pierre - Papier - Ciseaux avec Kagawa sur le banc et Welbeck dézonant autant que Benzema à ses plus belles heures. C'est très certainement ça qui fait qu'il n'aura jamais le Ballon d'Or, car au fond son poste c'est quoi ? Son style ? On ne sait pas, on ne sait plus. Le stéréotype du bulldog qui lui a collé à la peau pendant tant d'années a du mal à partir.

Le Truand, enfin. Ses demandes de transfert vers les ennemis jurés, ses crises de nerf pour avoir le plus gros salaire de Premier League, son comportement douteux notamment à certains moments de la saison. Choquant, irritant, énervant, et relativement cyclique. Tous les deux ans on sait qu'il va tirer la gueule, ne plus courir, annoncer qu'il part du club, se faire doubler son salaire, signer une extension de contrat, apparaitre sur MUTV en polo blanc, la mine basse et le sourire coincé, comme un Témoin de Jehovah tapant à votre porte un dimanche matin. Au cours de l'été, il a été capitaine du premier et du dernier match de préparation, mais n'a montré aucun signe de nervosité ni aucune déclaration foireuse, étant parmi les meilleurs mancuniens du MUFC Summer Tour, alliant efficacité et organisation. Le Manager aurait-il su calmer la Bête ?

Aimé par certains, respecté par d'autres, raillé par quelques bougres frustrés, Rooney tient son brassard et il sera dur de lui enlever, même si Van Gaal a le caractère pour tout changer en cours de route et renverser la situation. Son niveau de crédibilité en est relativement fragilisé, mais nul doute que le renouvellement de génération fera en sorte que l'équipe n'en tienne pas compte dans sa façon de voir son capitaine. Shrek devient le patron d'un club qui doute, en pleine révolution sur le terrain et dans le vestiaire, il va falloir se fixer un cap et s'y tenir, pas sur que son QI ne le permette, mais son coeur en sera plus que capable. Après tout, United, c'est surtout ça. Win, lose or draw, United till we die. Oh Captain, My captain...

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